Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Il risque d’être assez complexe pour les ingénieurs KTM de dresser des conclusions claires du week-end passé à Losail, et pour cause, les performances et les sensations ont beaucoup varié d’un pilote à l’autre et même d’un jour à l’autre. Alors que Maverick Viñales a surpris son monde en disputant la course à l’avant alors qu’il connaît encore peu la RC16 (à l’instar de son coéquipier, Enea Bastianini), les pilotes de l’équipe officielle ont vécu un Grand Prix beaucoup moins linéaire que le sien.
Pedro Acosta, en particulier, est passé par toutes les émotions. Cela a bien débuté puisqu’en réaction à son septième temps vendredi, il estimait avoir passé un cap. Le déclic ? Le retour à des pièces de 2024, à savoir la selle et le châssis. “Ça faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir”, se réjouissait l’Espagnol. “À Austin, on a beaucoup insisté pour qu’ils apportent des choses de l’année dernière qui fonctionnaient, et c’est comme ça que le soleil est revenu. C’est exactement ça, le soleil est revenu !”
Pour lui, ce retour en arrière n’est absolument pas négatif puisque ce qui compte, c’est bien que ses performances s’améliorent. “Il faut être direct quand on demande des choses comme ça, surtout parce qu’on est dans une très mauvaise situation, presque embarrassante pour l’usine et les pilotes. Dans le MotoGP actuel, et sachant que le test de Jerez sera très important, ça n’est pas grave de faire un pas en arrière si ça permet de faire deux pas en avant.”
À chaque fois que je monte sur la moto de l’année dernière, je suis plus rapide. Maintenant, c’est clair.
Le lendemain, Acosta restait très enthousiaste sur ce point. “Je roule avec la moto de l’année dernière et dans les freinages, c’est-à-dire là où j’avais des problèmes, c’est bien mieux, vraiment bien mieux. Le problème que j’avais à Austin a pratiquement disparu”, expliquait-il.
“Les freinages étaient incroyablement bons ! Comme la première fois où je suis monté sur la moto. Ce qui est désormais clair pour moi c’est qu’à chaque fois que je monte sur la moto de l’année dernière, je suis plus rapide, je n’ai pas de problèmes au freinage, je ne risque pas de tomber à chaque fois que je freine. Maintenant, c’est clair.”
Un sprint “horrible” pour Acosta
À ces propos positifs portant sur ce choix se mêlait néanmoins un constat amer, celui d’un sprint largement gâché par un ensemble de facteurs : une faible position de départ après des qualifications ratées, le choix du pneu tendre qui a tant mis en difficulté la plupart des pilotes qui l’avaient sélectionné, et surtout le retour des vibrations.
Qualifiant sa course de “horrible”, l’Espagnol regrettait d’avoir choisi ce pneu mais il pestait plus encore contre ce chatter qui lui a rendu la vie compliquée, à tel point qu’il dit avoir eu “les deux roues de la moto [qui] se soulèvent”. “Ce n’était pas le meilleur choix de pneu, mais ça ne se limite pas à ça. On a beaucoup de vibrations, tellement qu’elles sortent du cadre”, expliquait-t-il alors, soulignant que le problème s’amplifiait sur la durée : “Sur un tour, on peut l’accepter, on s’accroche et c’est tout. Sur une course de dix ou 22 tours, c’est autre chose.”

Pedro Acosta et Brad Binder ont connu un sprint particulièrement compliqué.
Photo de: KTM Images
Et Acosta d’assurer que ce problème concerne tous les pilotes KTM, quelle que soit la configuration de leur moto : “Il faut qu’on regarde d’où vient ce chatter, parce que ça ne touche pas que ma moto, ce sont les quatre KTM qui ont ce problème.”
“Je ne me l’explique pas, je n’ai pas de réponse”, a-t-il admis. “L’année dernière, je pilotais exactement la même moto que celle que j’ai aujourd’hui et je n’avais pas de chatter à l’arrière. […] Au final, ce sont quatre motos différentes, avec différents réglages, et je ne peux pas dire d’où ça vient. C’est entre les mains de l’usine, il faut qu’ils fassent des analyses… des PDF, des PowerPoint, peu importe, et qu’ils obtiennent des réponses. Moi je n’ai pas de réponse logique en tête.”
Dimanche, Acosta est à nouveau apparu bien plus positif après avoir décroché la huitième place, et surtout avoir été beaucoup plus épargné par ces vibrations. “Beaucoup mieux ! On peut estimer que ça a été une course acceptable, sans non plus qu’elle ait été bonne. Je suis parti d’assez loin, j’ai fini le premier tour 14e et ça n’a pas été facile de remonter, d’avoir une piste dégagée devant moi pour pouvoir être rapide. Mais ce sont complètement les mêmes sensations que l’année dernière, sans chatter ou quoi que ce soit. On montre que quand on n’a pas trop de problèmes, on peut être rapides.”
