Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Marc Márquez a, de façon assez inhabituelle, levé le voile sur les émotions très fortes qui l’ont assailli lorsqu’il a validé son nouveau titre de champion du monde, dimanche au Japon. Un sacre très précoce qui intervient au terme d’une saison largement dominée, mais qui met aussi un point final à un véritable parcours du combattant auquel il a dû se confronter depuis sa fameuse blessure de 2020.
À l’époque, il était le leader du programme Honda, indissociable du constructeur nippon, et à la seule exception du titre de 2015, il avait tout gagné depuis que la marque l’avait fait venir en MotoGP. Elle l’avait repéré très tôt, bien avant son sacre dans la catégorie Moto2, et lui avait déroulé le tapis rouge pour qu’il soit le successeur de Casey Stoner.
Les résultats obtenus ont dépassé toutes les prédictions, avec donc six titres en sept ans, ainsi que 59 victoires et un total de 101 podiums, ce qui a fait de lui le pilote détenant le plus gros palmarès avec Honda. Ces deux noms semblaient liés à jamais, à tel point qu’un contrat d’une durée exceptionnelle de quatre ans a été signé début 2020.
Aussi impensable que cela pouvait paraître à l’époque, la machine s’est grippée juste après. Il y eut donc l’accident du premier Grand Prix de 2020, puis d’autres blessures, et surtout une RC213V de moins en moins performante face à la Ducati qui prenait le pouvoir. Malmené par sa moto, Marc Márquez a alors été confronté à de profonds doutes quant à la suite à donner à sa carrière.
Il l’avoue aujourd’hui, il lui a fallu être “égoïste”, mais il a aussi puisé une grande force dans l’aide de ses proches. “Je ne vais pas commencer à citer des noms, sinon on ne finira jamais. Je ne veux oublier personne”, a-t-il beaucoup répété aujourd’hui, avant toutefois de nommer quelques-unes de ces personnes qui ont beaucoup compté.
“Tous les gens [qui m’ont aidé] depuis 2020, beaucoup de kinés, notamment Carlos Garcia qui a habité à la maison, des médecins, du Dr Mir au Dr Sotelo en passant par le Dr Antuña et le Dr Ignacio Roser de Oña, bien sûr [qui l’ont opéré du bras, ndlr], le Dr Bernat Sánchez pour la vue… On n’en finira pas ! J’ai passé plus de temps chez les médecins que sur les circuits.”

Marc Márquez souligne à quel point son frère a compté dans son retour au sommet.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Il y eut aussi le soutien de ses proches, et notamment celui qui a pris une place encore plus forte à ses côtés. “Mon frère, Álex”, confirme-t-il à DAZN. “Il m’a beaucoup aidé, directement et indirectement, sans le vouloir. Le simple fait qu’il coure ici m’a beaucoup aidé. Les choses ne viennent pas toutes seules. Je suis à un moment de ma vie où je suis très heureux, très stable à tous les niveaux.”
“Je suis très amoureux de ma compagne, tout est stable dans ma famille, tout va bien et ça aide. Tout mon environnement m’a aidé à me sortir de ça… Parce que quand vous êtes par terre, vous pouvez toujours sauter, mais quand vous êtes sous terre, si on ne vous aide pas, si on ne vous tend pas la main, vous n’y arrivez pas.”
Toutes ses décisions, Marc Márquez les assume personnellement, mais il les a prises avec l’aide des personnes qui l’ont entouré. “C’était avec mon entourage, avec les amis, et quand je dis amis je pense à la famille, aux différentes familles. C’est à eux que je pense quand je dis mes amis, à commencer par mon frère, ma famille, la nouvelle équipe que j’ai eue chez Gresini et qui m’a aidé aussi.”

Le hasard veut que Marc Márquez soit titré le jour où son ancienne équipe retrouve le podium.
Photo de: Toshifumi Kitamura / AFP via Getty Images
Et puis, il y a un groupe qui tient une place à part, celui de Honda. Car le déclencheur de son retour vers le plus haut niveau a été son départ du groupe japonais, une décision extrêmement dure à prendre pour lui et à laquelle il a fini par se résoudre il y a précisément deux ans. Honda n’avait alors pas fait obstacle à la rupture de son contrat, et le champion espagnol sait aujourd’hui tout ce qu’il doit à ceux qui l’ont compris à l’époque et qui l’ont assuré de leur soutien.
“Par-dessus tout, ce qui m’a le plus aidé, c’est quand toute l’équipe Honda m’a dit que quoi que je fasse, ils resteraient mes amis et qu’on garderait la même relation. Ça m’a beaucoup aide”, admet celui qui fête aujourd’hui son neuvième titre mondial.
Le hasard de la vie veut que la course qui a mené Márquez vers ce nouveau sacre se soit déroulée sur le sol japonais, sur le circuit maison de Honda, et surtout qu’elle ait coïncidé avec le premier podium de Joan Mir pour la marque. Cette troisième place du Majorquin, encadré par l’ancienne équipe technique du #93, est le premier podium de l’équipe officielle du HRC… depuis celui de Márquez lui-même au GP du Japon 2023, obtenu précisément lorsqu’il prenait la décision de s’en aller.
“Ce qu’il y a de plus beau, au final, c’est que je boucle la boucle”, constate-t-il. “C’est ici, au Japon, que j’ai obtenu mon dernier podium avec Honda, que j’ai pris la décision de suivre ma voie, qu’ils m’ont laissé le faire. Et on y arrive en fêtant ce podium avec toute l’équipe Ducati et avec mon équipe Honda, grâce à Joan Mir qui les y a menés. Le destin a voulu qu’on fête ça comme ça, et c’est parfait.”
Et Marc Márquez de savourer ce happy end : “Dans cette aventure, car ça a été une très longue aventure, il y a eu des décisions difficiles à prendre, mais j’ai toujours suivi mon instinct. Les gens qui m’entourent m’ont beaucoup aidé à prendre cette décision mais ils m’ont simplement donné la possibilité de suivre mon instinct. Je l’ai fait. J’ai essayé, peu importe si ça menait à un échec ou à un succès. Je pouvais très bien échouer, mais j’aurais de toute façon échoué si je n’avais pas essayé, alors j’ai essayé et j’ai réussi.”
Lire l'article complet - Auteur de l'article : Léna Buffa |