Acosta hausse le ton face au niveau de KTM : “Je ne l’accepte pas”

Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com

26 mai, 2025 16:00

Le week-end de Silverstone semblait avoir bien débuté pour KTM, avec l’annonce d’une ardoise réglée par Bajaj et d’une situation financière enfin plus encourageante qu’elle ne l’a été depuis six mois. Mais du côté des résultats, ce septième Grand Prix de la saison a tourné au fiasco.

Aucun des quatre pilotes de la marque n’a participé à la Q2, une première cette année, et il n’y a finalement que Pedro Acosta qui a quelque peu sauvé les meubles en prenant les points de la huitième place au sprint puis une sixième position plutôt louable dans la course principale, son deuxième meilleur résultat de la saison après Le Mans. Pourtant, l’Espagnol n’avait pas de discours positif à tenir. Au contraire, il a multiplié les appels à l’aide à l’attention de KTM, insistant sur le fait qu’il fallait une réaction, et vite.

“Ça n’a pas été une course étrange, mais une course désespérante”, a résumé Acosta à l’arrivée du Grand Prix. “C’est assez triste de voir qu’on essaye d’être parfait dans les accélérations, dans la manière de redresser la moto, de prendre de l’angle, en étant proche [des autres], et puis on perd tout à l’accélération pour une raison claire qui est qu’on n’a pas la quantité de grip qu’ont les autres motos.”

Samedi, après ce qu’il a estimé être “une bonne remontée” de la 14e à la huitième place du sprint, il observait déjà : “On ne pouvait rien faire de mieux. C’est assez frustrant de ne même pas avoir les outils pour jouer. C’est assez difficile quand on ne peut même pas se battre. OK, on pouvait se battre jusqu’à un certain stade mais c’était ridicule.”

“Pour moi, ce n’est pas suffisant de partir 14e et de finir huitième, ce n’est pas ce que je voulais, pas ce que je voulais pour ma carrière, ce n’est pas pour ça que je travaille. Je pense que tout le monde doit faire de gros progrès. Vite, très vite”, prévenait-il alors.

Et vingt-quatre heures plus tard, l’Espagnol était tout aussi incisif lorsqu’il lui a été demandé dans quelle mesure il doit accepter la situation et se montrer patient. “Je ne l’accepte pas et je ne suis pas patient”, a-t-il répondu. “Les opportunités ne se présentent qu’une fois dans la vie. Et je ne vais pas employer toute ma vie pour être champion dans ce championnat. J’ai besoin d’aide de la part de l’usine, c’est tout.”

Neuvième du championnat, Pedro Acosta n’est pas du tout là où il le souhaite.

Photo de : KTM Images

À seulement 21 ans et alors qu’il dispute sa deuxième saison dans la catégorie, Pedro Acosta pourrait se rassurer face au long chemin qui s’ouvre face à lui. Au lieu de ça, il exprime une certaine angoisse à l’idée de rester englué dans cette situation.

“On est jeune jusqu’au moment où on ne l’est plus”, a-t-il ainsi fait remarquer dimanche, le jour même de son anniversaire. “Beaucoup de stars du championnat ont émergé très vite et ont disparu tout aussi vite. Vous vous souvenez de Freddie Spencer ? Il a gagné deux titres, ensuite il a eu quelque chose avec son bras et il n’est jamais redevenu le même.”

“Ça n’est pas que moi : les quatre KTM étaient hors de la Q2 ce week-end et on a tous eu beaucoup de mal à être compétitifs. On a besoin de l’aide du constructeur, et là je parle des quatre pilotes, pas uniquement de moi.”

Acosta dit toujours croire dans le projet KTM

Le nom de Pedro Acosta fait partie de ceux qui circulent le plus dans les coulisses des Grands Prix. Bien qu’étant sous contrat jusqu’à la fin de la saison prochaine, on parle de lui pour un hypothétique transfert chez VR46 afin de rebondir au guidon de la Ducati. Lui refuse d’alimenter ces spéculations, affirmant inlassablement qu’il a un accord et que c’est chez KTM qu’une solution doit être trouvée.

“J’ai encore une année de contrat et je crois vraiment dans ce projet”, assurait-il encore dimanche, “mais je parle sérieusement quand je dis que j’ai besoin d’aide. Je ne veux pas venir ici avec la KTM et simplement consommer du carburant. Je veux me battre.”

“Aujourd’hui, j’ai plus ou moins réussi à me battre jusqu’au moment où j’ai été dans le groupe de Marc [Márquez], Franco [Morbidelli], Jack [Miller] et Álex [Márquez] et où je n’ai plus été en mesure de le faire. C’est ce qui me fait bouillir, d’être si proche et de ne pas y arriver. Peu importe ce qu’on fait, ça n’arrive jamais.”

Questionné sur les rumeurs, il a poursuivi : “Je redis toujours la même chose : je crois dans ce projet comme ça n’est pas permis. Chez KTM ce sont des gagnants, ils ne sont pas juste là pour passer, comme beaucoup d’autres constructeurs. Ils ont les capacités, ils ont tout, mais il faut qu’on trouve quelque chose. J’ai parlé sérieusement avec eux, je leur ai dit : ‘Les gars, j’ai besoin de quelque chose, juste pour être compétitif’. Je ne parle pas de gagner le championnat cette année ou l’année prochaine, mais de sentir que je me bats pour quelque chose.”

“C’est pour ça que j’ai signé ce contrat, pour me battre pour le titre, c’est clair, et ce quitte à perdre après m’être battu. Mais, là, on ne se bat pas. J’ai parlé de ce problème depuis le premier jour du premier test que j’ai fait sur la moto, en Malaisie, mais il est toujours là. Le problème, c’est qu’il n’y a rien de nouveau.”

“Peut-être que cette année, les chronos sont plus élevés et plus proches, et c’est encore pire pour nous. Peut-être aussi que le fait qu’il y ait plus de marques compétitives, comme avec Zarco qui est revenu sur le podium et les Yamaha, est encore plus dur pour nous. Ça laisse penser qu’on n’est pas aussi bons qu’on le pensait et ça veut peut-être dire qu’il faut changer des choses. J’ai entendu que Yamaha avait apporté un nouveau châssis ici et ils ont fait la pole et ont failli gagner la course”, a conclu l’Espagnol en laissant ses propos en suspens.

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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