Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Pecco Bagnaia n’est plus que l’ombre de lui-même cette année. Depuis le début de la saison, l’Italien se plaint d’un manque de sensations avec l’avant de la Ducati. Malgré tout, il restait régulièrement le troisième homme du championnat jusqu’à la pause estivale, derrière les frères Márquez. Seulement, le fossé s’est depuis creusé, avec une incapacité à se battre pour le top 5.
Plusieurs fois, Bagnaia a cru avoir mis le doigt sur la source de ses difficultés, mais il avance maintenant avec plus de prudence. Chez Ducati, le grand responsable technique, Gigi Dall’Igna, s’interroge même sur des causes qui dépassent le simple cadre de la technique. En piste, les rivaux de Bagnaia sont, eux, confrontés à un pilote méconnaissable.
Lors des deux dernières saisons, Jorge Martín a été le principal adversaire de Bagnaia. Il a perdu un titre face à lui en 2023 puis l’a battu en 2024, à chaque fois avec la même Ducati et un accès à toutes ses données. Les deux hommes ont désormais des machines différentes mais lorsqu’il roule aux côtés de Bagnaia, Martín voit que quelque chose cloche.
“J’espère qu’il surmontera cette situation, mais on peut voir, avec la moto, qu’il n’a aucune confiance”, a expliqué le champion du monde en titre. “Il était devant moi pendant la course [sprint à Barcelone] sur quelques virages. Mais ensuite, je pouvais voir que ce n’était pas le même Pecco qu’à l’habitude. Avant, il freinait super fort, il était super difficile à dépasser, et maintenant, c’est une autre histoire. Donc, j’espère qu’il surmontera ça. C’est un grand champion, je suis sûr qu’il y arrivera.”

Pecco Bagnaia
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Lors du sprint du Balaton Park, où Pecco Bagnaia a vécu l’un de ses plus douloureux épisodes de la saison, Miguel Oliveira a lui aussi été surpris de voir à quel point l’Italien a perdu sa force au freinage. “Il freinait tard mais il ralentissait trop la moto”, expliquait le Portugais après cette épreuve.
“Je revenais énormément sur lui au freinage. Dans certaines portions, il était rapide mais dans d’autres, il ne relâchait pas les freins pour jeter la moto [en courbe]. J’étais derrière lui et je me disais ‘Allez mec, relâche les freins et tourne !’. Il n’avait probablement pas assez de sensations sur l’avant, je ne sais pas”, s’interrogeait Oliveira, qui pilote une Yamaha cette année.
“Une question de confiance, de sensations”
Son voisin de stand, Jack Miller, est l’un de ceux qui connaît le mieux le pilotage de Pecco Bagnaia pour avoir été son premier coéquipier en MotoGP, en 2019 et 2020 chez Pramac, puis les deux années suivantes chez Ducati, avec au passage le premier titre du Turinois. Dès le GP d’Aragón, au printemps, l’Australien observait lui aussi un Bagnaia incapable de se relâcher sur sa moto.
“C’est une question de confiance, de sensations”, expliquait alors Miller. “J’ai passé beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de tours derrière Pecco au cours de ma carrière. [Le samedi au GP d’Aragón], je voyais qu’il restait très ‘neutre’ sur la moto, il ne se décalait pas beaucoup, or c’est habituellement le point fort de Pecco : son épaule passe à l’intérieur de la moto, il utilise beaucoup son corps, une chose que j’aimerais faire.”
“[Ce jour-là], il était très ‘neutre’ sur la moto, assez centré, parce qu’il n’a pas confiance en ce qu’elle fait, surtout après les premiers virages. Il fait tourner la moto en prenant moins d’angle. On dirait qu’il a du mal à le faire en ce moment.”

Pecco Bagnaia
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Même lorsqu’il a semblé faire des progrès, comme le dimanche en Hongrie, Bagnaia s’est retrouvé dans des situations inhabituelles pour lui. Lors de cette course, il était à la lutte avec Pol Espargaró, intérimaire chez Tech3 en raison de la blessure de Maverick Viñales, et ne l’a doublé que dans le dernier tour… pour finalement faire une erreur qui a permis à l’Espagnol de reprendre l’avantage.
“Je pense que je l’ai fait pas mal transpirer parce que je freinais assez tard !”, s’est amusé Espargaró après cette course en Hongrie. “Il m’a doublé au premier virage au dernier tour, j’allais essayer de le repasser après la ligne droite opposée, au virage 5. Il devait s’y attendre donc il a freiné assez tard, mais je pense qu’il a freiné trop fort, j’ai pu en profiter et passer à l’intérieur.”
Pour Espargaró, qui n’a plus le rythme de la compétition, jouer la huitième place était une bonne performance, mais il s’est lui-même étonné de lutter avec un double champion du monde pour ce résultat : “On voit tous que Pecco a du mal. Il ne pilote pas à son meilleur niveau. Ce n’est pas normal de voir Pecco se battre face à moi. Ce n’est pas sa position, on le sait tous. Tôt ou tard, il reviendra et on appréciera de voir Pecco se battre à l’avant.”
Avec Téha Courbon
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Lire l'article complet - Auteur de l'article : Vincent Lalanne-Sicaud |