Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Quiconque aime la course moto, et même le sport en général, ne peut qu’avoir ressenti de la compassion pour Pecco Bagnaia durant la dernière partie du championnat. En sept Grands Prix, il a abandonné six fois, concluant même sa saison en se faisant emmener dans les graviers, totalement impuissant, dès le premier tour de l’ultime course.
C’est ainsi que s’est terminée une année on ne peut plus éprouvante pour le pilote italien. Lui qui, l’hiver dernier, s’entendait rappeler par son nouveau coéquipier, Marc Márquez, que courir dans l’équipe d’usine Ducati impliquait forcément de se battre pour le titre, il a très vite été exclu de cette lutte, débordé dès les premiers Grands Prix par le duo des frères espagnols qui ont pris le pouvoir, l’un sur la même moto que lui et l’autre avec une machine de l’an dernier.
Malgré un succès au printemps, obtenu à Austin lorsque Marc Márquez a fauté sur une piste pourtant taillée pour lui, Bagnaia a vite quitté le devant de la scène. Il a néanmoins réussi à être un visiteur régulier des podiums durant la première moitié du championnat, ce qui expliquait qu’il soit relativement bien installé au troisième rang du classement général lorsque le cap de la mi-saison a été atteint. En revanche, durant la seconde partie, il n’allait plus y monter qu’une fois, à l’occasion d’une victoire aussi éclatante qu’inexpliquée au Japon.
Au fil des mois, et alors que Marc Márquez avait enclenché la vitesse supérieure en réalisant une très longue série de succès, cette incapacité de Pecco Bagnaia à retrouver les résultats qu’il réalisait depuis quatre ans s’est faite de plus en plus pesante, décuplée par une quête visiblement insoluble de la cause de ses difficultés.
“On arrive à la fin de la saison fatigués, épuisés”
À chaque Grand Prix, du jeudi au dimanche, il a dû s’en expliquer auprès des médias, subir un flot de questions identiques aux quatre coins du monde sur ce qu’il ne parvenait pourtant pas lui-même à s’expliquer. Son équipe a même par moments tenté de l’en protéger en annulant son point presse, pourtant un rendez-vous immuable de chaque journée de GP.
D’une piste à l’autre, il a aussi, avec son staff technique, exploré les différentes solutions possibles, en vain. L’Italien a donc avoué avoir terminé le championnat éreinté, atteint par ce qui a été un cercle vicieux, entre fatigue et négativité.
“C’est clair qu’avec une saison comme celle-ci, et vu comment les choses se sont passés dans la dernière partie, on arrive à la fin de la saison fatigués, épuisés”, décrivait-il à Sky Sport MotoGP, “et tout le monde fait des erreurs. Moi, j’en ai fait beaucoup et parfois il arrive aussi que l’équipe en fasse. C’est normal. On est humains, ça peut arriver.”

Pecco Bagnaia (Ducati Team) a fini par reculer au cinquième rang du championnat.
Photo de: Shameem Fahath / Motorsport Network
Alors que le dernier Grand Prix a encore été marqué par une chute dès le premier tour de l’ultime course – son sixième abandon en sept GP, avec en tout six chutes et une rarissime crevaison en Malaisie – ainsi que différents problèmes, dont une panne d’essence due à un mauvais calcul du carburant embarqué en qualifications, Bagnaia a accueilli chacun de ces derniers revers sans colère, semblant accepter son triste sort.
Très compréhensif à l’égard de son équipe, il a refusé de monter en épingle l’erreur humaine qui lui a valu de mal se qualifier, et a plutôt fait preuve de recul pour analyser une période qui n’aura été qu’une succession de coups durs. “Je pense que la négativité n’est jamais la clé et quand on commence à avoir des pensées négatives, on les attire. Je pense que c’est ce qui nous est arrivé. Tout le monde était fatigué et la saison a été plutôt dure pour tous, longue”, a-t-il rappelé.
Quand on commence à avoir des pensées négatives, on les attire. Je pense que c’est ce qui nous est arrivé.
“Quand on prend du plaisir pendant la saison, même si elle est longue, on arrive à la dernière partie plutôt facilement. En ce qui nous concerne, on visait l’une des deux premières places au championnat et il s’est passé ce qui s’est passé, et l’équipe a commencé à être fatiguée, comme moi, et c’est difficile de travailler dans cette situation. J’ai fait des erreurs, beaucoup, comme le fait de ne pas réussir à être rapide à ma première tentative en qualifs [à Valence], et l’équipe en a fait une aussi. Ça fait partie du travail.”
Deux jours plus tard, à l’issue du test qui lançait l’intersaison, Bagnaia affirmait que l’atmosphère avait changé, grâce à des sensations enfin meilleures avec le prototype de la Ducati de 2026. “Je suis très content parce que les chronos de ce test ont été extrêmement rapides. Ça aurait été bien de réussir à les faire pendant le week-end, ou en général d’avoir ces sensations avant, mais je les ai trouvées alors je pars en vacances en étant clairement dans un meilleur état d’esprit que dimanche”, expliquait-il à sa chaîne nationale.
Et c’est tout le mal que l’on peut souhaiter à Pecco Bagnaia, qui depuis quatre ans avait affiché un taux de réussite impressionnant, avec à la clé deux titres et deux deuxièmes places au championnat. Plus qu’un simple renouvellement des forces en présence, le recul si net qui a été le sien cette année laisse le sentiment qu’un champion, qui plus est n’ayant pas changé de constructeur, ne méritait pas de subir de telles difficultés.
Votre avis nous intéresse !
Qu’aimeriez-vous voir sur Motorsport.com ?
– L’équipe Motorsport.com
| Lire l'article complet - Auteur de l'article : Léna Buffa |

