Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Pecco Bagnaia n’est pas du genre à embellir ses discours lorsque la situation est mauvaise, et elle l’est assurément en ce moment. Alors l’Italien a été clair dimanche : “On a touché le fond”, a-t-il déclaré. Certes, son résultat en course devait beaucoup plus à un contact malheureux au passage de la première chicane qu’à sa performance pure, mais pour autant, ce qu’il emmenait avec lui en quittant la Sarthe, c’était surtout son manque chronique de sensations dans sa moto.
Le pilote Ducati a pourtant dit avoir compris quelque chose d’important au début du week-end du Mans. Mais ce n’est qu’un premier pas, celui de la prise de conscience qu’il ne retrouvera pas la fiabilité du train avant qu’il aimait tant sur la moto jusqu’ici. Désormais il s’agit d’identifier comment s’y adapter, et la tâche paraît s’annoncer immense au vu des commentaires que livre le pilote.
Aujourd’hui, Pecco Bagnaia pointe à 51 unités de son coéquipier Marc Márquez, leader du championnat. Mais il sait que cet écart serait bien plus grand si l’Espagnol n’avait pas commis deux lourdes fautes, à Austin et Jerez. L’Italien, lui, ne s’est encore jamais senti dominant au bout de six week-ends, et c’est indéniablement préoccupant.
“Le truc, c’est qu’on est toujours un peu plus proches en termes de rythme, un peu plus proches en termes de chronos, parce que je n’ai jamais un rythme à plus de deux dixièmes, mais on parle de dixièmes, de millièmes. Et actuellement, sans confiance sur la moto, je ne peux pas attaquer comme je le veux”, tente-t-il d’expliquer.
Il a longuement et de multiples fois décrit ce qu’il ressentait. Désormais, le pilote en appelle sans ambiguïté à l’aide de son équipe pour trouver une solution. “C’est quelque chose que mon équipe doit m’expliquer, ils doivent me donner quelque chose de plus”, a-t-il fait savoir lorsque le site officiel du MotoGP lui a demandé où était la lumière.

Pecco Bagnaia a gagné un Grand Prix cette saison, mais seulement après la chute de Marc Márquez.
Photo de : Ducati Corse
“Je sais qu’ils essayent de tout faire pour m’aider mais au bout de six week-ends de course, on ne trouve pas de solution et mes sensations sont actuellement très mauvaises sur la moto. Je ne sens rien, je ne reçois aucun retour de la part de la moto. Je peux faire les tours les plus rapides ou rouler quatre secondes plus lentement et ma moto m’apporte le même retour, donc c’est très difficile.”
“J’ai l’impression qu’on travaille tous à la recherche d’une solution à cette situation. Pour le moment, on ne la trouve pas, probablement parce qu’avec cette moto on a plus de mal à trouver une solution. Mais c’est difficile pour eux aussi, on est tous dans le même bateau.”
À la direction de l’équipe, on a entendu le message. Davide Tardozzi comme Gigi Dall’Igna ont exprimé leur soutien à celui qui a ramené le constructeur au titre, en 2022. Ils ont promis de mobiliser les ingénieurs pour tenter de percer la clé de ce package technique qui donne tant de mal à Bagnaia afin qu’il puisse évoluer au niveau qu’il mérite.
“L’objectif de l’équipe, des ingénieurs et de Gigi [Dall’Igna] est d’aider Pecco”, a déclaré le team manager Davide Tardozzi à Sky Sport MotoGP, en Italie, “car nous connaissons sa valeur. Nous aussi, nous sommes surpris de ne pas encore avoir réussi à lui donner ce dont il a besoin, parce que Pecco a clairement été le protagoniste des quatre dernières années et il n’a pas oublié comme piloter une moto. C’est évident.”
“Malheureusement, nous n’avons pas encore réussi à trouver la voie à suivre pour l’aider, tant personnellement que techniquement. Mais c’est notre objectif : nous devons absolument le faire parce que nous devons ramener Pecco dans la lutte pour la victoire, ce dont il est capable. C’est nous actuellement qui devons l’aider. Je crois qu’il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire, tant au niveau humain que technique. C’est notre devoir parce que c’est un champion et il doit pouvoir appliquer en piste son talent.”
