Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
C’est avec un peu de trac qu’Aleix Espargaró a repris la piste vendredi dernier pour disputer le GP d’Espagne, sa première épreuve depuis l’arrêt de sa carrière à plein temps, la première aussi sous les couleurs de Honda. À 35 ans, l’Espagnol a beau avoir 340 Grands Prix à son actif, il ne cachait pas une pointe de nervosité, essentiellement due à ses nouvelles responsabilités.
“Je suis un peu nerveux de porter ces couleurs du HRC, je ressens une grande responsabilité même si je ne suis que le pilote d’essais, mais c’est la plus grande équipe de l’Histoire de notre sport alors je suis vraiment reconnaissant de pouvoir courir sous ces couleurs”, déclarait-il auprès du site officiel du MotoGP à la veille des premiers essais.
Pour un compétiteur acharné comme l’est Espargaró, se couler dans ces nouvelles fonctions n’a pas été une démarche tout à fait anodine. Et s’il n’a pour le moment réalisé que peu de tests pour le HRC, c’est en retrouvant la grille qu’il a véritablement été confronté à l’approche différente qui doit être la sienne à présent, ce qui lui a demandé un certain calibrage au fil du week-end.
J’ai vraiment besoin d’adapter mon cerveau à mon nouveau rôle.
“J’essaye de ne pas me mettre trop de pression”, avait-il anticipé. “J’ai vécu avec la pression pendant 20 saisons mais ça n’est plus mon rôle. Évidemment, quand on fait partie du HRC et qu’on est dans le championnat du monde MotoGP, il faut être concentré et se donner à 100%, mais je ne me fixe vraiment pas d’objectif comme un podium, un top 10 ou quoi que ce soit parce que ça ne serait pas réaliste.”
“J’ai vraiment besoin d’adapter mon cerveau à mon nouveau rôle”, admettait-il après la première journée, “parce qu’évidemment, quand je m’arrête au stand je regarde encore la première position, je me pousse et je me dis que je dois placer la moto au sommet, or ça n’est pas l’objectif. Je dois être compétitif, c’est certain, mais au cours des trois derniers mois, je n’ai piloté la moto qu’un jour et demi à Valence, alors je ne peux pas prétendre venir ici et placer la moto sur le podium.”
Reprendre le rythme d’un Grand Prix
Il avait beau avoir conscience que son but n’était pas de viser un résultat précis, Espargaró peinait à masquer une certaine déception lorsque le Grand Prix est entré dans sa phase compétitive. Vendredi, déjà, son exclusion du top 10 valant qualification directe en Q2 a été une première pichenette à encaisser.
“Tout a été trop vite pour moi”, observait l’Espagnol, pourtant connu pour son extrême efficacité dans le time attack. “Dans les 20 dernières minutes de la séance, avec les pneus tendres, j’ai eu beaucoup de vibrations que je n’avais pas eues au test, alors il faut que je comprenne comment composer avec ça avant qu’on résolve le problème. Donc ça fait beaucoup, beaucoup de nouvelles choses.”
Puis, samedi, qualifié 19e et 18e à l’arrivée de la course sprint, à 12 secondes de la première Honda, il a dû se faire une raison. “Ça s’est bien passé. Je m’attendais à un peu plus, à être vraiment un peu plus compétitif, mais on a eu des soucis en qualifs, je n’avais plus qu’une moto donc je n’ai pu faire qu’un tour. Si j’avais fait un bon tour, je pense que j’aurais vraiment été très proche de passer en Q2 mais je n’y suis pas entré. Et après, à Jerez c’est vraiment difficile de dépasser, alors j’étais juste bloqué derrière les Yamaha et je ne pouvais rien faire.”

Aleix Espargaró a retrouvé la grille avec le sourire.
Photo de : Gold and Goose / Motorsport Images
“J’ai vraiment pris du plaisir”, affirmait malgré tout Espargaró, commençant à sentir que ses épaules sont tout de même allégées d’un certain poids. “C’est quelque chose contre lequel on ne peut rien, on a tout le temps la pression, la tension, on en veut plus, on est là pour obtenir des résultats. Mais c’est la première fois dans ma carrière que je n’ai pas cette sensation.”
“Évidemment, je me suis poussé à la limite mais sur la grille, j’étais content. C’est un endroit que je déteste, le pire endroit sur terre pour moi, mais aujourd’hui j’étais plutôt relax, j’ai apprécié ce moment. J’aime beaucoup mon job, je fais de mon mieux mais je sais que c’est à Joan [Mir] et Luca [Marini] de placer la moto sur le podium, pas à moi !”
Espargaró s’est retrouvé dimanche
Dimanche, classé dans les points avant de reculer au 17e rang après avoir été pénalisé pour ne pas avoir respecté la pression pneumatique requise, Espargaró retenait surtout qu’il avait réussi à retrouver ses automatismes de coureur tout en répondant à ce qui était attendu de lui.
“Aujourd’hui, je suis satisfait. Hier, j’étais un peu déçu, vraiment, parce que je ne me suis pas senti compétitif, j’ai eu le sentiment de ne pas être au niveau minimum. J’ai roulé trop loin des [autres] Honda et je me suis senti extrêmement mal dans le pilotage de la moto, ça n’était pas moi.”
“C’était une question de temps. Je me suis senti mieux ce matin, puis de mieux en mieux avec la moto au fil des tours pendant la course et, à la mi-course, je crois, j’étais plus ou moins sur le même rythme que les autres Honda, ce qui est super. Le test ici m’a vraiment manqué [il s’est tenu à Valence au lieu de Jerez, ndlr], et aussi un peu de piste avant de faire la wild-card mais c’est comme ça, je ne reproche rien.”
D’après ce qu’il indiquait la semaine dernière, Espargaró devrait probablement réaliser une autre wild-card cette saison. Il n’est toutefois pas demandeur de multiplier les apparitions, quoi que les concessions permettent au constructeur japonais. “Je pense avoir fait un boulot solide aujourd’hui”, retenait-il dans un sourire dimanche. “Je suis très heureux et fier d’avoir couru sous ces couleurs.”
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Aleix Espargaró
Honda HRC
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