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Saluant le travail de son équipe, il en soulignait cependant les effets encore assez mystérieux. “On a juste pris la piste aujourd’hui et le chatter avait disparu. Je ne sais pas ce qui s’est passé, si c’était dû au choix de pneu du jour ou quoi, mais en tout cas, c’était super de piloter la moto comme ça”, ajoutait Acosta, admettant sa volonté de comprendre ce qui a mené à une amélioration aussi radicale afin d’éviter que ces mouvements puissent réapparaître.
Il y a pourtant bien eu une modification sur sa moto, sans qu’il puisse expliquer si elle a été déterminante. “On a essayé d’éliminer les vibrations en changeant ma position sur la moto”, a-t-il expliqué. “Par contre, ces changements m’ont éloigné du guidon, ce qui a beaucoup sollicité mes avant-bras”, a-t-il ajouté, évoquant un souci qui l’a déjà gêné en Argentine bien qu’il ait été mis à l’époque sur le compte de son équipement.
Une performance inspirante chez Viñales
Malgré ce top 10 final, il en faudrait plus pour que Pedro Acosta puisse véritablement se réjouir. Il sait que sa position de départ lointaine lui a coûté cher. La performance de Maverick Viñales l’inspire toutefois et, tout en conservant la moto qu’il s’est à présent constitué, il espère bien réussir à l’imiter prochainement.
“Je veux garder le package que j’ai actuellement. Je me suis senti très à l’aise aujourd’hui”, déclarait-il dimanche. “Au final, si on compare ma course avec celle de Maverick, mon plus gros handicap a été ma position de départ. Il a eu un très bon rythme et il a été rapide tout le week-end, et je ne dirais pas que j’aurais pu le battre parce qu’il a vraiment fait une excellente course pour essayer de gagner. Malgré tout, c’était une journée de top 5 [pour moi] alors ce sont de bons signaux.”
“On sait à quel point Maverick peut être rapide quand tout est au point. Aujourd’hui, il n’avait pas de chatter, comme moi, et ces détails comptent. C’est pour ça qu’il a fait une super course. On a montré, et pas que lui, que quand on n’a pas de problèmes comme ce chatter, on peut être aussi rapides que les autres. C’est un bon signal. Je voudrais l’être moi-même mais je suis content aussi pour lui, il le mérite.”

Brad Binder a fini 14e du sprint et 13e du Grand Prix.
Photo de: Honda Racing
De son côté, Brad Binder aura eu des difficultés tout au long du week-end. Au guidon d’une moto qui n’est pas revenue aux pièces de 2024 privilégiées par son coéquipier, le Sud-Africain a vécu un cauchemar dans les deux formats de course.
“Ça n’a clairement pas été le bon choix de pneu, mais franchement c’était le dernier de mes problèmes !”, déclarait-il après le sprint. “À quatre reprises, je suis passé de l’autre côté du vibreur extérieur et je suis sorti de la piste alors ça a probablement été la pire course de ma vie, c’est sûr. Ça n’a clairement pas été une bonne course.”
“Pas beaucoup mieux aujourd’hui”, ajoutait Binder dimanche. “Ça a été dur. On a essayé de changer certains réglages pour la course et c’était correct, jusqu’au dixième tour environ quand j’ai commencé à avoir un énorme sous-virage et à beaucoup patiner. À cinq tours de la fin, le pneu arrière était cuit.”
Binder serait-il tenté par la configuration de moto utilisée par Viñales ? “À en juger par le résultat d’aujourd’hui, je crois que ça vaut clairement le coup d’essayer !”, a-t-il admis, sans en dire plus sur ce qui diffère entre leurs deux motos. “J’ai une idée, je sais plus ou moins ce que sont les différences par rapport à nous.”
“C’est vraiment bien de le voir être performant. Je pense que notre projet tout entier avait besoin d’un très bon résultat, c’est sûr, alors chapeau à lui. C’est vraiment cool de le voir sur le podium. On va clairement pouvoir tirer beaucoup d’enseignements de sa journée pour avancer.”
Après ce week-end éprouvant, le patron de l’équipe d’usine voulait lui aussi se fixer sur les éléments encourageants à retenir. “Ça a été un début de saison difficile, mais je dois dire qu’à Austin et au Qatar aussi, nous avons fait des progrès. Il est important d’obtenir un résultat positif pour garder la foi et la motivation, car en course, il y a des hauts et des bas”, a commenté Aki Ajo.
“Nous avons vu ce week-end que nous allions de l’avant et je pense que nous pourrons le refaire lorsque nous serons de retour en Europe. Même si la journée de samedi a été difficile, nous sommes restés positifs quant aux performances possibles et aujourd’hui, nous avons prouvé que nous sommes sur la bonne voie en matière de développement et que les pilotes se sentent mieux et plus confiants sur la moto.”
Avec Oriol Puigdemont et Germán Garcia Casanova
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Brad Binder
Pedro Acosta
Red Bull KTM Factory Racing
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