Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Son passage sur la grille à l’occasion de sa première wild-card pour Honda a attisé la curiosité quant à ce qu’Aleix Espargaró pouvait penser de la moto japonaise. Lui qui a connu les progressions de Suzuki et Aprilia vers la victoire et a été acteur du développement de ces machines, il peut faire valoir une expérience précieuse qui donne de la valeur à ses commentaires.
Et l’Espagnol n’y est pas allé par quatre chemins : de son point de vue, la Honda est la moto la plus compétitive derrière la toute-puissante Ducati. À condition cependant de venir à bout de ce qu’il juge être sa plus grosse limitation, à savoir les vibrations qui perturbent sans cesse le pilotage pendant les week-ends de course.
Lorsqu’il lui a été demandé, après le sprint de Jerez, s’il était surpris par quelque chose dans la hiérarchie actuelle du MotoGP, Espargaró a répondu : “Pas grand-chose, je pense que le championnat est plus ou moins tel que je l’ai laissé l’année dernière. Les Ducati sont au top. Je pense que Honda est le constructeur qui a le plus progressé, car je sais que les résultats ne sont pas brillants, mais Joan [Mir] a terminé [le sprint] à quatre ou cinq secondes de la quatrième place [6″8 en réalité, ndlr] et je pense que huit secondes sont dues à elles seules au chattering. Donc, sans le chattering, il pourrait se battre pour le podium, je n’ai aucun doute là-dessus.”
À ce stade de la saison, Joan Mir et Johann Zarco incarnent en effet l’amélioration des résultats dans le groupe Honda. Et pour Aleix Espargaró, nouvellement intégré à l’équipe d’essais, c’est un vrai moteur. “Pour le test team, il est essentiel de voir que les pilotes obtiennent des résultats et qu’ils perçoivent des améliorations, ça nous motive. Quand vous entrez dans une spirale négative, il est difficile d’en sortir”, a-t-il souligné.
Et d’ajouter : “Pour moi, la Honda est la deuxième meilleure moto de la grille après la Ducati. Elle tourne, elle s’arrête bien, le moteur a besoin d’être amélioré mais il est acceptable. Par contre, le chattering limite beaucoup. C’est ce qu’il faut résoudre.”

Aleix Espargaró a beaucoup appris avec son premier Grand Prix sur la Honda.
Photo de : Gold and Goose / Motorsport Images
Ces propos ont fait écho à ceux que tenait Luca Marini au Grand Prix précédent. Tout en décrivant les problèmes auxquels ses collègues et lui sont confrontés, l’Italien s’était dit très optimiste pour la suite.
“Si on doit rouler seul, sans personne derrière, on sait qu’on perd deux dixièmes gratis à chaque tour, mais on peut faire une bonne course. Par contre, s’il faut se battre, ça devient une autre histoire car même en poussant fort sur les freins, on se fait dépasser en ligne droite et on se fait avoir.”
“Mais je ne peux pas m’en plaindre, je veux surtout améliorer la moto dans d’autres domaines pour le moment parce que je pense qu’il y a un gros potentiel. Si on arrive à faire de bonnes qualifs et à prendre un bon départ, on peut être dans le coup et être le deuxième constructeur au championnat d’ici à la fin de la saison”, avait déclaré Marini.
Plus un problème de vibrations que de puissance moteur
L’ensemble des pilotes Honda s’accordent sur la description des difficultés que leur pose la moto. Mais des deux grands domaines dont tous se plaignent, Espargaró retient finalement le chattering comme seul véritable blocage, le moteur étant une faiblesse plus simple à résoudre.
“On sait qu’on a d’assez gros problèmes actuellement. On a pas mal progressé pendant la pré-saison, la moto est très bien équilibrée, son poids a été fortement réduit par rapport à la saison dernière et on a maintenant une moto très compétitive sur ce point, l’électronique s’est beaucoup améliorée.”
“Il nous reste néanmoins deux gros soucis. L’un, c’est la puissance pure, on doit s’améliorer sur ce point”, a-t-il résumé. “Et le deuxième souci, ce sont les vibrations. […] Il faut clairement qu’on s’améliore là-dessus, qu’on résolve ce problème. Il faut pouvoir rouler sans chattering, je n’en avais pas sur l’Aprilia. Mais en attendant, il faut que les pilotes comprennent comment piloter avec ce chattering, comme l’ont fait par exemple Johann au Qatar et Joan [à Jerez].”

Joan Mir (Honda HRC)
Photo de: HRC
“On doit travailler sur le moteur mais ça n’est pas le plus gros problème, de mon point de vue”, a ajouté l’Espagnol après avoir disputé un Grand Prix complet avec cette moto. “Le plus gros problème ce sont les vibrations. Quand j’étais face à Marc [Márquez], j’étais très concentré pendant ces deux tours pour essayer de le suivre, de comprendre comment le suivre. La Honda est bonne dans les gros freinages mais dans les virages rapides c’est impossible de suivre les Ducati, donc il faut qu’on s’améliore sur ce point.”
Espargaró a également partagé son point de vue sur l’origine de ces vibrations, très complexe à cerner. “C’est très difficile pour les ingénieurs et pour moi-même de comprendre comment s’y attaquer”, a-t-il admis, néanmoins il les a décrites accentuées par l’augmentation de la température au sol et particulièrement fortes en entrée de virage. Mais alors que les images montrent que l’arrière de la moto se met parfois à vibrer avant que les secousses ne se transfèrent vers l’avant et ne se ressentent dans le guidon, elles proviendraient, selon l’Espagnol, non pas du pneu, mais possiblement du moteur et du volant d’inertie. Un premier pas vers la résolution du problème ?
Avec Germán Garcia Casanova
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Aleix Espargaró
Honda HRC
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