Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Le GP du Japon semble avoir mené plusieurs pilotes vers la sortie du tunnel dans lequel ils se trouvaient : celui dans lequel Marc Márquez s’était engouffré avec sa blessure de 2020, celui que connaissait Pecco Bagnaia cette saison avec une Ducati qui ne lui convenait pas. Mais la course a aussi vu une autre traversée du désert s’achever, celle de Joan Mir.
Le champion du monde qui avait succédé à Márquez au championnat, puis qui a récupéré son équipe technique au sein de la structure officielle Honda, a fait un retour remarqué aux avant-postes et obtenu, dans chaque moment-clé du Grand Prix, ses meilleurs résultats avec la RC213V.
Sur la piste maison de son constructeur, l’Espagnol est apparu dans le coup tout au long du week-end. Quatrième vendredi, il s’est qualifié en première ligne, ce qui ne lui était encore jamais arrivé avec Honda. Puis il a décroché la quatrième place du sprint, battu alors par Pedro Acosta. Dimanche, en revanche, il a réussi à reprendre l’avantage au pilote KTM pour aller chercher ce premier trophée en quatre ans.
“Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu ces sensations, vous n’imaginez pas à quel point je suis heureux !”, se réjouissait-il à chaud au micro du site officiel du MotoGP. “Ça arrive au moment parfait pour nous. On s’est beaucoup battus pour obtenir ça, vous n’imaginez pas à quel point, et tout cela en valait la peine si c’était pour vivre ce moment.”
“Alors un grand merci à l’équipe pour le travail qu’ils ont abattu et tous les efforts fournis pour me donner une moto compétitive, et aussi tout ce qu’ils ont fait pour m’aider dans les moments difficiles. C’est incroyable, je suis très heureux !”
Il est très facile de se cacher derrière un téléphone et de dire de la merde qui n’apporte rien à personne. Ça n’est pas que je suis super bon aujourd’hui et que j’étais catastrophique hier.
Le soulagement est évident pour le champion du monde 2020, tant il a souffert depuis avoir été poussé chez Honda par la décision brutale de Suzuki de quitter le MotoGP. Alors que sa troisième saison touche à son terme, il a plusieurs fois été confronté à de profonds doutes quant à la suite à donner à son engagement. Il a aussi essuyé beaucoup de critiques, bien souvent aveugles quant à la réalité de ce qu’il endurait.
Questionné en conférence de presse pour savoir s’il avait senti un manque de respect à son égard, Joan Mir a répondu : “Oui. Dans le sport d’une manière générale, on est ce qu’on a fait à la dernière épreuve en date. Et ça n’est pas particulièrement le cas avec moi, je pense que tout le monde a le même problème.”
“Il est très facile de se cacher derrière un téléphone et de dire de la merde qui n’apporte rien à personne”, a ajouté l’Espagnol. “Mais, au final, je sais ce que j’ai réalisé. Les gens qui s’y connaissent un peu, au sujet de ce milieu et du sport d’une manière générale, évaluent les choses comme elles sont. Ça n’est pas que je suis super bon aujourd’hui et que j’étais catastrophique hier. Mais je ne pourrais pas faire grand-chose de plus. On est exposés à tous ces gens, et d’un côté c’est formidable mais de l’autre, ça nous expose aussi aux critiques et aux haters. Ça ne va pas me changer la vie, ça n’a jamais rien changé.”
Un potentiel qui a progressé cette saison
Ce que retient Joan Mir, c’est ce que lui et son équipe ont réussi à réaliser, et il voit ce podium comme la concrétisation d’un immense travail. “La réalité, c’est que ça a été une période très difficile pour moi. À partir du moment où j’ai décidé de passer chez Honda dans une période difficile, je savais déjà qu’il pourrait se passer beaucoup de temps avant que j’obtienne de très bons résultats, mais je n’aurais pas imaginé malgré tout que ça prenne autant de temps.”
“Je n’ai jamais baissé les bras, j’ai parfois essayé de voir le positif dans ce qui nous arrivait et, aujourd’hui, vous n’imaginez pas la saveur qu’a ce podium. J’ai savouré chaque tour de cette course, à me battre face à ces pilotes que je n’affrontais pas depuis longtemps. Je suis super content pour l’équipe, ils le méritent vraiment. En plus, ça se fait ici, au Japon, et je ne pourrais pas imaginer de meilleur endroit pour notre comeback. Je suis très heureux pour Honda, merci à eux, ils le méritent.”

Joan Mir a ramené le team d’usine Honda sur le podium à domicile !
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
À titre personnel, ce podium est le premier de Joan Mir depuis le GP de l’Algarve 2021. Peut-on dire que ce week-end marque un tournant, ou bien ces progrès ont-ils à voir avec le fait que Honda courait à domicile et effectue régulièrement des tests sur place ? “Le potentiel que j’ai eu sur ce Grand Prix n’est pas quelque chose qui me surprend. Le podium, oui, mais le potentiel en lui-même pas tellement”, a répondu l’Espagnol à cette question, persuadé que ce résultat ne doit rien au hasard et s’inscrit dans une dynamique de progression.
En sprint, il n’avait en tout et pour tout obtenu qu’un point avec Honda avant cette saison. Par contre, il y a multiplié les apparitions dans la zone des points cette année, jusqu’à décrocher cette quatrième place samedi. En ce qui concerne la course longue, mis à part un top 5 la première année, Mir a beaucoup évolué dans la seconde partie du peloton, et il a aussi cumulé énormément de chutes. Cette saison, par contre, on l’a déjà vu finir sixième en Autriche et septième en Aragón, avant ce podium hier.
“À Misano aussi, j’avais eu un bon potentiel le vendredi, mais à cause de ma blessure, je n’ai pas pu mettre tout ensemble sur le week-end. À Brno, je suis parti assez haut également, et il y en a eu d’autres. Le truc, c’est qu’on n’arrive pas à produire un résultat, par contre le potentiel que j’avais au début de la saison et celui que j’ai aujourd’hui ne sont pas les mêmes, il est plus important maintenant.”
“J’ai juste besoin d’un peu de chance, de réussir à tout mettre ensemble pour faire un week-end comme celui-ci. C’était mon objectif au début du week-end, de réussir à aller chercher un résultat. Et je ne pensais probablement pas au podium, plus à un top 5, mais j’ai eu l’opportunité de me battre pour quelque chose de plus grand et je l’ai fait.”
Lire l'article complet - Auteur de l'article : Léna Buffa |