Retour à la case départ pour Bagnaia, à nouveau dans le dur

Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com

La journée de Pecco Bagnaia aura été douloureuse à observer. Arrivé à Barcelone tout sourire, porté par un changement radical appliqué sur sa moto en Hongrie et qui lui avait permis de retrouver en course de bonnes sensations et une efficacité qui lui avait manqué jusqu’ici, le pilote Ducati subit un revers qui n’en est que plus cruel.

Vingt-troisième et avant-dernier ce matin, à une seconde et demie du leader, il a terminé la seconde séance en 21e position, à une seconde du meilleur temps. Ce matin, Bagnaia a conservé le même pneu arrière tout au long de la séance, sans tenter de time attack, et on évoquait chez Ducati la possibilité d’un souci électronique sur sa moto principale pour expliquer qu’il figure si loin au classement.

“Il n’était pas à l’aise avec les réglages qu’il avait en Hongrie”, avait aussi expliqué Davide Tardozzi au site officiel du MotoGP. Après avoir disputé la première séance avec les réglages définis au Balaton Park, Bagnaia avait deux motos différentes pour la seconde séance : une reprenant cette configuration et l’autre affichant les réglages utilisés l’an dernier lors de sa victoire sur place.

Seulement, durant les Essais, chacune de ses tentatives de tour rapide a échoué. Les drapeaux jaunes apparus dans les instants décisifs n’ont rien arrangé, mais n’expliquent toutefois pas son classement final, qui reflète le niveau de performance qu’il aura affiché de bout en bout de cette journée. Le constat est clair : l’espoir d’un nouveau départ était vain, les problèmes ne sont pas résolus.

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“J’aurais vraiment été heureux de redire ce que je ressentais hier, mais pour une raison quelconque, mes attentes étaient fausses. J’espérais que c’était juste quelque chose qui ne fonctionnait pas ce matin, mais cet après-midi c’était, peut-être pas pire mais en tout cas similaire”, résume ce soir le pilote.

“Après le Balaton, j’étais prêt à faire un week-end positif, en progrès, mais aujourd’hui, malheureusement, il n’y a rien eu de tout ça. Ce matin, j’espérais que c’était quelque chose qui n’avait peut-être pas fonctionné, mais en fait j’ai de très grandes difficultés. Je suis très à la limite, je pousse fort pour finalement rouler lentement. On n’arrive pas à être rapide.”

J’ai du mal à comprendre comment ça peut être aussi difficile, comment je peux pousser aussi fort et être 21e, entouré par deux pilotes essayeurs.

Pecco Bagnaia (Ducati Team)

Pecco Bagnaia (Ducati Team)

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

Pour la première fois depuis deux ans, Pecco Bagnaia manque deux fois de suite la qualification directe en Q2. Au vu de son palmarès encore récent, et particulièrement à Barcelone, de tels résultats ne peuvent que questionner.

“Ça a été un vendredi très compliqué, surtout sur une piste sur laquelle j’ai toujours eu pas mal de facilité”, constate-t-il. “J’ai du mal à comprendre comment ça peut être aussi difficile, comment je peux pousser aussi fort et être 21e, entouré par deux pilotes essayeurs. Sauf mon respect pour eux, ça n’est pas possible que je sois là. C’est difficile à comprendre pour moi aussi, difficile d’expliquer quoi que ce soit à l’équipe, parce que je pousse très fort, je prends beaucoup de risques avec l’avant mais je suis très lent. C’est difficile à comprendre.”

Il est donc déjà temps de tirer un trait sur l’espoir qu’avait entraîné le gros changement expérimenté en Hongrie ? “J’étais convaincu que ça pourrait marcher ici aussi, mais pour le moment, ça ne fonctionne pas comme ça devrait”, admet Bagnaia. “Avant le Balaton, j’ai toujours pensé que si on ne trouvait pas de solution, cette piste allait être très difficile car il n’y a pas de grip. Et franchement, même si je pensais qu’on avait trouvé la solution au Balaton, ça a été exactement comme je me l’imaginais [sans les progrès]. J’espérais mieux.”

Tardozzi veut voir Bagnaia réagir

Indéfectible soutien du double champion du monde MotoGP, Davide Tardozzi s’est fendu à la mi-journée d’un commentaire qui aurait de quoi faire tiquer le pilote. Le team manager a en effet déclaré à Sky Sport MotoGP, en Italie, que Bagnaia devait “aider son équipe à l’aider”.

