Marc Márquez et l’Argentine, une relation d’amour-haine

Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com

Marc Márquez s’apprête à vivre cette semaine des retrouvailles très attendues avec le circuit de Termas de Río Hondo, hôte du GP d’Argentine. Il n’a plus couru sur place depuis 2019, année de son dernier titre, ce qui correspond à une attente de 2175 jours entre sa dernière course sur le territoire argentin et le début des essais, ce vendredi. Cela s’explique par trois éditions annulées sur les cinq dernières et deux autres lors desquelles l’Espagnol était blessé.

Cette très longue absence contraste avec la place importante que ce circuit a pris dans le parcours de Márquez. La dernière fois qu’il a couru à Termas, il a gagné, et nettement. Il s’agissait de son troisième succès sur place, pour une épreuve ayant intégré le calendrier MotoGP en 2014. S’y ajoutent cinq pole positions, décrochées en six participations.

Trois succès teintés d’évidence

Lorsque l’Argentine a fait son retour dans le championnat, il s’agissait de la deuxième année de Márquez dans la catégorie reine. Il était alors lancé dans une série de dix victoires consécutives et avait brillé sur ce circuit qui semblait taillé pour lui. Il s’était imposé avec une nette avance sur Dani Pedrosa et Jorge Lorenzo.

Deux ans plus tard, il gagnait avec 7″6 de marge sur Valentino Rossi et l’écart abyssal de 28 secondes sur Dani Pedrosa, classé troisième. Pour y parvenir, il a dû se confronter au #46, un duel qu’il a remporté avec brio, et venir à bout d’un protocole quelque peu chaotique dû aux conditions de piste, avec l’obligation de changer de moto en cours d’épreuve, celle-ci ayant par ailleurs été raccourcie. Autant de complications dont l’Espagnol s’est joué avec aisance.

VIDÉO – Marc Márquez remporte le Grand Prix d’Argentine 2019

Puis il s’est à nouveau imposé en 2019, avec Rossi à nouveau deuxième, à 9″8, et Andrea Dovizioso pointant à plus de dix secondes à la troisième place. Tandis que les deux Italiens se confrontaient en duel pour les accessits, le #93 survolait l’épreuve. Leader de pratiquement toutes les séances au cours du week-end, il avait pris les commandes dès l’extinction des feux et avait relégué ses adversaires en Ligue 2.

2015, les prémices du clash avec Rossi

À ces grands succès se sont toutefois mêlés des épisodes parmi les plus compliqués de la carrière de Márquez, et à commencer par une édition 2015 aux lourdes conséquences. Pour ce qui n’était donc que la deuxième visite du MotoGP sur place, le circuit de Termas a été le témoin de la naissance de la confrontation explosive entre Márquez et Rossi.

C’était il y a dix ans, le 19 avril 2015. Ce jour-là, vainqueur en titre du Grand Prix, Márquez s’élançait de la pole et il allait mener 23 des 25 tours de la course. Mais Rossi, parti huitième, a réussi à remonter jusqu’à la deuxième place et s’est maintenu durant 13 tours dans la roue de l’Espagnol, tout en affichant un meilleur rythme que lui.

Marc Marquez, Repsol Honda Team & Valentino Rossi, Yamaha Factory Racing

Marc Márquez et Valentino Rossi à l’heure de la confrontation au GP d’Argentine 2015.

Photo de: Repsol Media

L’Italien a dépassé le pilote Honda dans l’avant-dernier tour. Márquez a alors tenté de répliquer en recroisant, en vain. Face à un Rossi offrant toute sa résistance, la roue avant de la RC213V a percuté la roue arrière de la Yamaha, entraînant la chute de l’Espagnol. Une manœuvre dont celui-ci assumerait par la suite la responsabilité, mais qui par son agressivité allait alors sceller le premier épisode d’un long feuilleton.

