Comment Márquez a géré sa pression : “J’ai fait confiance à la technologie”

Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com

Marc Márquez a refait le coup ! Celui de laisser volontairement passer un adversaire en tête de la course, pour mieux lui reprendre la victoire à la fin. Comme en Thaïlande, en ouverture de la saison, c’est une alerte portant sur la pression de son pneu avant qui a poussé l’Espagnol à agir ainsi puisqu’il savait qu’il n’allait pas pouvoir respecter le seuil minimal de 1,80 bar sur 30% des tours s’il restait en tête avec une piste dégagée devant lui.

Dans le sixième tour, à peine passé le cap de la mi-course, Márquez a donc renoncé à ses 2″7 d’avance et s’est retourné pour laisser Acosta le rattraper, puis le dépasser. Une aubaine pour le pilote KTM ? Pas vraiment, car il n’avait pas les moyens de s’échapper et a vu la Ducati #93 lui coller à la roue jusqu’à le repasser avec une aisance crâneuse.

“On a une fenêtre suffisante pour bien travailler”, explique Márquez au sujet de cette question de la pression pneumatique, qui interfère régulièrement dans les courses. “Le truc, c’est que c’est une compétition et, sur certaines pistes, les ingénieurs essayent tout le temps d’être à la limite en termes de pression parce qu’on obtient parfois un peu plus de performance. Parfois, pas toujours, quand on augmente la pression, ça aide un peu sur d’autres aspects.”

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“Aujourd’hui, il y a eu deux choses différentes : le fait qu’on n’ait pas roulé sur le sec hier, et le nouvel asphalte qui est super bon, avec beaucoup de grip, mais qui fait qu’on pilote différemment. Le grip arrière est même trop important, et du coup on ne peut pas forcer sur l’avant. Donc tout cela mis ensemble a un peu compliqué la vie des ingénieurs.”

“Ils essayent toujours de trouver ce qu’il y a de mieux, et j’apprécie cela. Ce qui serait facile pour des ingénieurs, c’est d’augmenter la pression et de laisser faire le pilote, mais ils essayent toujours de nous fournir la meilleure performance. Aujourd’hui, c’était vraiment très limite, on parle d’un rien du tout, mais une fois que j’ai pris l’aspiration, j’étais déjà revenu dedans.”

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Quand a-t-il su qu’il allait avoir un souci ? “Je l’ai remarqué dans le quatrième tour, j’ai vu que la pression était insuffisante. Pendant un tour, j’ai poussé très fort sur les freins pour essayer de la faire monter, j’ai vu que ça n’allait pas suffire et j’ai donc décidé de couper l’accélération et d’attendre le deuxième pilote, en l’occurrence Acosta.”

“J’ai fait confiance à la technologie”, poursuit le pilote espagnol, serein jusqu’au bout. “On a un indicateur sur le tableau de bord, avec un chiffre qui nous dit combien de tours il nous reste pour être dans la bonne fenêtre. Ici, il fallait juste faire trois tours [30% de la course, qui comptait dix tours, ndlr] et quand j’ai vu 0, j’ai attaqué Acosta.”

Je n’avais pas réalisé que j’étais sous investigation, donc j’étais tranquille, tout allait bien.

Lorsqu’il a passé l’arrivée en vainqueur, Marc Márquez a été notifié qu’il était sous investigation pour sa pression pneumatique, comme deux autres pilotes. Pourtant, il n’a fallu que quelques minutes pour que le panel des commissaires indique ne pas prendre de sanction. L’Espagnol, lui, avait déjà eu le temps de se dire très confiant auprès des médias venus recueillir sa réaction à chaud, certain d’avoir fait le nécessaire pour être dans les clous.

“Je n’avais pas réalisé que j’étais sous investigation, donc j’étais tranquille, tout allait bien. [Gigi Dall’Igna] m’a demandé : ‘Mais tu étais dedans ou pas ?’. Et je lui ai dit : ‘Oui, le tableau de bord dit que oui'”, raconte le pilote. On apprendrait par la suite que le signalement initial des commissaires était dû au fait que le système d’alerte de la direction de course était mal réglé et qu’il n’y avait effectivement aucune infraction.

Marc Márquez, Ducati Team

Marc Márquez, Ducati Team

Foto de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Cette légère confusion à l’arrivée n’enlève rien au fait que Márquez, comme son coéquipier d’ailleurs, a bien eu à gérer cet élément extrêmement délicat pendant ce sprint et qu’il s’en sort encore une fois à merveille. S’il ne conteste aucunement cette règle – “Je suis d’accord avec cette règle, elle est faite pour la sécurité”, dit-il -, il juge néanmoins que la pénalité prévue est trop lourde et influe forcément sur le comportement qu’il a dans une telle situation.

“Pour moi, la pénalité est trop lourde. Je trouve qu’il faudrait la réduire de moitié : quatre secondes au sprint et huit dans la course longue, ça aurait plus de sens. Huit secondes au sprint et 16 dans la course longue, c’est une pénalité énorme. Il vaut mieux attendre les autres.”

On peut toutefois se demander si le Marc Márquez d’aujourd’hui n’avait pas suffisamment de marge pour coller neuf secondes à ses adversaires et ainsi pouvoir encaisser la pénalité à l’arrivée sans que sa position en pâtisse. Parti deuxième après sa chute en qualifications, il avait pris les commandes dès le premier tour, au détriment de Pecco Bagnaia, et apparaissait très supérieur.

“Ma stratégie était de mener la course dès le début et de trouver mon rythme parce que je m’étais senti super bien ce matin en EL2”, explique-t-il. “Aujourd’hui, j’avais quelque chose en plus, je pilotais bien.” Modeste ou réaliste quant à la manière dont il a su profiter du temps d’essais réduit sur piste sèche, il reste méfiant en vue de la course principale : “Le bilan est bon, mais demain, ce sera un peu plus serré. Aujourd’hui, c’était comme vendredi. La pluie a coûté cher à tout le monde, mais elle m’a un peu aidé.”

Avec Oriol Puigdemont

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Lire l'article complet - Auteur de l'article : Léna Buffa
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