Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Le nouveau règlement technique qui sera mis en place en 2027 en MotoGP comporte une réduction de la cylindrée et des éléments aérodynamiques, ainsi que la suppression des variateurs de hauteur en mouvement. C’est pourtant ailleurs, en l’occurrence dans un changement de fournisseur, que se profile le changement que tous les acteurs du championnat anticipent comme étant le plus important : le départ de Michelin, remplacé par Pirelli en tant que fournisseur unique de pneumatiques.
Pour le moment, le manufacturier italien a effectué un test en septembre dernier avec ses premiers prototypes, à Misano, mais la préparation va s’intensifier en 2026 avec plusieurs essais prévus afin de finaliser les pneus qui équiperont les MotoGP.
Lors du dernier Grand Prix de la saison, à Valence, Motorsport.com a pu s’entretenir avec Giorgio Barbier, directeur de la compétition moto de Pirelli, à savoir l’homme qui est en charge de préparer cette transition majeure pour la catégorie reine.
À quelle étape du processus de conception des pneus MotoGP en êtes-vous actuellement ?
Nous en sommes à la phase initiale, sachant que nous lançons un nouveau projet avec des dimensions spécifiques pour le MotoGP, où les jantes sont plus grandes qu’en WorldSBK. D’autre part, nous devons bien gérer les lots que nous fournirons aux différentes marques, afin qu’elles puissent effectuer les tests nécessaires et développer les motos tout au long de la saison à venir.
Un test a eu lieu à Misano il y a quelques mois, après quoi un autre test était prévu à Valence, juste après le dernier Grand Prix, mais n’a pas eu lieu.
Le test de Misano s’est très bien passé et je n’en doutais pas car il s’est déroulé dans des conditions parfaites : deux jours après la course MotoGP, avec la même météo et sur un circuit bien gommé. La veille [le lundi, ndlr], ils ont réalisé un test collectif et donc tout était parfait en termes de références.

Giorgio Barbier, directeur de la compétition moto chez Pirelli
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Arriver avec nos pneus montés sur les motos telles quelles, sans faire beaucoup de réglages, nous a donné de bonnes informations, pour nous, les constructeurs et les équipes. Nous avons donc fixé la référence que nous voulions pour continuer à travailler.
Maintenant que la saison est terminée, nous allons pouvoir commencer à tester les 850cc, donc à partir de maintenant, nous devons avoir des pneus prêts à être livrés aux constructeurs pour qu’ils puissent tester la référence qui a bien fonctionné à Misano. C’est avec ce pneu que nous entamerons les prochains tests.
Le point fort est le pneu avant. Il parle au pilote, lui permet de comprendre les conditions de piste et, par conséquent, lui donne confiance.
Quelle sera la principale qualité du pneu Pirelli ?
Nous ne le savons pas encore car il s’agit d’un championnat à cinq constructeurs. Mais les retours des pilotes qui sont passés du MotoGP au WorldSBK disent que le point fort est le pneu avant, par rapport à tout ce qu’il transmet et à sa bonne réactivité. L’avant parle au pilote, lui permet de comprendre les conditions de piste et, par conséquent, lui donne confiance. Et c’est très important, car le train avant est fondamental pour piloter.
Les pneus MotoGP seront-ils similaires à ceux utilisés en WorldSBK ou en Moto2 ?
Il est évident que notre ADN est présent dans tous les pneus, car le processus de fabrication est le même. Par conséquent, indépendamment de la taille, l’esprit de Pirelli doit rester intact, et nous voulons que ce soit le cas, car c’est ce qui nous relie au marché.

Toprak Razgatlioglu passe du WorldSBK au MotoGP un an avant Pirelli.
Photo de: Dorna
Avant de commencer la production des pneus, avez-vous parlé aux pilotes pour savoir ce qu’ils attendaient de Pirelli ?
Pour le moment, nous n’avons pas parlé aux pilotes, car nous devons respecter le contrat de la Dorna avec le fournisseur actuel. Nous ne voulons pas interférer dans la saison qu’il leur reste. Nous avons notre propre idée mais, évidemment, nous avons parlé avec les techniciens et nous sommes en contact avec les ingénieurs des constructeurs. Nous connaissons cet environnement et les gens du paddock depuis de nombreuses années, et nous avons une idée de la façon dont nous voulons faire les choses à l’avenir.
