D’où est venu le déclic pour Pecco Bagnaia ?

Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com

La saison de Pecco Bagnaia a ressemblé jusqu’ici à une interminable descente aux enfers. Plusieurs fois, il a cru tenir la solution à son manque de sensations, mais pour mieux réaliser le lendemain, ou à la course suivante, que rien n’était finalement résolu.

Ce week-end, la situation semble enfin différente. Dès la première séance, Davide Tardozzi était affirmatif : cette fois, ça y est, on a bel et bien retrouvé le Bagnaia qu’on connaît. Si l’enthousiasme du patron de l’équipe Ducati pouvait paraître quelque peu excessif et prématuré compte tenu de ce que les derniers mois nous ont appris, la suite du week-end a finalement apporté de l’eau à son moulin.

Bagnaia a décroché ce samedi une pole position autoritaire, assortie du nouveau record du circuit, puis il a remporté le sprint en le menant de bout en bout. Son sourire s’est élargi à chaque tour passé en piste, l’Italien obtenant confirmation que ses sensations étaient revenues et sa capacité à attaquer aussi.

Mais comment expliquer un changement aussi radical dans la performance du double champion du monde MotoGP, si mal à l’aise depuis qu’il pilote la GP25 ?

Le pilote et son équipe mettent ce rebond sur le compte du test réalisé la semaine dernière, au lendemain du GP de Saint-Marin. Il s’avère que Ducati y a fourni à Bagnaia une sorte de moto hybride entre la spec 2025 et celle de 2024. On sait en effet qu’elle intègre le bras oscillant de la GP24, ainsi qu’une fourche et des éléments aérodynamiques. Une autre explication peut venir des disques de freins de 355 mm, obligatoires à Motegi et qui avaient déjà grandement soulagé l’Italien lors du test d’Aragón, en juin.

Interrogé par DAZN en Espagne, Davide Tardozzi n’a pas voulu être affirmatif envers l’une ou l’autre des hypothèses. “Je pense que [le test de] lundi à Misano a été important pour Pecco”, a-t-il concédé. “Gigi [Dall’Igna] et les ingénieurs ont trouvé le mix idéal pour lui faire retrouver les sensations dont il avait besoin. Nous avons fait un mélange.”

Pecco Bagnaia ne cache pas son soulagement.

Pecco Bagnaia ne cache pas son soulagement.

Photo de : Qian Jun / MB Media via Getty Images

Il est logique que Ducati ait pris le parti de mettre en place “un mélange” de différentes spécifications, puisque le règlement n’autorise pas à revenir en cours de saison à la moto homologuée l’année précédente. En revanche, certaines pièces peuvent tout à fait être remplacées.

“On n’est pas revenus à la GP24”, a renchéri Bagnaia auprès de DAZN, “mais on a changé des pièces qui, dans d’autres circonstances, n’avaient pas fonctionné et qui ont en revanche fonctionné ici et à Misano. Peut-être était-ce par désespoir ! En tout cas, elle se sont mises à mieux fonctionner, et finalement je me suis senti mieux et j’ai réussi à piloter plus comme l’année dernière.”

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Lorsqu’il lui a été demandé si ces pièces provenaient de la GP24, le pilote italien n’a pas voulu le confirmer directement. “Ce sont des pièces que Marc a aussi”, a-t-il précisé. Questionné à son tour par le site officiel du MotoGP sur le rôle joué par les disques de frein utilisés au Japon, les mêmes qu’au test d’Aragón, Bagnaia a ajouté : “Il n’y a pas que ça. Il y a plusieurs choses sur la moto qui aident.”

Et de préciser : “La réalité, ça n’est pas que je pilote comme en 2024, c’est que je pilote comme quand je suis rapide. Quand je suis rapide, je peux entrer dans les virages comme ça, forcer sur l’avant, faire tourner la moto en entrée. C’est comme ça que je sais attaquer et on a enfin trouvé comment faire pour que je le refasse cette saison.”

Pourquoi la solution n’arrive que maintenant ?

Le résultat, c’est un Pecco Bagnaia tout sourire, qui emploie volontairement des mots très forts pour traduire l’ampleur de ce tournant pour lui. “Je pense qu’aujourd’hui, c’est le plus gros soulagement que j’ai connu au cours des cinq ou six dernières saisons. Je suis super content”, résume-t-il ce soir.

Un soulagement, oui, car cette fois il sent qu’il peut vraiment y croire. “Après le test de Misano, j’étais certain que quelque chose avait changé, mais je n’en étais pas si sûr parce que ça m’était déjà arrivé cette saison de me sentir mieux après un test. J’ai fait attention à tout, puis on est venus ici et j’ai mené la première séance – ce qui ne m’était plus arrivé depuis ici-même, l’année dernière [depuis la Malaisie en réalité, ndlr]. Je me sentais bien.”

“Ensuite, hier après-midi, je n’ai pas signé un très bon temps pendant les Essais, mais j’étais sûr que mes sensations étaient revenues. Ce matin, ça a été fantastique, puis la course sprint a été incroyable. Alors je crois qu’il aurait été difficile d’en demander plus.”

Pecco Bagnaia fait l'unanimité ce week-end.

Pecco Bagnaia fait l’unanimité ce week-end.

Photo de : Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Pecco Bagnaia a publiquement remercié son équipe, pour les efforts réalisés hier soir afin de lui fournir deux motos ainsi équipées, et pour ceux consentis tout au long de l’année afin d’en arriver à cette solution.

“Pendant tout le week-end, je me suis bien senti avec la moto du test de Misano. L’autre, par contre, était comme sur les autres Grands Prix. Hier soir, mon équipe a tout réglé et a fait en sorte que les deux motos aient la même mise au point. Ce matin, en sachant que j’avais les deux motos [identiques], c’était plus facile pour moi d’attaquer.”

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“Depuis le début de la saison, je me creuse la tête, et l’équipe aussi, pour trouver la solution. Ça n’a pas été facile et ça arrive après l’un des moments les plus durs. C’était le bon moment pour essayer des choses complètement différentes et ça a fonctionné. Mieux vaut tard que jamais, mais ça aurait peut-être été mieux de le faire à Jerez !”

S’il glisse cette remarque dans un sourire, on peut en effet s’interroger sur le temps qu’il a fallu pour en arriver à cette solution. Le test de Misano, cité comme moment décisif en ce sens, était le troisième réalisé au lendemain d’un Grand Prix cette année. Alors pourquoi a-t-il fallu si longtemps ?

“C’est quelque chose que je ne peux pas expliquer”, répond Bagnaia. “Mais après ce résultat, je ne me pose plus autant de questions, je suis simplement content. Au final, on était tous dans la même situation, on a travaillé ensemble. Le résultat est arrivé ici, mais il aurait certainement pu arriver plus tôt, peut-être lors du test de Jerez. Si cette solution avait été trouvée plus tôt, la saison aurait pu être totalement différente, mais c’est comme ça, et finalement on a réglé le problème à six courses de la fin.”

Les mois de difficulté endurés par Pecco Bagnaia ont été entourés par de nombreux questionnements, tant pour lui que pour son équipe. Récemment encore, Gigi Dall’Igna mentionnait le fait que le problème n’était pas “exclusivement technique”. La suite nous dira si la page est définitivement tournée à présent, d’autant que Bagnaia a déjà prévenu que l’Indonésie risquait d’être plus compliquée pour lui, mais en attendant on retrouve ce week-end un Bagnaia performant et heureux, offrant certainement ce qu’il a fait de mieux depuis l’an dernier.

Avec Rubén Carballo Rosa

Lire l'article complet - Auteur de l'article : Léna Buffa
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