2018, dans l’œil du cyclone

En 2017, c’est sur une autre erreur de pilotage que Márquez est tombé, dès le troisième tour, et ce alors qu’il menait pourtant avec plus d’une seconde et demie d’avance sur Maverick Viñales. Il admettra à nouveau très volontiers sa faute, coupable d’un excès d’optimisme alors qu’il avait décidé d’imprimer un gros rythme dès le départ pour tenter de se détacher du pilote Yamaha. Résultat, un 0-25 qui ne traduisait pas la vitesse dont il était capable sur place.

Un an plus tard, sa relation avec Rossi était glaciale depuis bien longtemps déjà lorsque l’Espagnol a une nouvelle fois croisé la route du #46 dans des circonstances polémiques. Cette édition 2018 du GP d’Argentine restera dans les annales à bien des égards, et tout d’abord pour son départ rocambolesque : une grille pratiquement vidée par une averse ayant entraîné une hésitation de dernière minute quant aux pneus à choisir, avec Jack Miller seul pilote rescapé à l’avant et le reste du peloton agglutiné quelques dizaines de mètres derrière lui ; puis Márquez qui cale et qui relance seul sa moto sur la grille en la faisant rouler puis en rejoignant son emplacement en contre-sens, manœuvre interdite après laquelle il a pourtant bel et bien pris le départ depuis sa place sans rejoindre la pitlane.

 

Et la suite ne fut pas moins mouvementée. Márquez est tombé dans le septième tour, alors qu’il avait réussi à prendre la tête. Il s’est alors relevé et a repris sa course, seulement 20e à la fin de cette boucle. Malgré les conditions piégeuses, il s’est lancé dans une remontée folle, jusqu’à se retrouver derrière Rossi, sixième. Et c’est là qu’à cinq tours de l’arrivée, l’Espagnol a fait l’intérieur au pilote Yamaha en l’obligeant à passer sur l’herbe mouillée en dehors de la piste, causant sa chute.

Ce jour-là, la victoire de Cal Crutchlow allait être éclipsée et l’après-couse centralisé autour du conflit entre les meilleurs ennemis du championnat. Márquez, accompagné de son team manager, de son agent et de son responsable de communication, a bien tenté d’aller s’excuser dans le stand de Rossi, mais pour se heurter au barrage Uccio Salucci et à un flot d’insultes en provenance des tribunes. Sa cinquième place à l’issue de cette impressionnante remontée s’est transformée en 18e sous le coup d’une pénalité, juste devant Rossi qui avait réussi à se relancer en fond de peloton.

 

Six ans d’attente

Douze mois après ces faits, Márquez était donc lancé dans la saison de son dernier titre en date lorsqu’il a décroché la victoire pour son dernier GP d’Argentine en date, au début d’une année qui allait impressionner par sa suprématie. Les événements de 2020 ont toutefois mis un nouveau coup d’arrêt à son histoire d’amour avec le pays, puisque le Covid a conduit à l’annulation des deux éditions suivantes, tandis que lui subissait la blessure qui allait profondément changer le cours de sa carrière.

Puis ce sont deux autres pépins physiques, un épisode de diplopie en 2022 et une blessure à la main en 2023, qui l’ont tenu éloigné de Termas de Río Hondo, avant les problèmes financiers qui ont empêché la tenue du Grand Prix l’an dernier.

Les retrouvailles, six ans après sa dernière visite sur place, s’accompagnent d’une cote au plus haut pour Márquez, qui vient de faire des débuts très remarqués au sein de l’équipe officielle Ducati et se sait très craint par ses adversaires sur une piste qui lui permet d’exprimer tout son talent. 

“Ma carrière a fait les montagnes russes ces quatre dernières années, mais je suis dans la meilleure équipe maintenant, avec les meilleures personnes, la meilleure moto, et c’est à moi de décrocher les résultats tous les week-ends”, a confié Márquez mardi lors d’une conférence de presse à Buenos Aires.

Avec Federico Faturos et Vincent Lalanne-Sicaud

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Léna Buffa

MotoGP

Marc Márquez

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