Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
En renouant avec le titre mondial, six ans après le précédent, Marc Márquez avoue ressentir des émotions extrêmement fortes, et pour cause. On peut narrer à l’infini et sous tous les angles possibles le comeback extraordinaire qui est le sien ; personne ne sait mieux que lui les souffrances et les doutes qu’il a dû endurer pour en arriver là.
C’est en pensant à la rudesse de ces cinq dernières années que l’entourage de Márquez a imaginé le thème de la célébration de ce titre, résumé en une phrase : “More than a number”, plus qu’un nombre. Et cette synthèse implacable est allée droit au cœur du pilote, qui s’y retrouve totalement.
“Je n’étais pas au courant, je l’ai lu en même temps que vous quand c’est apparu sur l’écran”, a-t-il expliqué pendant la conférence de presse qui a suivi la course. “Et c’est bien ça : c’est plus qu’un titre. Je l’avais déjà dit avant d’y arriver, c’était le challenge le plus difficile de ma carrière.”
“Quand on est au sommet de la montagne et qu’on connaît la gloire tous les week-ends, qu’on gagne des titres, ensuite le choc est bien plus fort lorsque l’on descend. On ne heurte même pas le sol, on passe sous terre. C’est impossible de se relever de ça seul, et beaucoup de personnes autour de moi m’ont aidé.”
C’est quelque chose je ne souhaite à personne.
“Ça a été difficile de comprendre ce que j’ai traversé, et ça l’est encore et je ne vais pas l’expliquer. Mais c’est quelque chose je ne souhaite à personne. Ma passion m’a donné la possibilité d’être à nouveau ici. Sans cette passion, ça aurait été impossible de me relever de ça.”
À 26 ans, Marc Márquez était déjà à la tête d’un des palmarès les plus fournis de son sport, véritable référence tant par ses statistiques que par son talent de pilote, indiscutable. Mais il a en effet connu une chute des plus rudes, dont il allait mettre très longtemps à se relever. Il lui a fallu se soigner physiquement, puis retrouver le mental qui devait accompagner son retour vers les plus hautes sphères, en plus de réussir à se positionner sur la moto taillée pour l’aider à gagner.
“Moi, je me suis juste donné à 100%”, expliquait-il après avoir fêté son titre. “J’ai pris mes décisions et j’ai donné beaucoup pour y arriver. Mais le plus important, c’est que quand j’ai choisi la voie à suivre, à ce moment-là je ne visais pas le haut de la montagne, je ne visais pas le titre. Je visais ma passion, le fait de prendre à nouveau du plaisir en pilotant une moto et de continuer ma carrière. Ça a été le point décisif.”
Ces dernières années, le plus dur a été de se battre contre Marc. Un Marc disait de s’arrêter et l’autre de continuer.
Après sa blessure au bras au début du championnat 2020, Marc Márquez est passé par des moments très douloureux. Il a dû renoncer à la saison durant laquelle il s’imaginait défendre son sixième titre MotoGP, puis affronter la crainte de ne jamais pouvoir piloter à nouveau. Il a fallu deux ans pour finir de soigner son bras et il a encore connu d’autres revers, tant physiques que sportifs. Plusieurs fois, l’idée de tout arrêter l’a effleuré et pourtant il a réussi à tenir bon.
“Ces dernières années, je me suis battu contre beaucoup, beaucoup de choses, mais le plus dur a été de me battre contre Marc. C’était un Marc contre un autre Marc. Un Marc disait une chose et l’autre disait autre chose. Un Marc disait de s’arrêter et l’autre de continuer. Au final, j’ai essayé de suivre mon instinct, de me donner à 100% sans jamais baisser les bras.”
“J’ai essayé, c’est le mot, j’ai essayé d’y arriver. On a réussi et maintenant je veux savourer le moment. Je ne veux pas repenser à ce que j’ai enduré, je veux juste savourer le moment.”
Marc Márquez embrasse un nouveau titre plus que jamais synonyme de soulagement.
Photo de: Dorna
A-t-il douté, lui demande le site officiel du MotoGP ? “C’était difficile de comprendre si j’allais pouvoir à nouveau me battre pour le titre. J’ai avancé avec un objectif après l’autre. J’essaye toujours de viser le plus haut possible mais, croyez-moi, quand vous êtes vraiment très bas, sous terre, vous ne pouvez pas viser ce qu’il y a de plus haut. D’abord, j’ai pris à nouveau du plaisir l’année dernière, j’ai retrouvé mon rythme, repris confiance en moi.”
Et c’est finalement quand il a rejoint l’équipe officielle Ducati qu’il a su qu’il allait bientôt pouvoir dire que son pari était réussi. “Quand je suis passé dans le team d’usine, c’est la première fois que ça s’est ouvert devant moi, j’ai vu le sommet de la montagne. Pendant la pré-saison, j’ai dit que j’assumais la responsabilité, que c’était désormais entre mes mains et que je voulais être champion. Je suis dans la meilleure équipe, avec la meilleure moto. Oui, c’est la première fois que j’ai commencé à voir le sommet.”
“Mais quand j’ai emprunté cette voie, que j’ai pris cette décision à l’époque, je ne pensais pas à décrocher un autre titre, je pensais simplement à continuer à vivre ma passion, à savoir la moto. J’ai aimé me battre pour les podiums et les victoires, sinon ça aurait été difficile pour moi d’être ici.”
Marc Márquez dit avoir finalement toujours su qu’il allait finir par s’en sortir. “L’être humain a une très grande capacité, qui est d’oublier le mauvais et de penser au bon, du moins pour ce qui est des optimistes. J’ai toujours vu la lumière au bout du tunnel”, a-t-il affirmé à DAZN à l’arrivée.
Après une histoire aussi forte, quel sera le prochain chapitre du grand livre de sa carrière ? “Je ne sais pas ! On ne peut pas écrire l’avenir. Certains essayent mais on ne sait pas ce qui se passera demain. Alors pour le moment, je savoure cet instant. Cette histoire va continuer. Un jour, ça s’arrêtera, mais désormais quand ça s’arrêtera je serai en paix avec moi-même. Ce sera le plus important. Maintenant, tout est fait. Ça ne veut pas dire que mes ambitions changent, elles restent identiques !”
VIDÉO – RÉSUMÉ : Les meilleurs moments du GP du Japon
| Lire l'article complet - Auteur de l'article : Léna Buffa |
