Honda semble avoir commencé à sortir de la période sombre qu’elle a traversée ces cinq dernières années. Cinq années marquées par une succession d’obstacles. De l’apparition du Covid à la blessure de Marc Márquez, qui a fini par entraîner le départ de l’Espagnol, HRC a vacillé tout en observant la domination installée par Ducati, qui a remporté quatre titres d’affilée.
Cette année, la marque à l’aile dorée a changé de cap après s’être réorganisée et restructurée pour s’adapter à la donne actuelle. C’est dans cette dynamique ascendante que Diogo Moreira, le pilote le plus coté du Moto2, a été recruté pour faire son arrivée en MotoGP l’année prochaine.
Dans le paddock de Sepang, Alberto Puig, team manager de l’équipe d’usine du HRC, s’est entretenu avec Motorsport.com pour discuter du renouveau du constructeur, des raisons qui ont motivé le recrutement du Brésilien et du marché des pilotes qui a déjà commencé à bouger en vue de 2027.
Qu’avez-vous vu chez Diogo Moreira ?
Nous l’avons remarqué lorsqu’il courait en Moto3 et cette année, l’occasion s’est présentée de le recruter. Diogo est un pilote émergent, très rapide, qui a toutes les chances de remporter le championnat Moto2 et qui correspond parfaitement à la philosophie de Honda. Lors d’une des réunions que nous avons eues avec lui, son agent et son coach, je pense qu’il a compris que notre projet pouvait être intéressant pour lui. Il est jeune, très prometteur, talentueux et techniquement très fort. C’est pour toutes ces raisons que nous lui avons proposé un contrat à long terme, de trois ans.
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Nous approchons d’un moment intéressant sur le marché de pilotes, lorsque la grille va se définir pour 2027 et 2028. Le HRC a-t-il déjà identifié ses objectifs ?
Le marché 2027 sera quelque peu atypique, car un nouveau règlement et un nouveau manufacturier vont faire leur arrivée. Il sera donc très difficile, voire impossible, pour les pilotes d’identifier la moto qui leur offrira le plus de garanties. Nous ne pourrons voir ces “nouvelles” motos qu’occasionnellement lors de quelques tests [en 2026], et ce n’est qu’en février ou mars 2027, quand débutera la saison, que nous verrons réellement quelles seront leurs performances. Il est vrai que le marché s’ouvrira bientôt et qu’il y aura de l’incertitude, c’est certain.
À l’heure actuelle, tous les pilotes savent quelles sont les meilleures motos, mais ces changements pourraient bien modifier la donne. Cette incertitude dont vous parlez pourrait-elle jouer en faveur de Honda au moment de signer des pilotes ?
C’est possible, mais tout le monde sait que les autres constructeurs ne sont pas en reste. Ducati va fabriquer une bonne moto, tout comme Aprilia, KTM et Yamaha. Notre marque est peut-être plus imposante que d’autres, mais quand il s’agit de concevoir une moto qui fonctionne, dans un délai donné, je ne peux pas me prononcer avec certitude.
Les pilotes de pointe savent très bien ce qu’ils veulent. Marc Márquez, par exemple, savait très bien ce qu’il voulait lorsqu’il est parti chez Gresini. Il est vrai que les constructeurs les plus historiques sont Honda et Yamaha, mais je ne pense pas que cela leur garantisse de s’assurer les services des meilleurs pilotes.
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Les contrats de Joan Mir et Luca Marini expirent en 2026. Avec autant de questions en suspens, qu’est-ce qui vous a poussé à renouveler celui de Johann Zarco jusqu’à fin 2027 ?
Je ne peux pas vous répondre, car je n’ai pas participé à cette opération. Elle a été menée directement depuis le Japon, je n’y ai pas pris part.
Je vous pose cette question car je trouve surprenant que Johann Zarco, qui a 35 ans et est le pilote le plus âgé du plateau, soit celui qui a le contrat le plus long. Ne pensez-vous pas que cela réduit un peu votre marge de manœuvre ?
J’insiste sur le fait que je ne peux pas vous aider sur ce sujet, car je n’ai participé ni à ces négociations ni à sa signature. Si vous voulez en savoir plus, vous devrez vous adresser directement à ceux qui ont géré cela.
Johann Zarco est l’un des rares à avoir un contrat pour 2027.
Photo de : Steve Wobser – Getty Images
Après les dernières courses, certains considèrent qu’Aprilia dispose désormais d’une moto capable de rivaliser avec Ducati. Est-ce aussi votre avis ?
Pour moi, Ducati reste la référence. Et je dis cela sur la base de la technologie qu’ils utilisent et de leur méthodologie, qui sont très avancées. Aprilia ? Eh bien, ils remportent des courses ici ou là, et sur les circuits où leur moto est performante, ils sont imbattables et ils l’ont prouvé par le passé. Mais si vous me demandez mon avis sur la saison dans son ensemble, il n’y a pas de comparaison [avec Ducati].
Plusieurs pilotes considèrent Honda comme la moto ayant fait le plus grand bond en avant en termes de performances par rapport à l’année dernière. La bête s’est-elle réveillée ?
Je ne sais pas si je définirais les choses ainsi, mais il faut se rappeler d’où nous venons. Nous avons été distancés pendant de nombreuses années. La saison dernière, notre volonté de changer cette tendance était déjà claire, et il est vrai que nous faisons beaucoup de choses, en recrutant de nouvelles personnes, en renforçant ce qui existe au Japon et en nous développant en Europe.
Honda est une entreprise très puissante, et il était obligatoire de nous améliorer. Il fallait que ça arrive et ça va arriver. Sommes-nous satisfaits ? Pas du tout. Mais nous posons les bases, avec les ressources humaines et économiques, pour pouvoir à nouveau nous battre pour la victoire.
Qu’est-ce qui a convaincu les responsables japonais de la nécessité de pleinement s’impliquer dans le projet MotoGP ?
Il ne faut pas oublier que l’ADN de Honda, c’est la compétition. Soichiro Honda a commencé par faire de la course, c’était sa passion. Nous avons traversé une période difficile, mais nous nous sommes mis au travail et, heureusement, les choses ont changé au Japon.
Honda évolue, tout en conservant son ADN selon Alberto Puig.
Photo de : Asif Zubairi / Motorsport Network
Avec tous ces changements que vous mentionnez, est-ce que Honda a réussi à réduire ses temps de réaction pour corriger les erreurs et développer la moto ?
Mon expérience m’a appris qu’il ne faut jamais essayer de changer un Japonais, tout comme il ne sert à rien de demander à un Européen de travailler comme eux. Honda va faire les choses à sa manière, mais en s’adaptant à l’époque moderne. Les choses ne se font plus comme en 1980.
À Misano, Honda a introduit une mise à jour du moteur qui a constitué un progrès considérable. Y a-t-il encore un potentiel caché ?
Il y a encore un peu de marge de progression, oui.
Le recrutement de Kurt Trieb, le spécialiste des moteurs qui vient de KTM, a-t-il eu un impact sur cette amélioration ?
Il faut garder à l’esprit qu’un moteur se développe sur plusieurs mois, donc la spécification que nous avons introduite à Misano a commencé à être développée il y a un certain temps. Kurt se concentre entièrement sur le moteur de 850cc pour 2027.
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