Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Jack Miller n’a pas du tout apprécié la pénalité reçue pour son contact avec Fermín Aldeguer en course sprint à Valence. L’Australien a été jugé coupable de leur accrochage au virage 2, qui a fait voler plusieurs éléments de la Ducati, et il a reçu l’ordre de rendre trois places, ce qui devait bénéficier à Aldeguer… mais il a volontairement ignoré l’ordre, et la sanction a finalement été transformée en long-lap.
“Je pouvais voir le tableau de bord, mais trois positions à ce stade, quand on est deux secondes devant la première moto [de derrière], c’est un peu ridicule, donc je n’allais pas faire ça”, a expliqué Miller sur un ton désabusé. “Quand le long-lap est arrivé, j’ai compris qu’il pouvait être reporté au Grand Prix de demain, donc il valait mieux le faire.”
“La pénalité est la chose la plus ridicule que j’ai jamais vue”, a estimé l’Australie, dans une colère froide. “J’ai perdu trois places de toute façon”, a-t-il noté. “Je vous laisse juge. Les pneus étaient merdiques après que je sois passé dans la zone du long-lap, avec toute la poussière, etc. J’ai essayé de nettoyer ça aussi bien que possible mais dans les trois derniers tours, c’était comme sur de la glace en piste.”
Plus que la nature de la pénalité, c’est surtout sa motivation qui chagrine Miller. Il estime qu’Aldeguer était en fait responsable du contact, après avoir refusé de continuer à freiner pour laisser filer sa moto et rester à sa hauteur, jusqu’à l’extérieur de la trajectoire.
“Selon moi, la pénalité n’est pas valide. C’est impossible de doubler quelqu’un s’il continue à relâcher les freins sur toi. Je l’ai doublé une première fois au dernier virage, il a continué à se jeter sur mon pneu avant. On est sortis de la ligne droite ensemble dans le premier tour. Évidemment, sa moto est une fusée donc il est repassé devant. J’ai passé le tour suivant à décider où j’allais faire ma manœuvre.”
“J’ai pris autant d’élan que possible en sortant du premier virage, jusqu’au virage 2. Tout était sous contrôle et dès que j’ai été à sa hauteur, il a relâché [les freins]. C’était de plus en plus proche. À un moment donné, il y a eu un contact parce qu’on relâche tous les deux les freins.”
“S’il pensait qu’il allait repasser devant, il aurait été malin qu’il freine et coupe la trajectoire. Mais si on pilote comme ça, on provoque le contact et ce n’est pas correct. Et après, on perd des ailerons. La semaine dernière, j’ai pris un coup et il n’y a rien eu. Cette semaine, il provoque le contact et je reçois une pénalité.”

Fermín Aldeguer
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
De son côté, Aldeguer n’est pas véritablement entré dans des explications sur la dynamique de l’incident, mais estime que Miller s’est montré très agressif dans son dépassement. “J’ai eu de la chance de rester sur la moto parce que j’aurais clairement pu tomber et me blesser au bras”, a estimé le pilote Gresini, sans se prononcer directement sur le fond : “Je ne sais pas si c’est OK ou pas, mais il a terminé derrière moi et c’est bien comme ça. Mais au final, j’ai perdu ma course, c’est clair.”
“Si un pilote me touche ou si je touche un pilote, comme Binder, et que c’est à la limite, ça va. Mais là, ça n’était bien ni pour lui, ni pour moi parce qu’il a été pénalisé et moi, j’ai perdu ma course. Je ne sais pas s’il a fait ça parce qu’à Portimão, je l’ai touché au troisième virage du sprint et qu’il a perdu des places.”
“Là, c’était le premier tour et il faut regarder [autour de soi] et chercher sa place, et la direction de course n’agit pas. Malgré tout, ce qui est important c’est qu’on est OK pour demain, et on verra bien.”
Un problème de génération selon Miller
De son côté, Miller n’en démord pas et juge que la responsabilité est bien du côté d’Aldeguer, qui ne voulait pas céder : “Je fais de mon mieux : avec une moto qui manque de puissance, on ne peut pas doubler. Quand tu fais un dépassement propre, ils compliquent ça en relâchant les freins et en essayant de passer devant ton pneu avant. Ce n’est pas de la course, ce sont des auto-tamponneuses.”
Miller attribue-t-il cette attitude à l’inexpérience d’Aldeguer ? “Non, c’est la nouvelle génération”, a estimé le pilote Pramac, dans une analyse froide. “C’est le style de pilotage. Ils sont plusieurs sur la grille à faire ça, globalement les plus jeunes. Mais si on continue à sauter sur quelqu’un quand il tente un dépassement, un contact arrive, c’est inévitable. Il suffit de revenir en arrière, et de voir ce qu’ils ont fait.”

Jack Miller
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
“Ce n’est même pas du ‘même pas cap’, ce sont les lois de la physique”, a-t-il précisé. “On prend le même virage. Si tu continues à relâcher [les freins], je suis là ! Je suis de moins en moins loin, donc au final, on aura un contact. Le ‘même pas cap’, c’est qui freinera en premier. Ce n’est même pas ça. Vous avez vu à quel point il est sorti large. Il ne prend plus le virage, parce qu’il a décidé de relâcher les freins. On est déjà à la limite.”
Miller veut se calmer avant de parler avec Crafar
Jack Miller et Fermín Aldeguer n’ont pas pu confronter leurs opinions puisque le premier a choisi de sécher la convocation dans le bureau des commissaires. Il préfère discuter avec Simon Crafar, président du collège des commissaires, à tête reposée, conscient que sa colère ne ferait qu’aggraver la situation.
“Je ne suis pas allé à la réunion des commissaires parce qu’il valait mieux que je n’y aille pas. Je suis certain que je discuterai avec Simon plus tard, ce qui est mieux pour nous deux. On fera ça dans le calme, vous voyez.”
Crafar a été nommé à la place de Freddie Spencer cette année et son approche a vite été saluée par les pilotes, entre une volonté de dialogue mais aussi de pédagogie. Le but était aussi de trouver plus de constance dans les décisions, néanmoins Miller estime qu’elle fait toujours défaut, en citant la victoire de Pecco Bagnaia avec une moto fumante à Motegi, qui suscite l’interrogation de la part de plusieurs constructeurs.
“Si vous cherchez de la constance, que s’est-il passé avec Binder la semaine dernière ? Pas une seule pénalité. Que m’est-il arrivé la semaine dernière ? Aucune pénalité. Parler de constance n’est pas du tout envisageable, putain. J’ai été privé de dix minutes d’une séance parce que ma moto fumait et on a laissé gagner une moto qui a fumé pendant presque la moitié d’un Grand Prix. J’ai eu une amende de 3000 euros pour la même chose. Il n’y a pas de putain de constance, c’est clair.”
Avec Léna Buffa
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| Lire l'article complet - Auteur de l'article : Vincent Lalanne-Sicaud |

