D’année en année, les commentaires des pilotes MotoGP restent similaires lorsqu’ils sont interrogés sur la qualité du bitume du circuit de Barcelone. Le rendez-vous catalan est devenu le plus craint de la saison pour ceux dont les motos n’apprécient guère le manque d’adhérence, Yamaha en tête.
Fabio Quartararo s’est montré très clair en ce sens, en anticipant dès jeudi que ce serait “pire que jamais” pour lui et ses acolytes ce week-end. Son coéquipier Álex Rins juge ce grip “inacceptable”, tout en estimant que ce manque se ressent particulièrement avec la M1, ce qui en fait un problème de la moto plus que de la piste. L’Espagnol estime ce rapport “peut-être à 60-40” et explique : “C’est une caractéristique du circuit mais pour nous, ça n’est pas lié [uniquement] à la piste. Il est clair que cette piste offre peu de grip mais c’est plus [dû] à notre package qu’à autre chose.”
Mais au-delà de l’impact d’une faible adhérence sur les performances des uns et des autres, certains pilotes pointent un problème de qualité du bitume, voire de sécurité. Depuis plusieurs années, le plus inquiet semble être Pecco Bagnaia. L’Italien s’en est longuement expliqué lors des récentes visites du MotoGP sur place. Cette fois, jugeant qu’il s’agit du circuit “qui offre le moins de grip au calendrier”, il va droit au but : “Cette piste est vraiment très au-delà de la limite, pour moi. À mon avis, c’est un problème.”
Depuis plusieurs années, Bagnaia est l’un des seuls à juger le bitume si problématique, au point d’avoir déjà indiqué par le passé voir un certain danger dans les portions où cela impacte la motricité des motos. Ses collègues ne partagent pas nécessairement cette conclusion, à l’image de Johann Zarco. “Même si le circuit n’offre pas une grande adhérence, il n’y a pas de chutes. Ce n’est pas un problème de sécurité, c’est juste un problème d’adhérence”, résume ainsi le Français.
“Il faut toujours qu’on réussisse à comprendre si quelque chose est dangereux ou ne nous plaît pas”, observe pour sa part Luca Marini. “Ça ne nous plaît pas de rouler avec peu d’adhérence, c’est certain. Est-ce que c’est dangereux ? Non.”
“Rouler avec peu de grip, objectivement, ça n’est pas dangereux. Simplement, on est un peu plus lents”, poursuit le pilote Honda, “la traction de la moto ‘coupe’ sans cesse, il faut faire de gros efforts en sortie de virage pour redresser la moto parce que c’est fondamental sur cette piste. En revanche, c’est sûr.”
Problème de sécurité ou pas, les pilotes aimeraient que soit resurfacé le circuit de Barcelone.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Pour autant, l’ancienneté du bitume, qui n’a plus été refait en intégralité depuis 2018, devrait imposer un resurfaçage en bonne et due forme selon de nombreux pilotes. Cela se fera-t-il ? Luca Marini en doute fort : “On n’a pas les outils pour s’imposer et requérir un investissement de quelques millions d’euros pour resurfacer une piste, donc je ne pense pas qu’ils vont le faire.”
Ça ne devrait pas être à corriger maintenant, ça aurait dû être fait il y a trois ans.
À la veille des premiers essais du Grand Prix, il avait été demandé à Aleix Espargaró si l’état de l’asphalte de son circuit maison était quelque chose qui devait désormais être corrigé. “Ça ne devrait pas être à corriger maintenant, ça aurait dû être fait il y a trois ans”, avait-il répondu.
“Je suis d’accord pour dire que tous les circuits n’ont pas besoin d’avoir une adhérence parfaite. Il y a des circuits rapides, des circuits lents, des virages serrés, des virages rapides, plus d’adhérence, moins d’adhérence… Mais je pense que Barcelone commence à être limite en termes d’adhérence”, avait ajouté le Catalan. “C’est un endroit que j’adore, mais vraiment, l’adhérence est très faible. J’étais ici il y a un mois, il faisait 50°C sur le bitume et c’était comme de la glace. C’était fou ! Donc j’espère qu’un si beau circuit recevra un nouveau revêtement.”
“C’est incroyable à quel point l’adhérence est basse. Elle est trop basse”, jugeait quant à lui Enea Bastianini après les premiers essais. “C’est très étrange de piloter comme ça. Au virage numéro 5, on ne peut pas freiner, on arrive en étant très, très doux sur les freins. J’espère qu’on verra un resurfaçage pour l’année prochaine, mais on verra.”
Un élément qui impacte la hiérarchie
Pour le moment, ce manque d’adhérence offert par le bitume barcelonais apparaît surtout comme un défi à relever. Aux yeux de certains pilotes, c’est essentiellement un facteur à prendre en compte dans la manière d’aborder les réglages et le pilotage, plutôt qu’un problème à proprement parler.
C’est ainsi qu’Álex Márquez, notamment, voit les choses, jugeant que cela influence la manière de mener le week-end et de préparer les courses. “Il faut être assez clair sur les pneus que l’on veut utiliser pour la course longue, surtout”, anticipait le pilote Gresini avant de se lancer dans ce Grand Prix qu’il apprécie particulièrement.
“Il faut essayer de travailler là-dessus, un peu sur les réglages pour le faible grip et surtout aussi pour gérer le pneu. Il faut être vraiment intelligent. Du côté électronique aussi, il est vraiment important d’arriver avec une bonne cartographie, pour le traction control et le couple, parce que parfois on met beaucoup, beaucoup de couple en pensant qu’on sera plus rapide, et ça n’est pas le cas. Donc tout cela doit être vraiment sous contrôle.”
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Marc Márquez voit aussi dans cette singularité du circuit une explication au resserrement de la hiérarchie, alors que les pilotes KTM notamment ont brillé durant la première journée d’essais.
“L’adhérence est très faible. Je pense que c’est l’une des principales raisons pour lesquelles tous les constructeurs sont très proches, parce que la limite, c’est l’adhérence”, observe le leader du championnat. “Par exemple, on ne peut pas extraire le maximum de notre moto, c’est-à-dire l’accélération. On réduit sans cesse le couple, de plus en plus.”
“Mais il y a aussi le fait que l’on est beaucoup dans des virages à droite, pendant longtemps, et donc la température des pneus augmente. Ensuite, quand on a une température très élevée, cela signifie que l’on glisse encore plus. Donc, oui, c’est l’un des circuits les plus difficiles pour la compréhension de l’adhérence.”
Avec Téha Courbon
Les plus belles photos des essais de vendredi au GP de Catalogne
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