Depuis son arrivée chez Yamaha la saison passée, Álex Rins a souvent été distancé par Fabio Quartararo. Alors que le Français a décroché quatre poles et bataille souvent pour des places dans le top 10 cette saison, Rins n’a atteint la Q2 que trois fois, il a inscrit moins de la moitié des points de son coéquipier, il est également devancé par Jack Miller et n’a vu l’arrivée dans les dix premiers qu’une seule fois le dimanche, au Sachsenring.
Ce meilleur résultat de la saison n’a pourtant rien de réjouissant puisqu’il est plus le fruit des nombreuses chutes que d’une performance éclatante de Rins, qui n’avait jamais autant souffert qu’en Allemagne. Pendant que Quartararo se disait limité par la Yamaha mais prenait la troisième place du sprint et la quatrième de la course principale, l’Espagnol était nettement plus à la peine, et surtout très loin de tous ses rivaux.
Rins a vu l’arrivée des 15 tours du sprint en 15e position, un peu plus de 19 secondes après Quartararo, sur piste humide. Le lendemain, l’écart dépassait les 20 secondes dans des conditions pourtant très différentes, alors qu’il prenait la dixième et dernière place. De quoi pousser le sextuple vainqueur de Grands Prix à tirer la sonnette d’alarme car selon lui, ces performances sont tout bonnement anormales, et surtout inexplicables.
“Ce n’était pas un week-end normal pour nous”, a souligné Rins. “On a eu beaucoup, beaucoup de mal. Je peux dire que ça a été l’un de mes week-ends les plus durs en MotoGP en termes de performances, [pire] même [que] quand j’étais débutant ou que je revenais de blessure. Ce Grand Prix a été super dur. On a eu exactement le même problème que vendredi et que samedi sur piste humide.”
Dimanche, Rins a pu faire illusion en tout début d’épreuve avant de voir le reste du plateau s’échapper et le contraindre à une course en solitaire, conclue loin, très loin, de son premier rival : “Je ne pouvais pas être plus rapide dans mon pilotage. J’ai fini dernier, à 14 secondes de l’avant-dernier.”
“Dans les trois premiers tours, j’étais derrière les deux Aprilia de Raúl [Fernández] et Ai Ogura, et je pouvais plus ou moins me défendre en pneus neufs. Mais avec l’usure des pneus, ils ont commencé à être plus rapides et je me sentais inutile sur la moto, je sentais que je ne pouvais rien faire. Je n’avais pas de vitesse en milieu de courbe et je ne pouvais pas accélérer. Peu importe ce que j’essayais, rien ne fonctionnait.”
Álex Rins
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
“C’est difficile à comprendre parce qu’avec la même moto, mes coéquipiers, y compris [Miguel] Oliveira et Miller, m’ont mis une seconde au tour en moyenne”, a ajouté Rins. “Ce n’est pas normal, c’est difficile à comprendre. Je ne peux rien dire parce que je ne pouvais pas être plus rapide, la moto ne me permettait pas d’être plus rapide.”
“On a eu une longue réunion pour comprendre pourquoi, pour comprendre ce que l’on peut améliorer. C’est difficile de tirer des conclusions maintenant alors on n’en a clairement pas fini avec ce Grand Prix. On aura encore une réunion à Brno, pour voir, comprendre et mettre toutes leurs conclusions sur la table parce que je ne pouvais rien faire de plus de mon côté.”
Rins a pourtant tout tenté pour essayer de corriger le tir : “Je ne pouvais rien faire. J’ai essayé de changer de trajectoires, de mettre les gaz plus rapidement, plus lentement, j’ai essayé de relever la moto de façon plus agressive ou plus douce mais sincèrement, c’était tout le temps la même chose.”
Des anomalies restées inexpliquées
Le week-end a ressemblé à un enchaînement de mystères pour Álex Rins. Dès vendredi, il a été confronté à un “gros problème” quand ses deux machines, aux pièces identiques, se sont retrouvées avec des différences restées inexpliquées.
“On a comparé deux motos qui auraient dû être les mêmes, il y avait 6 mm de différence sur la suspension arrière”, a expliqué Rins. “Ils ne savent pas pourquoi. Ils ont tout démonté et remonté pour voir s’il y avait une différence et après avoir fait ça, toutes les pièces étaient identiques entre la moto 1 et la moto 2. La différence entre la première et la seconde moto est d’un millimètre, donc rien. Il faut qu’on reste unis, plus que jamais, et qu’on essaie de remédier à ça. Je suis perdu, ils sont perdus.”
Álex Rins
Photo de: Alexander Trienitz
Nouveau mystère lors du sprint, quand Álex Rins n’a pu que constater son incapacité à suivre Joan Mir et à égaler les performances des trois autres pilotes Yamaha, dont Miguel Oliveira et Jack Miller, dans une portion qui ne pose pourtant pas de grande difficulté.
“J’ai passé toute la course sprint derrière Mir et il était clairement beaucoup plus rapide que moi dans le deuxième secteur. Le deuxième secteur, c’est une portion où on ne prend qu’une trajectoire et où on n’a pas de gros freinages, d’arrêt et de relance. On met juste les gaz au virage 4 et on ne les réduit qu’au virage 8. C’est un peu plus compliqué que ce que je dis mais il n’y a pas de vrai secret.”
“Joan me mettait quatre ou cinq dixièmes dans ce secteur. C’est peut-être parce qu’il a une autre moto, mais c’était la même chose avec Fabio et Jack. Ils me collaient quatre ou cinq dixièmes à chaque tour au deuxième secteur. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi. J’ai demandé à mon équipe. J’ai dit ‘Les gars, j’ai besoin de votre aide parce que je ne peux pas prendre de trajectoire différente, j’ai beaucoup de patinage, de glissades, je ne peux pas avoir plus de motricité que ça’.”
“Le problème que l’on a eu sur le mouillé pendant le sprint est exactement le même que sur le sec. J’ai fait de bonnes courses sur le sec et sur piste humide avec la Yamaha donc ce n’est pas normal que je ressente ce problème. C’est très perturbant.”
Je n’ai pas oublié comment piloter une moto.
Rins ne “pense pas” qu’une différence de talent avec les autres pilotes Yamaha, Quartararo en tête, peut expliquer à elle seule les écarts vus en Allemagne : “Je ne doute pas de moi et je ne pense pas non plus que l’équipe doute de moi, vu ce qu’ils m’ont montré. C’est ce qui porte à confusion, c’est dur à comprendre.”
Álex Rins
Photo de: Alexander Trienitz
Le pilote Yamaha écarte aussi l’idée d’une équipe uniquement tournée vers Quartararo : “Je ne pense pas que c’est ce qu’il se passe. En fait, j’en suis certain à 100%, et je vous dis que ce n’est pas le cas.”
Rins est donc déterminé à trouver la cause des problèmes qu’il a eus en Allemagne : “Je peux être dévasté d’avoir fini dernier, à 14 secondes de l’avant-dernier, je peux être à terre, mais j’ai confiance en moi et je sais que je n’ai pas oublié comment piloter une moto. Ce qui m’est arrivé a forcément une cause, et il faut la comprendre. Je ne renonce pas, je ne suis pas comme ça. J’ai confiance à 100% en l’équipe et en Yamaha.”
Avec Germán Garcia Casanova
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