Un champion qui sait se relever
Si Davide Tardozzi insiste sur l’aspect humain et personnel, c’est qu’il apparaît de plus en plus évident que Pecco Bagnaia a besoin de soutien. Sans aller jusqu’à parler de défaillance psychologique de sa part, il se trouve néanmoins dans une spirale négative dont son équipe aimerait le sortir.
“Il est clair qu’actuellement, le moral de Pecco est au plus bas, mais c’est un champion. Il a déjà su se relever et il le fera cette fois-ci aussi”, a ajouté le team manager. “Nous savons tous à quel point la situation psychologique est importante également quand on prend la piste et qu’on a pour métier d’être pilote MotoGP, surtout un pilote qui gagne. Aider Pecco est notre devoir à 360°.”

Davide Tardozzi entend soutenir son pilote techniquement et moralement.
Photo de : Marc Fleury
“C’est un garçon exceptionnel, qui a beaucoup donné à Ducati. Il mérite tout notre respect”, a déclaré Gigi Dall’Igna à DAZN, rappelant que le parcours de Bagnaia dans la catégorie MotoGP étaient intrinsèquement et exclusivement lié à Ducati.
“Il rencontre actuellement certaines difficultés, et il est en notre pouvoir de l’aider. Parce que, comme tout le monde, même les pilotes et les grands champions ont besoin d’aide, sur le plan technique mais aussi sur le plan humain. Comme je le dis souvent, le plus important pour un champion, c’est la tête. Quand l’esprit est en place, tout est plus facile, on comprend mieux ce qu’il faut faire. Et bien souvent, il faut laisser de côté certains aspects techniques, car si le pilote est convaincu que faire quelque chose est la bonne chose à faire, la meilleure chose à faire est d’aller dans cette direction.”
Même les grands champions ont besoin d’aide, sur le plan technique mais aussi sur le plan humain.
“Je pense qu’en ce moment, Bagnaia a autant besoin de nous que nous avons besoin de lui. Car, au final, j’aimerais avoir deux grands champions qui se battent pour gagner des courses”, a ajouté le directeur général de Ducati Corse.
“Une question de temps” pour Dall’Igna
L’arrivée de la pluie dimanche, au Mans, a privé Bagnaia d’une opportunité d’expérimenter une modification sur son package, minime cependant selon les explications qu’il en a donné : “[Dimanche], on a tenté quelque chose mais on n’a pas eu la chance de le tester. Sincèrement, le changement qu’on a fait sur la moto était très petit donc à Silverstone, j’espère vraiment que notre travail sera suffisant pour me redonner mes sensations.”
Davide Tardozzi veut y croire, car il a dit s’attendre à une réaction dès la prochaine manche en Grande-Bretagne : “Dans les prochains jours, les ingénieurs vont réfléchir encore plus profondément à ce qu’il est possible de faire pour l’aider, et je crois que nous le verrons dès la prochaine course.”
Gigi Dall’Igna refuse quant à lui de juger la saison de Bagnaia d’ores et déjà perdue : “Nous considérons que c’est le meilleur début de championnat de toute la carrière de Pecco. Même quand il a gagné les deux titres, il n’a pas commencé aussi bien. Il a besoin de temps pour tout mettre en place, il a besoin de courses pour s’échauffer et trouver les bonnes situations. Je pense donc que nous allons lui permettre d’exprimer tout son potentiel.”
“Nous devons continuer à travailler avec Pecco pour lui donner la confiance qui lui manque encore. Mais j’insiste, il est habitué, depuis toujours, à ce que son début de championnat ne soit jamais super rapide. Là où il fait la différence, c’est dans la dernière partie du championnat. Je pense que c’est une question de temps.”
Un temps que Pecco Bagnaia semble décidément trouver très long.
Avec Vincent Lalanne-Sicaud et Rubén Carballo Rosa
Dans cet article
Léna Buffa
MotoGP
Pecco Bagnaia
Ducati Team
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