Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Les méthodes de travail sont souvent mises en avant pour expliquer l’avantage pris par Ducati, Aprilia et KTM sur Honda et Yamaha depuis quelques années en MotoGP. Alors que les marques européennes ont pris l’habitude d’innover et de réagir rapidement, leurs rivales sont restées fidèles à la mentalité japonaise, avec une certaine rigueur et un respect des processus en place.
Cette approche méthodique, consistant à faire évoluer la Honda et la Yamaha par petites touches et après de longs processus de validation, devenait trop contraignante face à l’efficacité de leurs rivales. Les deux constructeurs se sont restructurés pour gagner en flexibilité, ce qui est passé par le recrutement d’ingénieurs européens ayant travaillé chez la concurrence.
Yamaha a ainsi nommé l’Italien Max Bartolini, ancien de Ducati, au poste de directeur technique et chez Honda, c’est son compatriote Romano Albesiano, venu d’Aprilia, qui a été nommé à ce rôle. Takaaki Nakagami, qui a régulièrement désigné les méthodes de Honda comme un élément à améliorer, a aussi voulu contribuer à cette évolution.
Passé de titulaire à pilote d’essais cette année, le Japonais travaille principalement dans son pays natal et il y a un an, il annonçait déjà sa volonté de faire le lien entre le siège de Honda et l’équipe de course. “En Europe, on n’a aucune info sur ce que fait le HRC au Japon”, résumait Nakagami avant de prendre ce nouveau rôle.
Aleix Espargaró, également recruté pour mener des essais mais en restant en Europe, a lui-même constaté l’ampleur des difficultés il y a un an. “Au début, pour moi c’était très dur de comprendre le fonctionnement des Japonais parce que chez Aprilia, avec le système européen, quand on a un souci avec le châssis, on va voir celui qui s’occupe du châssis”, a expliqué le Catalan. “[Pareil] si on a un souci avec l’électronique ou le moteur. Chez Honda, c’est un peu plus compliqué, il y a plus de monde et c’est difficile de comprendre vraiment quel ingénieur est en charge de quoi.”

Aleix Espargaró
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Albesiano a néanmoins mis en place de nouvelles méthodes pour permettre des échanges plus directs, et Nakagami a rapidement perçu une évolution. “C’est plus mondial, il n’y a plus uniquement des réunions en japonais”, expliquait-il au GP d’Italie au mois de juin, où il remplaçait un Luca Marini blessé. “J’ai intégré l’équipe d’essais, Aleix a aussi intégré l’équipe d’essais européenne, il y a toujours plus de liens et de partage, pour toutes les données et les informations aussi.”
“Pour moi, tout le monde est assez content qu’on ait changé beaucoup de systèmes depuis l’an dernier. Malheureusement, l’an dernier je n’avais aucune information du Japon mais maintenant, tout le monde sait combien de jours d’essais je fais au Japon. Ça a pas mal changé.”
Maintenant, on va un peu plus vite et quand j’ai besoin de quelque chose, je peux le dire directement et l’information est plus immédiate.
Lors d’une nouvelle apparition au GP de République tchèque pendant l’été, cette fois pour remplacer Somkiat Chantra, Nakagami a décrit une structure mieux huilée : “L’équipe d’essais japonaise est nouvelle pour moi parce que je n’avais jamais travaillé avec elle. Mais tout le monde dit qu’elle a changé d’état d’esprit. Romano est arrivé, il a changé les méthodes et il a apporté le style européen aux Japonais.”
“L’équipe d’essais japonaise essaie de suivre l’équipe d’essais européenne, il y a une très bonne communication entre le HRC, l’équipe de course et l’équipe d’essais. Pour moi, c’est vraiment sympa de rejoindre l’équipe de course pour voir les différences, et faire des commentaires à l’équipe japonaise, pour hausser le niveau de l’équipe japonaise.”

Aleix Espargaró
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Espargaró a aussi vu l’évolution depuis un an, avec des échanges plus fluides : “J’ai travaillé et beaucoup discuté avec Romano, il comprend un peu plus, il a passé beaucoup de temps au Japon. Je peux parler un peu plus avec Romano. Maintenant, on va un peu plus vite et quand j’ai besoin de quelque chose, je peux le dire directement et l’information est plus immédiate.”
“Je crois que Honda a fait un gros effort pour comprendre que travailler comme ça est plus efficace, c’est mieux. On travaille d’une façon totalement différente du début.”
Une structure renforcée par des investissements
Honda a fait de gros progrès pendant l’année 2025, ce qui n’est pas dû qu’à de nouvelles méthodes de travail, mais aussi à des investissements. Le moteur a évolué trois fois pendant l’année, en s’appuyant sur des recrues. Luca Marini, arrivé chez Honda il y a deux ans, constate que les ingénieurs sont de plus en plus nombreux pour aider la marque à progresser.
“Depuis mon arrivée, ça a énormément changé”, a confirmé l’Italien. “Cette année, je pense que tout le package a été amélioré parce qu’on a plus de monde, plus d’ingénieurs. Les méthodes d’analyses des données, avant et après une course, sont à un niveau très élevé maintenant. C’est grâce à toutes les personnes qui poussent énormément pour ce projet.”

Luca Marini
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
“Je pense qu’on pourra faire beaucoup mieux la saison prochaine en continuant à travailler comme ça. Comme Aleix l’a dit, cette année les méthodes ont été améliorées mais je pense que l’on peut encore franchir un cap.”
Les efforts de Honda se voient aussi avec des bureaux à Milan et la recherche de fournisseurs pour pouvoir fabriquer des pièces en Italie. Espargaró a de son côté constaté l’ampleur des investissements en multipliant les tests sur le circuit de Sepang ces derniers mois.
“On a fait quatre tests en Malaisie en deux mois, ce qui coûte une fortune. On était 35 lors du dernier test. Il faut bien utiliser ces ressources, mais il faut les avoir : Honda est Honda, c’est la plus grosse marque du monde et elle doit de nouveau gagner.”
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| Lire l'article complet - Auteur de l'article : Vincent Lalanne-Sicaud |