“Pecco continue à répéter les mêmes choses depuis le début de l’année, qu’il n’a pas confiance au freinage, alors qu’avec l’entrée dans les virages il s’agit de son point fort”, a expliqué Davide Tardozzi. “J’espère que Pecco va y mettre du sien. Nous pouvons l’aider tant que nous voulons, mais il doit aussi nous aider à l’aider. Nous avons besoin qu’il se concentre plus sur le faire de dépasser les difficultés, qui existent, et nous avons donc besoin qu’il pense plus au pilote qu’il est et au talent qu’il a.”

À quel point le mental pèse-t-il dans les difficultés de Pecco Bagnaia ?

À quel point le mental pèse-t-il dans les difficultés de Pecco Bagnaia ?

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

“Il y a des moments où les pilotes doivent dépasser les problèmes et c’est le cas en ce moment. Je pense que Pecco est capable de le faire, il l’a montré à plusieurs reprises ces dernières années, alors je crois qu’en ce moment il doit nous aider à l’aider”, a insisté le responsable au micro du site officiel.

“Je pense que si Pecco ne performe pas, c’est qu’il y a forcément quelque chose d’ordre technique qui ne fonctionne pas. C’est évident, parce que nous avons confiance en lui en tant que pilote de haut niveau, et cela veut dire qu’il y a quelque chose que nous n’avons pas encore trouvé pour lui permettre de performer correctement.”

“Au-delà de sa 23e position, qui me frappe moi aussi et m’agace quand je regarde le classement, je veux toujours voir le verre à moitié plein”, ajoutait Davide Tardozzi, avant que ne soit disputée la seconde séance. “Je pense que nous avons fait un petit pas en avant par rapport aux dernières courses et j’espère que le nouvel essai de cet après-midi pourra nous apporter d’autres indications.”

De toute évidence, cela n’a pas été le cas. Et aux yeux de Pecco Bagnaia, le problème reste majeur et très profond. Aussi, lorsqu’il lui est rapporté que son team manager croyait encore jeudi qu’un petit déclic pourrait suffire à débloquer la situation, il réagit : “Je ne pense pas la même chose. Après une saison durant laquelle on a essayé beaucoup, beaucoup de choses et sachant que les résultats sont toujours les mêmes, je pense qu’il ne s’agit plus d’une petite chose.”

Puis, lorsqu’il lui est demandé si d’autres facteurs que ceux techniques pourraient être en cause, le champion de 2022 et 2023 accepte la question et y répond frontalement : “Je ne pense pas que ce soit ma préparation parce que je me sens super bien en pilotant, je ne suis jamais fatigué. Mais s’il y a bien une chose à mon sujet, c’est que je me place toujours face aux problèmes avant de juger d’autres choses.”

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“Et j’ai tout essayé : piloter différemment, m’adapter à ce que l’équipe me demandait de faire, mais les résultats restent inchangés cette saison. J’essaye encore de m’adapter et de comprendre ce que je pourrais faire de mieux, mais je ne peux pas piloter comme d’autres, j’ai mon propre style de pilotage, qui a toujours fonctionné à part cette saison. Même si j’essaye de faire des choses différentes dans le pilotage, ça n’est qu’une perte de temps, alors il faut qu’on trouve d’autres solutions, qu’on n’a pas pour le moment.”

“Il faut qu’on réfléchisse à d’autres choses, peut-être remettre les compteurs à zéro ce soir et essayer quelque chose de différent demain. C’est difficile pour moi comme pour l’équipe de comprendre la situation”, ajoute ce soir Pecco Bagnaia. Aujourd’hui, il n’est plus question de revenir à sa moto précédente ou de tenter un autre gros changement : “Non, sûrement pas. On va continuer sur cette voie et essayer d’autres chemins.”

Jugeant que cette journée a peut-être été “pire” que le vendredi du Balaton Park, où il pensait avoir touché le fond, Bagnaia a déjà une idée de ce qu’il peut attendre de mieux pour demain : “Il va me falloir quelque chose d’important pour aller en Q2 parce qu’aujourd’hui, je n’en étais même pas proche. Il nous faut faire un gros pas en avant en termes de pilotage. Pour ce qui est de la course sprint, si j’arrive à finir parmi les sept premiers, ça pourrait être un résultat fantastique.” Et il insiste suffisamment sur ce dernier mot pour que l’on sente cette perspective très éloignée pour le moment…

Avec Téha Courbon

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Lire l'article complet - Auteur de l'article : Léna Buffa
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