Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Johann Zarco avait terminé le sprint frustré de ne pas avoir pu jouer le podium ou même la victoire ce samedi, tout en se réjouissant d’avoir au moins tenu bon sans tomber, malgré un pneu arrière jamais monté en température pour aller chercher trois points. Ce dimanche, le Français n’a pas eu la même réussite puisqu’en dépit d’un début de course bien plus prometteur, c’est une chute au 18e des 30 tours du GP d’Allemagne qui a mis fin à ses espoirs d’une belle moisson de points.
Même s’il n’a pas pu longtemps tirer bénéfice de sa seconde place sur la grille, Zarco s’était au fil des tours installé à une confortable sixième place, dans un no man’s land entre un top 5 inatteignable à la régulière et un Fabio Quartararo qu’il maitrisait sans souci.
“Je ne pouvais pas rester avec le groupe de tête car ils avaient un rythme un peu meilleur que le mien. Mais après dix tours, je ne perdais plus autant et je contrôlais assez bien. J’étais content d’être en sixième position. J’espérais peut-être revenir sur les gars devant moi. J’espérais qu’avec des pneus usés, je pourrais garder ce rythme. La bonne chose, c’est que je prenais un peu d’avance sur Quartararo, donc ma place était assurée.”
“C’était cool de se battre un peu sur le sec, d’essayer de garder ma position face à [Pedro] Acosta, ou même Jack [Miller]. Et oui, c’est là que nous pouvons être quand tout va bien. J’étais en sixième position et ça aurait été bien de marquer ces points.”
“Comment j’ai perdu autant de température ?”
VIDÉO – RÉSUMÉ : Les meilleurs moments du GP d’Allemagne
Toutefois, à mesure que la course avançait, la situation pneumatique – déjà critique ce samedi sur une piste humide – s’est rappelée à son mauvais souvenir. “Je trouve qu’on n’a pas eu de chance sur ce week-end parce que nos choix n’étaient clairement pas stupides, pas fous, ce n’était pas un pari de folie. Ce n’était même pas un pari, tout semblait logique, et ça n’a pas fonctionné”, a-t-il déclaré ce dimanche, en référence au pari du medium arrière lors du sprint.
Puis, concernant la course de ce dimanche sur le sec, il s’est montré très dubitatif : “Et même là, cet après-midi, comment j’ai perdu autant de température sur le pneu avant ? Le team s’est excusé mais même eux sont encore surpris des données qu’ils ont pu avoir. Donc ça met les boules.”
Zarco explique en effet sa chute par un pneu avant devenu “petit à petit” trop froid, sans qu’il ne comprenne réellement pourquoi. “Le pneu était à moins de 70°C et c’est pour ça que j’ai chuté. Normalement, nous sommes plutôt à 80, 85, voire entre 80 et 90. Nous avons donc perdu près de 15 degrés sur le pneu avant.”
Il estime d’ailleurs que les nombreuses chutes, principalement au premier virage, ont sans doute la température basse comme dénominateur commun : “Comparé à la température que nous avons eue l’année dernière, nous ne nous attendions pas à une baisse aussi importante. Je pense que la chute de [Fabio] Di Giannantonio [juste avant la sienne] est également due à ça, comme pour les autres pilotes. Nous avons été surpris. Pas au même endroit, mais je pense que beaucoup de chutes aujourd’hui sont dues à cette baisse de température.”
Quand il lui est demandé si les conditions particulières du week-end – qui a alterné temps sec et temps pluvieux – ont pu jouer dans cette situation, Zarco répond : “C’est possible, oui. Et même cet après-midi, c’était… Il semblait qu’il allait faire chaud, mais pendant la course, il ne faisait pas si chaud que ça. C’est peut-être juste l’air frais.”
Sous pression à cause de la pression

Johann Zarco, entre Pecco Bagnaia et Jack Miller
Photo de: Alexander Trienitz
À cette problématique, s’est ajoutée celle du contrôle de la pression des pneus puisqu’à mesure que la température tombait, la pression chutait également et risquait de le mettre dans l’illégalité : “Je me suis rendu compte que ma pression était trop basse et pendant deux tours, le compteur ne bougeait plus. Il restait 13 tours et je devais encore en faire 10 avec le pneu avant qui perdait de plus en plus de pression. J’ai donc pensé que je pouvais pousser un peu plus pour le chauffer.”
“Je ne voulais pas attendre Quartararo, mais ça aurait été la meilleure solution. Mais l’accident n’est pas dû au fait que j’ai poussé, j’ai vu le drapeau jaune. J’avais tout sous contrôle, j’étais safe, mais dans la descente, en inclinant la moto, j’ai chuté.”
Quand j’ai dit ‘j’ai chuté, le pneu était froid’, il en doutait. Il s’est dit ‘il a peut-être exagéré en pilotage, il n’était pas sur la bonne ligne’, mais il a dit ‘non, à 70°C tu ne peux aller nulle part’.
Même si la pression n’est pas directement responsable de la chute, cela veut-il dire qu’elle a été réglée trop bas par rapport à ce qu’il aurait fallu, peut-être dans l’idée qu’il allait faire la course derrière quelqu’un dans un groupe ? “Là oui, clairement. Mais même [en roulant] seul, je n’aurais pas dû être si bas. Ils prévoient quand même au cas où, si je suis seul, que je sois quand même dans la zone. David [Garcia, son ingénieur] ne s’attendait pas à ça. Quand il a ouvert les datas, il a fait [il mime l’étonnement]. Parce que même quand j’ai dit ‘j’ai chuté, le pneu était froid’, il en doutait. Il s’est dit ‘il a peut-être exagéré en pilotage, il n’était pas sur la bonne ligne’, mais il a dit ‘non, à 70°C tu ne peux aller nulle part’. Donc, c’était curieux.”
“C’est vrai que ma première pensée dans ce cas-là, c’est que je sens que j’ai de la marge, donc je me dis ‘si je pousse un peu plus, peut-être que je vais remettre de la température, je vais aller un peu plus vite de quelques dixièmes, du coup je continue à lâcher Fabio, peut-être que je vais remonter ceux de devant…’ Enfin, ça peut faire un combo gagnant. Mais non, en fait, par moi-même, la température n’aurait pas pu remonter. Ça aurait été joli d’attendre [les pilotes derrière], de se mettre dans le groupe et de voir de que je peux redonner.”
Quand il lui est demandé si c’est une mauvaise chose pour le MotoGP que des pilotes doivent envisager, pour remonter leur pression et rester dans les clous, d’abandonner leur avance pour se replacer dans un groupe, Zarco préfère prendre le parti d’en tirer une leçon : “Oui, c’est navrant, c’est sûr. Mais c’est la première fois que ça m’arrive vraiment, donc… Moi, je suis content d’une certaine manière d’avoir cette possibilité d’analyser. Parce que je ne pouvais pas aller plus vite. Vraiment, ma position était la bonne. Et par rapport à Assen, nous sommes revenus à quelque chose de très correct sur la moto.”
“Mais ensuite, nous avons une certaine limite lorsque les pneus sont neufs et frais. Du troisième au dixième tour, je n’ai pas pu suivre Pecco [Bagnaia]. Je sens que je ne peux pas faire plus. Ou peut-être que je peux essayer, mais cela se solderait par une chute. Mais après dix tours, mon rythme semblait assez correct. Et je l’avais dit avant la course. Je savais que la première moitié de la course pourrait être difficile, mais si je suis bien placé, je pouvais espérer un bon résultat dans la seconde moitié.”
Avec German Garcia Casanova
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Lire l'article complet - Auteur de l'article : Fabien Gaillard |