Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Devant un public du Mans plus fourni que jamais et tout acquis à sa cause, Johann Zarco l’a fait : il a enfin fait retentir la Marseillaise après le Grand Prix de France de la catégorie reine, ce qu’aucun pilote tricolore n’avait plus réussi à réaliser depuis Pierre Monneret, en 1954. Un exploit historique dont le championnat se souviendra, tout autant qu’une immense joie pour un pilote perpétuellement en quête de victoire et qui, en 150 départs dans la catégorie MotoGP, n’y parvient étrangement que pour la deuxième fois.
Tout cela valait bien un petit geste adressé aux spectateurs avant même l’arrivée, ces spectateurs qui n’ont cessé d’encourager leurs chouchous tout le week-end et qui ont explosé de joie lorsqu’ils ont vu la Honda numéro 5 s’installer en tête dans le huitième tour, après 11 minutes rendues confuses par les chutes, les pénalités et les changements de moto de toutes parts. Et Zarco n’a cessé d’augmenter son avance à partir de là, pour finir par écraser la course sans commettre la moindre faute.
“Je suis content d’avoir eu 20 secondes d’avance : si j’avais eu dix secondes, je pense que je ne l’aurais pas fait !”, sourit le pilote. “Mais j’ai commencé à saluer le public dans le dernier secteur. [Jusque-là] je ne regardais pas, j’étais bien concentré, mais là, à la sortie du Chemin aux Bœufs, j’ai un poil regardé de côté, tous ces drapeaux qui s’agitaient, et je me suis dit que ça valait le coup !”
“Je m’attendais à avoir plus de larmes à ce moment-là, elles étaient là mais elles ne sortaient pas. On veut savourer, finir le tour. Le meilleur moment, c’est quand on rejoint le parc fermé et qu’on voit l’équipe. On partage tout avec eux et quand ça arrive… WOW !”

Johann Zarco ovationné par le public du Mans à l’arrivée.
Photo de: Rainier Ehrhardt
Après la liesse du parc fermé, les larmes étaient bien là lorsque Johann Zarco a enjambé le muret pour se diriger vers la tribune principale du circuit, prête à exploser de joie, et gratifier le public d’un salto arrière qui accompagne traditionnellement ses victoires. Ce succès manceau efface un affront : celui d’une Marseillaise qui n’avait pas voulu partir lorsqu’il a gagné pour la première fois en Australie, en 2023, et qu’il avait dû l’entonner a cappella.
“Ça, c’était extraordinaire !”, se souvient-il au micro de Canal+. “Ne pas avoir l’hymne en Australie… On se dit, sans déconner, qu’est-ce qui se passe ? Et là, on a tout eu ! On l’a chanté plusieurs fois dans la semaine, mais au moins on se dit qu’on l’a chanté pour une bonne raison [dimanche]. Ça a été extraordinaire.”
“C’est incroyable, ce monde ça fait une vibration, un son vraiment particulier. On a chanté la Marseillaise pendant la semaine, le public m’a fait plaisir et l’a chantée plusieurs fois pour moi mais là, c’est LA fois qu’on voulait et on l’a eue !”
VIDÉO – La Marseillaise pour Johann Zarco sur le podium du GP de France
“Je suis très heureux de décrocher une deuxième victoire en MotoGP, mais l’obtenir ici, c’est plus spécial”, tente d’expliquer le vainqueur. “C’est incroyable ! On dit souvent qu’on a du mal à réaliser, mais c’est vrai. C’est difficilement palpable. Il y a ce moment avec le public, ça donne des décharges d’émotion. On a envie de pleurer, il y a quelques larmes qui passent. Le temps continue, plein d’autres choses se passent et c’est vraiment bizarre.”