Les pilotes qui connaissent les Pirelli grâce à leur expérience en Moto2 ou en WorldSBK auront-ils un avantage ?
J’ai beaucoup de respect pour les pilotes MotoGP. Je pense qu’ils n’auront pas de difficulté à comprendre un nouveau pneu. Ce que nous avons vu au fil des années avec de grands pilotes comme Carlos Checa, Troy Bayliss, Alex Barros ou Max Biaggi, lorsqu’ils sont arrivés en Superbike, c’est qu’ils ont immédiatement compris les pneus.
Certains ont gagné leur première course très rapidement, donc je ne vois pas de problème majeur de ce point de vue-là. Ce qui est clair, c’est que ceux qui auront plus de temps et d’opportunités pour tester nos pneus au cours de l’année prochaine auront un léger avantage en 2027.
Ces dernières saisons, en MotoGP, la valeur des pneus se mesurait aux records. Est-ce une voie que Pirelli compte suivre ?
C’était un point clé quand nous sommes devenus fournisseur unique en Superbike, car il n’y avait pas de concurrence. Comment mesurer mon développement, mes progrès ? D’abord, je les mesure à la qualité du produit, c’est-à-dire au fait que tous les pilotes disposent d’un produit similaire qui s’adapte bien à leurs motos, quel que soit le constructeur. Et ensuite, nous regarderons les records. S’ils s’améliorent chaque année, cela signifie que nous faisons du bon travail. Donc oui, nous accordons beaucoup d’attention à la performance dans ce sens, et c’est toujours un indicateur important pour nous.
Qu’est-ce qui est le plus important pour Pirelli : la sécurité ou les records ?
Le plus important, au début, va être de faire en sorte que tous les constructeurs et tous les pilotes travaillent bien avec nous, et que nous puissions nous nourrir mutuellement. Comprendre les besoins, et définir avec la Dorna les limites que nous voulons imposer à ce championnat en termes de spectacle.
Donc ?
Nous n’avons jamais cherché à faire de concessions sur la performance. En WorldSBK, les améliorations sont importantes. Il est clair que, dans un championnat du monde de ce niveau, la compétition, la spécialisation et la haute performance sont essentielles. Nous ne pouvons pas fabriquer des pneus en bois pour éviter les problèmes. En Moto2 et en Moto3, en deux ans, nous avons accompli de grandes choses, et toujours en toute sécurité.
Même s’il est possible qu’un problème survienne avec un pneu défectueux, il est peu probable qu’il y ait une dérive générant un grand nombre d’unités de mauvaise qualité.
Luca Marini a dit qu’il lui était égal que les pneus Pirelli soient plus rapides ou plus lents, l’important étant qu’ils soient toujours les mêmes. Est-ce quelque chose que vous pouvez garantir ?
La qualité est un élément fondamental, et c’est ce que nous avons expliqué en détail à la Dorna lorsque nous avons commencé à parler de ce projet. Dans une entreprise qui fabrique un produit standard en masse, à des milliers d’exemplaires, les contrôles qualité garantissant l’uniformité sont indispensables.
Même s’il est possible qu’un problème survienne avec un pneu défectueux, il est peu probable qu’il y ait une dérive générant un grand nombre d’unités de mauvaise qualité. Plus le volume de production est élevé, plus la garantie de maintenir un haut niveau de qualité est grande.
Où vont s’établir les opérations MotoGP de Pirelli ? Envisagez-vous une synergie avec la Formule 1 ?
Les bureaux sont situés à Milan, au siège de Pirelli, où se trouve également le quartier général de la division F1. Les pneus de F1 sortent d’une autre usine, mais en ce qui nous concerne, nous resterons en Allemagne, où nous fabriquons tous les pneus radiaux pour motos.
Les synergies viennent principalement d’une méthode de travail que nous développons à partir de notre relation avec les constructeurs. Ils nous demandent des données que nous pouvons leur fournir, basées aussi sur notre expérience en F1, de sorte qu’il y aura un échange continu à ce sujet.
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| Lire l'article complet - Auteur de l'article : Germán Garcia Casanova |

