Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Ducati n’a gagné aucune des deux dernières courses, une situation jamais vue depuis la saison 2022. Difficile pourtant de croire à une fin de la domination de la marque italienne, qui a monopolisé toutes les places parmi les trois premiers avant Le Mans – certes aidé par la pénalité de Maverick Viñales au Qatar – et l’a également fait lors de tous les sprints disputés depuis le début de la saison, les deux derniers compris.
Au GP de France, l’échec des pilotes Ducati s’expliquait par les averses successives et le choix stratégique de Johann Zarco, bien que le Français ait été le seul à en tirer totalement profit. Mais à Silverstone, les conditions étaient beaucoup plus classiques : il faisait certes assez frais mais Marco Bezzecchi a devancé Zarco sur un circuit resté sec, dans une course où l’on annonçait Álex Márquez favori.
Pourquoi la marque italienne a-t-elle échoué ? Pour Michelin, un cocktail d’éléments est venu jouer contre elle, des températures aux choix de pneus, en passant par les caractéristiques de ses représentants dans leur pilotage.
D’abord, les faibles températures. “Nous avons eu des conditions météo étranges tout le week-end”, a confirmé Piero Taramasso, responsable de la compétition deux roues de Michelin, à l’édition italienne de Motorsport.com. “Il faisait assez frais mais nous nous y attendions un peu parce qu’en général, nous venons en août. C’est plus difficile de trouver des journées de mai où il fait beau en Angleterre, il a tendance à faire frais, et même quand la piste chauffait un peu, le vent restait présent et cela n’a pas aidé à faire monter les pneus en température.”
Ensuite, les choix de pneus. Fabio Quartararo, longtemps leader, mais aussi Bezzecchi et Zarco, les deux premiers à l’arrivée, ont opté pour le pneu tendre le dimanche à Silverstone. Marc Márquez et Pecco Bagnaia, dans l’équipe officielle, ainsi qu’Álex Márquez ont craint une dégradation excessive et ont préféré le medium, mais ce choix s’est retourné contre eux puisqu’il était plus difficile à mener dans la fenêtre de températures optimale selon Taramasso.
“Disons que le tendre offrait un peu plus de confiance et permettait donc d’attaquer dès le début, tout en permettant de retarder un peu le freinage. Le medium, de l’autre côté, avait besoin de quelques tours pour monter en température.”

Fabio Quartararo était plus à l’aise que les pilotes Ducati à Silverstone.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Le clan Ducati a pourtant écarté la possibilité d’utiliser le tendre, pour des raisons qui dépendaient “plus du pilotage que de la moto” d’après Taramasso : “Des pilotes comme les frères Márquez ou Bagnaia freinent très fort, très tard. […] D’autres, comme Bastianini, Viñales ou Miller, chargent moins l’avant, parce qu’ils utilisent plus l’arrière pour faire tourner la moto, donc ils arrivent à mieux protéger le pneu avant. C’est l’association de ces deux choses.”
Et si Quartararo, Bezzecchi et Zarco ont su exploiter le tendre, Taramasso reste convaincu que le medium n’était pas un si mauvais choix : “Le tendre était un peu à la limite pour la course longue à Silverstone. Après le sprint, on voyait déjà qu’il commençait à s’user, donc disons que pour les pilotes un peu plus agressifs au freinage, il représentait un risque.”
“Si nous sommes honnêtes, le seul tendre qui était vraiment en bon état à la fin de la course était celui de Bezzecchi, qui l’a très bien géré et l’a mené à l’arrivée en bon état. Les autres tendres, à l’opposé, ont beaucoup souffert, donc pour les pilotes un peu plus agressifs, le bon choix était le medium.”
Des soucis similaires à l’arrière
Pour Taramasso, les pilotes ont eu les “mêmes” difficultés à faire chauffer le medium arrière, “le pneu que tout le monde a adopté le dimanche après avoir fait le sprint avec le tendre”. Mais alors que ceux qui avaient le tendre profitaient de bonnes sensations sur l’avant, les pilotes Ducati avaient deux fois plus de problèmes puisqu’ils avaient deux pneus medium. Pecco Bagnaia a fait partie des pilotes particulièrement en délicatesse aux yeux de Michelin.
“Il y a eu au moins quatre ou cinq pilotes, dont Pecco Bagnaia, qui se sont plaints d’avoir eu du mal à faire monter le pneu arrière en température après le drapeau rouge. Cela a pris sept ou huit tours, et la conséquence a été qu’ils ont eu moins d’adhérence et moins de sensations. Après ces déclarations, nous avons analysé les données et vu que c’était le cas : au restart, les températures des pneus arrière étaient plus faibles de 14 ou 15 degrés, et cela a évidemment eu un effet sur les pressions également.”

Marc Márquez
Photo de: Ducati Corse
Pour Taramasso, cette spectaculaire baisse est la conséquence de la procédure accélérée après le drapeau rouge : “Je pense que c’est dû à la procédure quick start, parce qu’ils ont un tour de moins pour chauffer le pneu, puis après le tour de mise en grille ils doivent s’arrêter sur la grille mais les couvertures chauffantes ne sont pas remises. C’est là que les pneus arrière se sont rafraîchis, et ensuite c’était difficile de les replacer dans la bonne fenêtre de température.”
“C’est une tendance très générale, que nous avons vue dans les données de presque tous les pilotes. À l’opposé, lors du sprint, avec une température plus élevée et les pilotes avec deux pneus tendres, nous n’avons eu aucun problème particulier.”
Le dimanche, Quartararo a été très attentif à cette question et s’est félicité d’une “très belle stratégie” après la course. “La stratégie de partir dernier de la grille après le restart, d’arriver aussi le dernier sur la grille, d’essayer de gérer les pneus à une bonne température, c’est une chose qui a aidé pour le début de course”, soulignait le Français. Les leçons seront donc nombreuses du côté de Ducati.
Propos recueillis par Matteo Nugnes
Dans cet article
Vincent Lalanne-Sicaud
MotoGP
Ducati Team
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