Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
En faisant le choix de racheter l’équipe Tech3 et de la diriger à partir de 2026, Günther Steiner et son associé Richard Coleman font preuve de la plus grande humilité. En dépit de leur expérience, riche et multiple, en sports mécaniques, tous deux se voient comme des “outsiders” ayant tout à apprendre des Grands Prix moto, ce qu’ils feront durant plusieurs mois aux côtés d’Hervé Poncharal lors d’une longue phase de transition.
Pour autant, beaucoup voient dans l’arrivée de l’ancien directeur de l’écurie Haas et star du docu-série qui a fait bondir la popularité de la Formule 1 sur Netflix le premier signe d’une mutation du MotoGP vers un championnat qui portera désormais la patte de Liberty Media. La prise de pouvoir du géant américain est effective depuis cet été et cela a déjà eu pour effet d’accroître la visibilité du championnat auprès d’investisseurs.
Le nouveau duo à la tête de Tech3 assure néanmoins que leur intérêt pour le MotoGP n’est pas né avec ce deal de Liberty et qu’il trouve sa source dans la qualité du championnat, indépendamment de ce qu’il adviendra désormais.
“Nous voulions vraiment faire quelque chose qui se fasse selon nos termes, sur lequel nous ayons pleinement le contrôle. Nous l’envisageons avec un horizon de cinq ans et nous sommes très excités de ce que nous allons pouvoir faire dans ce paddock”, a déclaré le futur team principal Richard Coleman, lors de la conférence de presse organisée à l’annonce de l’accord. “Nous l’abordons avec une humilité totale et avec beaucoup de choses à apprendre. Mais nous ne voulions pas juste venir grossir les rangs, donc nous avons cherché un projet qui soit apte à connaître le succès sur le long terme.”
“Je veux être clair sur un point, c’est que Günther et moi étions pleinement engagés vers le MotoGP, peu importe que la transaction de Liberty se fasse ou pas. Nous croyons dans le MotoGP, point”, a affirmé l’Anglais, conscient de la croissance qu’a déjà connu le championnat ces dernières années.

Le départ
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
“Je pense que ce championnat se développait déjà avant l’accord avec Liberty, qu’il s’agisse des fréquentations records sur place ou des audiences TV en hausse”, a-t-il ajouté. “Nous voyons donc Liberty en quelque sorte comme un accélérateur. Le championnat est peut-être un peu dans certaines parties du monde, et cela va certainement changer avec les plans de Liberty, mais nous le voyons vraiment comme un accélérateur.”
“Nous avons débuté cela avant que Liberty soit impliqué. Cela ne dépendait pas du fait que Liberty vienne ou pas. Nous avons vu du potentiel”, a confirmé Günther Steiner. “Le potentiel est partout. Je pense que le plus grand potentiel est d’attirer plus de monde, de faire en sorte que plus de personnes le regardent. C’est un sport très excitant. Quand on regarde les courses, on voit que ce sont des luttes d’homme à homme – certes, sur des machines. Il est très rare qu’il y ait des moments ennuyeux pendant les courses, et il faudrait que plus de monde le sache, sache à quel point c’est excitant. Cela nous aiderait.”
“Il y a déjà beaucoup de monde qui le suivent mais je pense qu’il existe le potentiel de faire grandir cela dans des pays où, pour le moment, il n’est pas aussi présent, comme les États-Unis. Il y a beaucoup d’opportunités”, a constaté le futur PDG de Tech3.
Ne surtout pas chercher à copier la Formule 1
Avec les quelques premiers Grands Prix auxquels il a assisté et les échanges qui ont mené à son investissement, Günther Steiner s’est déjà fait une idée de son nouvel environnement. Et la première différence qu’il a notée avec la Formule 1 n’est pas forcément là où l’on s’y attendrait.
“Nous avons été bien accueillis ici”, a-t-il répondu lorsqu’il a été interrogé sur ce point. “En Formule 1, franchement, il y a plus de pression. Il y en a ici aussi mais il s’agit plus d’une pression sportive, alors qu’en F1 c’est plus politique. J’ai donc été surpris par l’accueil qui m’a été réservé. Pour être honnête, je suis quelqu’un de l’extérieur et j’ai été bien accueilli, ce qui m’a paru très bizarre car ça n’est pas le cas partout.”

Günther Steiner s’est senti bien accueilli en MotoGP.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
S’il concède pouvoir être “un lien” entre F1 et MotoGP du fait de sa connaissance fine de la catégorie reine du sport auto, Günther Steiner préfère envisager une éventuelle inspiration de l’un pour l’autre, plutôt qu’une volonté de copier un championnat qui ne correspond pas à l’ADN des courses moto.
“Je ne pense pas qu’il faille copier ce qu’a fait la F1. Il faut regarder, analyser ce qui a été fait et ce qui a fonctionné ou pas, par exemple tout ce qui a été fait sur les réseaux sociaux pour obtenir cette croissance. Il ne faut pas non plus oublier que la Formule 1 a aussi eu un peu de chance à la période du Covid, car ils ont très bien réagi et repris du sport en direct. Beaucoup de monde attendait simplement des événements en direct, alors ils l’ont regardé et ont continué ensuite”, a souligné la star de Netflix.
“Chaque sport a sa propre histoire à raconter, sa propre manière d’être. Maintenant que Liberty l’a racheté, beaucoup de personnes pensent que [le MotoGP] va être un copier-coller de la Formule 1, mais je ne pense pas qu’ils vont faire cela. La famille Ezpeleta est toujours aux manettes et ils savent ce qui est important en MotoGP. Ils n’ont pas besoin de copier qui que ce soit, car ils peuvent écrire leur propre histoire. Il y a suffisamment d’ingrédients et de bonnes personnes pour écrire leur propre histoire, sans avoir besoin de regarder ailleurs pour faire pareil.”
“Il faut toujours regarder ce que font d’autres sports font, pas seulement la Formule 1, pour en apprendre des choses”, a concédé Günther Steiner. “Mais il ne s’agit pas de prendre ce qui se fait ailleurs pour le copier, c’est inutile. Le MotoGP peut faire les choses à sa manière et avoir du succès. Enfin, ils le font déjà, ils ne m’ont pas attendu pour avoir du succès. Ils en ont et en auront encore plus à l’avenir. Liberty va assurément aider à cela, car c’est une entreprise américaine, qui connaît le sport et l’entertainement, et ils vont apporter des choses aux fans que les fans ici vont apprécier.”
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Lire l'article complet - Auteur de l'article : Léna Buffa |