“Je ne vous cache pas que quand j’étais sur le podium et que l’hymne français a retenti, en voyant tous les gens chanter, j’ai eu les larmes aux yeux”, a avoué auprès du site officiel du MotoGP Lucio Cecchinello, le patron d’équipe de Johann Zarco, pris dans la ferveur générale. “C’est vraiment incroyable ! Gagner au Mans, c’est déjà fantastique pour quiconque. Pour lui, en tant que pilote français, gagner au Mans c’est un rêve qui se réalise, et ça l’est aussi pour nous parce que l’affection et l’amour qu’on reçoit de la part des fans sont tout simplement incroyables.”
Il y a ce moment avec le public, ça donne des décharges d’émotion. On a envie de pleurer.
Voilà la conclusion parfaite à un week-end de fête comme seul Le Mans sait en offrir. On sait à quel point cela peut annihiler certains sportifs de vivre une compétition à domicile, qui plus est avec un tel niveau de sollicitations, mais Johann Zarco a semblé s’en nourrir, usant de toute son expérience pour ne pas se laisser déborder.
“J’essaye de le prendre comme une super énergie. Je vois comment j’ai organisé mon temps pour ce Grand Prix. À chaque rendez-vous, j’essayais de partir quasiment dix minutes avant parce que je savais que j’allais être arrêté à plusieurs points stratégiques et [je voulais] au moins m’arrêter une minute. Tu prends du bon des gens, tu ne peux pas satisfaire tout le monde mais tu montres quand même que tu as participé et respecté leur attente. Certains attendent parfois très longtemps.”
“Donc j’ai essayé de profiter comme ça. Après, j’essaye d’être content dans ces moments-là mais il y a eu aussi des sentiments de ras-le-bol et ça variait, je l’ai eu plusieurs fois dans le week-end. Au moment du ras-le-bol, je m’isole et il suffit de se reposer.”
Les parents du vainqueur, autres stars du Grand Prix
Cette expérience absolument unique, Johann Zarco l’a partagée avec ses parents. Rares sur les circuits, le hasard a voulu qu’il les ait invités précisément cette année. Ils auront été les autres stars de cette course, débordants d’émotion en suivant leur rejeton depuis les stands, même sa mère qui évite habituellement les écrans par peur d’une éventuelle chute.
“Grosse, grosse émotion”, a témoigné le pilote sur Canal+ à ce sujet. “Je pense qu’ils ont pris aussi cette bonne décharge du public. Il fallait qu’ils voient ça et ils l’ont vu de la meilleure des manières possibles. Maintenant, ils peuvent retourner tranquillement à la maison, profiter devant la télé et ils sauront ce qu’on vit au GP de France mais aussi un peu tout mon rythme sur les Grands Prix. C’était le bon moment pour les faire venir.”
Pour Françoise Zarco, ce week-end était tout bonnement une première ! “En 17 ans de course, je ne lui ai jamais demandé de venir, elle est bien à la maison”, explique le pilote. “Cette fois je lui ai dit ‘je pense que ce serait bien que tu viennes et que tu voies le public du GP de France parce que la foule est incroyable’. […] Mes parents, ils sont vraiment calmes et ils ressentent ce stress, alors je lui ai dit ‘vas dans la partie VIP des sponsors et profite du GP de France’. Ils ont vu beaucoup de choses et je crois qu’ils ont beaucoup de choses à raconter à la famille et à leurs amis pendant des années !”
“J’étais heureux de les avoir ici. On était content de la manière dont se passait le week-end, peu importe comment la course allait se passer, j’étais très heureux qu’ils aient vu ce qu’est le public français. Et finalement, on a la cerise sur le gâteau, je ne peux rien dire de plus.”
Ce dénouement en apothéose va-t-il pousser Johann Zarco à avoir sa maman plus souvent à ses côtés ? “Non”, assure-t-il. “Je ne vais pas le prendre comme une superstition. Au fond de mon cœur, je suis très heureux de ce qu’on a vécu ce week-end mais je sais qu’ils aiment beaucoup rester à la maison parce qu’il se passe trop de choses pendant un week-end de course. Et puis, ils ont déjà des cheveux blancs !”
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Johann Zarco
Team LCR
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