Honda semble bel et bien de retour. Pour la première fois depuis le GP d’Inde 2023, au moins deux représentants de la marque prendront part à la Q2 samedi au GP de Thaïlande. Déjà à Buddh, Marc Márquez, alors pilote phare de la marque, et Joan Mir avaient obtenu leur qualification dans la deuxième partie dès le vendredi. Cette fois, Mir sera accompagné de Johann Zarco, pilote le plus performant du constructeur l’an passé.
Mir est en grande forme depuis les tests de pré-saison et, en arrivant à Buriram, il affichait sa confiance quant à sa capacité à briller en course. “Je pense que c’est le rythme pour le top 5”, lâchait-il du bout des lèvres jeudi, se refusant à tout excès d’optimisme : “Les dernières années j’ai compris que je ne pouvais pas être super optimiste parce que je dois un peu me protéger, au cas où ça ne fonctionne pas.”
Mais après deux saisons où les désillusions ont été nombreuses, l’Espagnol est ravi du sixième temps réalisé ce vendredi. “Je pense qu’il faut que l’on soit super heureux”, a déclaré Mir. “Vous connaissez tous les problèmes que l’on a eus depuis deux ans, cela n’a pas été facile mais je pense qu’on n’a jamais renoncé. On a travaillé plus que quiconque et, quand personne ne croyait en nous, on a continué. Maintenant, on commence à voir la lumière au bout du tunnel.”
“Je suis content pour mon équipe et particulièrement content pour moi !”, a ajouté Mir, qui a songé à la retraite au cœur des difficultés traversées avec Honda. “J’ai connu le succès dans la première partie de ma carrière, plus que beaucoup de pilotes, et cette situation des deux dernières années, vous pouvez imaginer que ce n’était pas simple à gérer. J’ai fait au mieux, je fais encore aussi bien que possible. On n’abandonne jamais et on commence à voir la lumière.”
Si Mir a fait ces progrès, c’est parce que la nouvelle version de la RC213V lui apporte une confiance qu’il n’avait pas la saison passée, notamment dans les sensations procurées par le moteur : “Je comprends mieux ce qu’il se passe maintenant. C’est un peu ce que je peux expliquer. Je comprends mieux [les choses], je sens mieux les pneus, je sens mieux la connexion avec le moteur, la moto tourne un peu mieux, elle s’arrête un peu mieux.”
Joan Mir
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
“Oui, il y a encore du travail à faire, nous n’avons pas encore le même potentiel que les autres mais la moto me permet de piloter, je peux piloter et je peux me battre devant”, a-t-il souligné. “Je ne sais pas si vous l’avez vu sur les images mais je peux piloter comme je l’aime, freiner super fort, entrer sur les freins, garder de la vitesse en courbe.”
“Du milieu du virage à la sortie, on perd du temps, on a la moto la plus lente de la grille et en étant à trois dixièmes avec une moto qui perd au moins 5 km/h en ligne droite, ce n’est pas facile. C’est pour ça qu’il faut qu’on soit satisfaits.”
Cette faiblesse provient du V4 Honda, qui conserve une importante marge de progression selon Mir : “Le moteur n’est pas meilleur que l’an dernier, et l’an dernier il n’était pas très rapide. C’est notre plus gros problème actuellement. Il faut qu’on se concentre sur ça parce que je suis certain que si l’on peut améliorer ce moteur, on pourra être très optimistes. Je pense qu’on serait assez facilement dans le top 5 ou le top 8 avec un meilleur moteur.”
“Actuellement, il faut prendre de gros risques, probablement plus que les autres, pour être là, parce qu’on n’a pas le grip et l’accélération. Il faut que l’on compense au freinage, en entrée de courbe et avec la vitesse de courbe. Ce sont les domaines où on peut faire la différence. Mais le fait est que les autres ne sont pas lents ! Essayer de le faire soi-même n’est pas facile mais je peux être satisfait.”
Joan Mir
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Satisfait mais pas trop optimiste pour autant : “Ce n’est pas comme si j’avais fait le tour de ma vie. Je pense qu’on a un bon rythme, pas le meilleur mais un bon rythme. Quand on prend un pneu neuf, on arrive à rivaliser avec les autres. Cela veut dire que demain, si on assemble tout, on aura le rythme suffisant pour prendre du plaisir. Je pense que c’est le plus important.”
Zarco pouvait faire mieux
L’entrée directe en Q2 est aussi une bonne nouvelle pour Johann Zarco, qui n’avait réussi cette performance que trois fois l’an passé, dont une déjà à Buriram. “La première Q2 l’année parce que c’était la première à aller chercher !”, s’est félicité le Français. “Je suis content. C’est l’objectif que l’on veut, être en Q2 pour avoir plus de chances en qualifications. C’était une séance intéressante.”
Zarco aurait pu faire mieux en se montrant moins optimiste : “Pour le time attack, j’ai fait un bon tour avec mon premier pneu. Pour le deuxième, avec le deuxième pneu, j’étais vraiment calme, je me suis dit ‘OK, je vais essayer de suivre quelqu’un et améliorer le chrono’. J’aurais pu essayer de suivre Marc Márquez mais j’en voulais un peu plus, faire bouger un peu plus la moto, et j’ai été plus lent. C’était dur parce que si on en veut trop, on fait moins bien.”
Zarco se félicite néanmoins de disposer d’une Honda qui a un “bon potentiel” même s’il n’en profite pas aussi bien que le leader de la marque ce vendredi : “Mir l’utilise mieux depuis le test et il a l’air plutôt content. Je ne suis pas content à 100% parce que c’est encore difficile à reproduire mais plus je comprends ce que je dois faire, plus j’ai de plaisir parce que je sens que je peux peux me rapprocher d’une bonne bagarre pour de bonnes places. Demain matin, il n’y aura pas de stratégie, juste être aussi rapide que possible pour faire de bonnes qualifications.”
Johann Zarco
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Dans le garage LCR, Zarco perçoit lui aussi des progrès… mais aussi le besoin de mieux cibler les faiblesses : “Je pense qu’on a plus de grip à l’arrière que l’an dernier. On a encore cette vibration dont on se plaignait l’an dernier, il y en a encore quelques unes sur cette piste, mais on a un grip d’ensemble qui aide à avoir de meilleures performances, même si on se plaint des mêmes choses. Je suis certain qu’on n’a pas que des plaintes sur ça. Il faut avoir le bon état d’esprit pour commenter d’autres choses que simplement le grip arrière.”
Un troisième pilote Honda aurait pu s’inviter en Q2 puisque Luca Marini a longtemps figuré dans le top 10. Il a fait les frais des drapeaux jaunes en fin de séance, qui l’ont fait dégringoler en 16e position et l’ont empêché d’améliorer son chrono.
“Jusque-là, on était tout le temps à une bonne position”, a souligné Marini. “Le rythme semble bon. Demain, on essaiera d’entrer en Q2 mais ce sera une très grosse bagarre. Je pense que c’était beaucoup plus simple d’entrer en Q2 aujourd’hui, en restant dans le top 10, parce que c’est sûr que Pecco [Bagnaia] va passer. Il y a aussi Brad [Binder] et Jack [Miller] qui sont toujours super forts quand ils sont en Q1.”
Le quatrième représentant de Honda, Somkiat Chantra, a connu une journée plus difficile pour son premier week-end en MotoGP. Il a signé le 21e temps et a reçu une pénalité de trois places sur la grille de départ pour avoir gêné Marco Bezzecchi lors des Essais.
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Vincent Lalanne-Sicaud
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