Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Au bout de 20 Grands Prix, Enea Bastianini peine parfois à masquer son agacement lorsque les premiers essais d’un week-end de course le relèguent au fond du classement. Ce fut le cas à nouveau en Malaisie, avec un 19e temps bien trop modeste pour sa KTM à l’issue de la journée d’ouverture. Dans la foulée, il a réédité ce rang le lendemain en qualifications, retrouvant un positionnement sur la grille comparable à celui qui a été le sien depuis cinq Grands Prix.
Avant cela, le pilote Tech3 a connu une belle parenthèse, entre Brno et Barcelone, qui aujourd’hui étonne. Par quatre fois en effet, il a alors atteint la Q2 (et même trois fois dès les essais du vendredi), puis en course il est monté jusqu’au top 5 et s’est même hissé sur le podium en Catalogne. Mais, depuis Misano, Bastianini a l’impression d’être revenu à la case départ.
Comment expliquer ce retour en arrière ? “Bonne question ! Je ne sais pas”, a-t-il admis lorsqu’il a été interrogé sur ce recul, à Sepang. “Tous les vendredis, on se retrouve dans cette situation. Depuis Misano, le vendredi est devenu un désastre. On n’arrive pas à être rapides et ça n’est pas qu’une question de vitesse, c’est vraiment une question de confiance. Je n’arrive pas à me détendre sur la moto et quoi que je fasse, rien ne marche.”
“Il y a de toute façon quelque chose qui ne fonctionne pas. Chaque fois que j’arrive sur un circuit, c’est comme repartir de zéro. J’ai déjà dit ça en début d’année, j’avais l’impression de repartir de zéro et j’ai le sentiment d’en être revenu là”, ajoutait-il, se montrant très pessimiste après les premiers essais du week-end.
“Si je dois dire la vérité, tant que des choses pouvant m’aider n’arrivent pas, je ne vois pas vraiment de lumière”, assénait alors un pilote habituellement lumineux.
Pas d’évolution du package pour les derniers GP
S’il évoque l’arrivée de nouvelles pièces pouvant l’aider, Bastianini sait qu’il n’a rien à en attendre dans l’immédiat. Il va lui falloir se contenter du package actuel pour continuer à chercher des solutions lors des deux derniers Grands Prix. Le développement pur, lui, attendra.
“Il y a des pièces prévues pour le test, qu’on va essayer”, a-t-il révélé à Sky Sport MotoGP, en évoquant le test de Valence qui aura lieu au surlendemain du dernier GP. “Évidemment, on ne sait pas encore exactement quoi, ni si ça fonctionnera mieux. Quoi qu’il en soit, je sais que l’usine travaille pour essayer de nous apporter son soutien.”

La moto d’Enea Bastianini n’est pas exactement la même que celle de Pedro Acosta, et ça ne changera pas avant Valence.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
“Les nouveautés n’arriveront pas [avant la fin de la saison], il va falloir serrer les dents. On aura quelques nouveautés au test. Il y a quelques pièces qui sont sur la moto de Pedro [Acosta] et que l’on n’a pas, et je ne crois pas qu’elles arriveront, mais je ne peux pas le savoir”, ajoutait Bastianini, intrigué par les performances d’un Acosta désormais nettement au-dessus du lot dans le quatuor KTM.
“Pedro est très bon dans le time attack, il arrive à être très efficace. La nouvelle fourche semble bien fonctionner, mais il n’en a qu’une lui-même, donc on ne peut évidemment pas demander à l’avoir nous aussi.”
Que cette fourche soit l’élément décisif ou non, force est de constater que les performances de l’Espagnol montrent que le potentiel de la moto n’est pas en cause, ce qui est est à la fois motivant et agaçant pour Bastianini. “Ça veut dire que la moto permet d’être à ce niveau-là. Aujourd’hui, mon rythme aussi était très bon et il est évident que ça énerve de voir que je suis encore parti 19e”, observait-il encore après sa remontée jusqu’à la septième place en course.
