Une émotion inédite pour Márquez : “Je pleurais déjà dans le dernier tour”

Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com

Marc Márquez a souvent donné l’impression d’être une machine dans la première partie de sa carrière. L’Espagnol était plus qu’habitué aux succès, lui qui a décroché six titres en sept saisons en MotoGP, après avoir déjà été sacré en 125cc et Moto2. Avec un tel palmarès, le neuvième titre mondial remporté ce dimanche aurait pu passer pour une formalité, surtout après une saison dominée de la tête et des épaules, mais il a une saveur très particulière pour Marc Márquez, six ans après le dernier – un délai entre deux couronnements qu’aucun pilote n’avait connu en MotoGP.

Plus que l’attente, c’est naturellement tout ce qu’il a vécu durant ces six années qui a autant ému l’Espagnol. Entre sa blessure, les complications, les opérations, les difficultés de Honda et les doutes sur son niveau, il est passé par différentes périodes de remise en question avant de renaître chez Gresini en 2024 et de retrouver durablement le sommet dans l’équipe Ducati officielle cette année.

Une fois la ligne d’arrivée franchie à Motegi, on a vu Márquez en larmes sous son casque, mais il a été saisi par l’émotion avant même d’apercevoir le drapeau à damier. “Je préfère être en contrôle mais c’était difficile”, a confié celui qui est désormais septuple champion du MotoGP en conférence de presse. “Je pleurais déjà sous mon casque dans le dernier secteur. Entre mes larmes et la fumée de la moto de Pecco [Bagnaia], je me demandais où j’étais ! La fête a déjà commencé ou quoi ?! [rires] Blagues à part, même avant la course c’était difficile à contrôler.”

 

Marc Márquez a commencé à prendre conscience de ce qui l’attendait pendant la nouvelle cérémonie de l’hymne national, instaurée depuis Misano. Mais dès jeudi, il reconnaissait que ce sacre aurait une valeur à part, et samedi, il expliquait qu’il n’accordait pas suffisamment de valeur à ses titres avant sa période de disette. Il savait donc qu’il passerait par des émotions particulières avant le départ ce dimanche.

“Je m’y attendais. J’ai essayé de me contrôler mais je m’y attendais parce qu’avant même la course, j’avais du mal à respirer. Vous savez, comme quand vous pleurez et que vous avez du mal à respirer. Je ne pleurais pas, mais il m’était impossible de bien respirer. J’ai essayé, mais quand ça a commencé, je me suis dit que j’allais aller au bout ! Je n’ai pas encore fini [de pleurer], maintenant on va faire la fête au box.”

Marc Marquez, Ducati Team

Marc Márquez

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Même s’il l’avait anticipée, cette émotion est nouvelle pour Márquez, mais surtout bienvenue après plusieurs années difficiles : “J’ai des sensations très étranges. Je savoure et en même temps, je ne savoure pas. Je me sens en paix avec moi-même.”

Il y a six ans, je ne savais pas ce que souffrir voulait dire. Je n’avais connu que la gloire.

Márquez a été transformé par les épreuves, qui ont donné un sens différent à la performance réalisée cette année : “C’est juste qu’il y a six ans, je ne savais pas ce que souffrir voulait dire. Je n’avais connu que la gloire tout au long de ma carrière, depuis 2010. C’est vrai que j’avais connu des blessures, mais ça durait toujours trois ou quatre mois, ça passait et je gagnais à nouveau. Or, pendant quatre ans j’ai eu quatre opérations, puis au cours de ce processus je me suis encore cassé un os et j’ai eu deux épisodes de diplopie. Ça a été super dur.”

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“Aujourd’hui je n’ai pas pu contrôler mes émotions, je pleurais même dans le dernier tour et j’avais du mal à voir les points de freinage. On est humains, je suis comme vous. Vous avez certains talents, moi j’en ai d’autres, mais on est tous humains et on essaye tous de faire de notre mieux.”

Marc Marquez, Ducati Team

Marc Márquez

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Tout au long du week-end, Marc Márquez a reconnu être dans une situation “défensive” qui l’a empêché d’être totalement relâché sur sa moto. Il l’a encore senti dans une épreuve rendue difficile par un dépassement à accomplir sur Pedro Acosta et certains doutes derrière la Ducati fumante de Pecco Bagnaia.

“On a pu voir que dans la première partie de la course, j’étais plus rigide que d’habitude pour dépasser Acosta. Au début, j’ai essayé, puis j’ai décidé d’attendre, je savais que mon rythme serait bon quand les pneus se seraient dégradés. Et une fois que j’ai été deuxième, j’ai contrôlé un peu l’écart entre Pecco, moi et Joan [Mir]. Puis Joan s’est mis à pousser alors j’ai poussé aussi, je voulais finir deuxième.”

“Mais ensuite j’ai vu de la fumée en provenance de la moto de Pecco, et j’ai eu peur parce que le premier pilote derrière Pecco c’était moi, donc si quelqu’un devait tomber c’était moi. Heureusement, pour moi, pour Pecco et tout le monde, il ne s’est rien passé.”

 

Marc Márquez a une nouvelle fois fondu en larmes au moment où il été interrogé par DAZN sur sa relation avec son grand-père, à qui il avait promis que l’aventure avec Ducati serait sa dernière tentative. “Je suis sûr que mon grand-père nous regarde de là-haut”, a-t-il déclaré au diffuseur du MotoGP en Espagne. “Tous les grands-pères sont là-haut, mais lui, il a vécu cela de près. Il m’avait dit ‘ça suffit’, et je lui avais répondu que c’était la dernière fois, que c’était ma dernière chance d’essayer’.”

Avec Léna Buffa et Germán Garcia Casanova

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Marc Márquez

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Lire l'article complet - Auteur de l'article : Vincent Lalanne-Sicaud
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