Repartir en arrière à chaque nouveau circuit
Après de premiers essais compliqués, la suite du week-end l’a en effet progressivement déridé, aidé en cela par de bien meilleures sensations et des performances beaucoup plus convaincantes dans les courses. Le problème reste immanquablement de ne pas réussir à performer dans le time attack, mais aussi de devoir reprendre le set-up de la moto à chaque nouvelle piste.
“Je vis un moment un peu particulier, où je n’arrive pas à comprendre quelle voie prendre pour progresser”, admettait-il à Sepang. “Je n’arrive pas à avoir une base qui me permette d’être rapide en pneus neufs comme en pneus usés, et surtout sur toutes les pistes. Donc, ici aussi, on est parti avec un set-up et j’en ai un complètement différent désormais.”
“Mais ce qui est moche, c’est que ce qu’on fait avec la moto, je ne le sens pas tellement en piste. Donc je suis toujours plus ou moins [sur le même rythme], comme si le problème de fond restait. On a beau aller vers l’avant, l’arrière, allonger, raccourcir, quoi qu’il en soit le problème de fond reste.”

Enea Bastianini (Red Bull KTM Tech3)
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Pour ne pas faciliter sa situation, Enea Bastianini a dû composer avec une certaine instabilité à ses côtés ces dernières semaines. Son chef mécanicien de confiance, Alberto Giribuola s’en est allé, et son remplaçant, Xavi Palacin, a connu des problèmes personnels qui ont dû conduire à son propre remplacement momentané. C’est Thomas Foale, du test team de KTM, qui a donc accompagné le pilote italien récemment.
“Malheureusement, mon chef mécanicien actuel a eu des problèmes familiaux et il n’a donc pas pu être ici avec nous”, expliquait-il en Malaisie. “Évidemment, on perd un petit quelque chose en termes d’efficacité parce qu’il faut tout le temps apprendre un travail différent. Thomas, le chef mécanicien avec lequel je fais ce week-end, est très bon lui aussi, je me trouve bien avec lui, mais on ne peut pas poursuivre un travail qu’il aurait été intéressant de faire avancer d’ici à la fin du championnat.”
Il s’est néanmoins félicité du travail mené en Malaisie, bien plus à l’aise après la course qu’il ne l’était au début des essais sur place. “Le plus difficile, c’est de beaucoup changer mon style à chaque week-end de course, de l’adapter à ce que demande la moto actuelle. La KTM requiert un pilotage rien qu’à elle, mais ici mon pilotage ne suffisait pas, il fallait faire autre chose. On a beaucoup modifié la géométrie et, au final, on a réussi à être efficaces [dimanche]. J’espère qu’on n’aura pas besoin de refaire de grosses modifications pour la prochaine course.”
En vue de l’année prochaine, je sais que certaines choses vont changer, c’est certain, notamment au niveau technique.
Malgré son sentiment de devoir reprendre ses réglages à zéro à chaque changement de circuit, le pilote Tech3 espère pouvoir poursuivre sur sa lancée pour les deux prochains Grands Prix afin de capitaliser sur les enseignements de ce week-end, conclu par une superbe remontée. “J’aimerais emmener ce package sur les autres pistes parce que le fait de modifier à ce point-là [la moto] signifie qu’on n’a pas encore une base solide sur laquelle travailler.”
“On revient en Europe et il va probablement faire froid. Je ne sais pas comment ce sera à Portimão mais ce sera en tout cas une tout autre histoire, car la piste est complètement différente de celle-ci. On verra. On sait sur quoi il faudra qu’on travaille le vendredi, alors on va essayer de se donner à 100% dès le premier run, parce que ce sera important.”
“L’objectif est de trouver un peu de constance parce que je voudrais terminer les deux derniers Grands Prix en pouvant compter sur une base un peu plus solide et un peu plus de confiance. Après, en vue de l’année prochaine, je sais que certaines choses vont changer, c’est certain, notamment au niveau technique, donc il faudra voir. Il est certain en tout cas que j’aimerais travailler pour partir un peu plus haut.”
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| Lire l'article complet - Auteur de l'article : Léna Buffa |

