Comment Trackhouse a jeté son dévolu sur Ai Ogura

Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com

La performance d’Ai Ogura au GP de Thaïlande a surpris tout le monde dans le paddock du circuit de Buriram, où le pilote japonais a d’abord réussi à décrocher la cinquième place sur la grille de départ lors de ses premières qualifications en MotoGP. Quelques heures plus tard, il terminait quatrième de la course sprint derrière Marc Márquez, Álex Márquez et Pecco Bagnaia, trois pilotes expérimentés et qui plus est dotés d’une Ducati. Puis, dimanche, dans la course longue, Ogura a validé une cinquième position, sans montrer le moindre signe de faiblesse.

Ses débuts sont les meilleurs que l’on ait observés dans la catégorie reine depuis 2013, année où Marc Márquez avait fait une entrée fracassante en terminant troisième du GP du Qatar. Ogura a surpris son monde, un peu comme il l’avait fait avec l’annonce de son arrivée chez Trackhouse, que personne n’avait vu venir. À l’époque, deux mois et demi avant qu’il décroche le titre, tous les regards étaient tournés vers d’autres candidats sur la grille Moto2, comme Sergio García et Tony Arbolino… qui aujourd’hui sont toujours dans la catégorie intermédiaire.

Si personne ne peut désormais ignorer Ai Ogura après ce coup d’essai brillamment transformé à Buriram, il est intéressant de comprendre ce que les dirigeants de Trackhouse ont perçu chez lui il y a un peu plus de six mois, lors de négociations conclues très rapidement. Une opération dans laquelle les personnages clés sont, en dehors du pilote lui-même, Davide Brivio, team principal de l’équipe satellite d’Aprilia, et Jordi Pons, manager du jeune Tokyoïte.

“Je ne l’avais pas tellement suivi dans les étapes précédentes de son parcours, mais l’année dernière, en Moto2, j’ai été frappé par sa capacité à se sortir de situations compliquées”, explique Davide Brivio à Motorsport.com. “En même temps, j’ai remarqué son style de pilotage, qui m’a semblé assez adapté au MotoGP. Et j’ai été convaincu par Matteo Baiocco [pilote essayeur pour Aprilia, ndlr].”

Ai Ogura con Justin Marks, propietario del Trackhouse Racing y Davide Brivio, Team Principal

Ai Ogura avec Justin Marks, propriétaire de Trackhouse Racing, et Davide Brivio, team principal.

Photo de : Trackhouse Racing Team

“Sur la base de ces indications, nous avons opté pour lui. Il était intéressant parce qu’il était japonais, mais nous n’allions pas pouvoir lui faire faire de test, donc il y avait un risque”, ajoute Brivio, qui a consulté Aprilia bien qu’il ait eu une totale liberté de choix, étant donné que les salaires d’Ogura et de Raúl Fernández seront payés par l’équipe et non le constructeur.

Une fois le pilote identifié, l’étape suivante a été de l’approcher pour tenter de le convaincre de rejoindre l’équipe. Ogura avait déjà été dans le viseur du MotoGP, mais il s’était fait remarquer en quittant Honda, qui l’avait accompagné durant les premières étapes de sa carrière, pour rejoindre l’équipe MT Helmets MSI en 2024. Une signature qui n’avait pas été facile en raison des conditions posées par le pilote, et dont certaines montrent clairement sa détermination comme le fait qu’il ait signé pour l’équipe portant le nom d’un fabricant de casques espagnol (MT) sans renoncer à utiliser son équipementier japonais (Arai).

Quitter Honda, une rupture difficile pour un Japonais

Le meilleur témoin de ces différents mouvements est assurément Jordi Pons, le manager d’Ai Ogura. Les deux hommes travaillent ensemble depuis l’époque à laquelle le Japonais courait en Asia Talent Cup. L’Espagnol est en effet le PDG de PromoMedia, société qui assure la couverture technique et sportive de plusieurs championnats sous l’égide de la Dorna, comme la Red Bull Rookies Cup aujourd’hui et la formule de détection de talents asiatique de 2017 à 2021.

Jordi Pons s’est donc trouvé aux premières loges lorsque le pilote a refusé une première fois de rejoindre Honda en MotoGP et choisi de se séparer du constructeur pour changer d’équipe en Moto2. “En 2023, il m’a demandé de l’aider à trouver une équipe. Je ne sais pas si les gens s’imaginent ce que c’est pour un Japonais qui a grandi avec Honda d’aller voir le HRC pour leur dire qu’il s’en va”, nous raconte-t-il. “En plus, ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est que le père d’Ai et Hiroshi Aoyama [directeur du team Asia] sont des amis proches. Ça n’a pas dû être facile de se mettre devant lui et de lui dire qu’il partait.”

Ai Ogura, Trackhouse Racing

Ai Ogura n’aurait pu mieux réussir son premier Grand Prix MotoGP !

Photo de : Gold and Goose / Motorsport Images

Quand Brivio a appelé Pons, ce dernier a contacté Ogura, qui a dû donner une réponse presque instantanément. Il lui fallait décider s’il rompait définitivement avec Honda, où un guidon MotoGP restait disponible au sein du team LCR, pour rejoindre Trackhouse et Aprilia. “Ai m’a dit qu’il avait besoin de cinq minutes. Passé ce délai, il m’a rappelé pour me dire qu’il était d’accord pour aller chez Aprilia”, révèle Jordi Pons.

Lorsque nous leur demandons de décrire ce pilote de 24 ans basé dans les environs de Barcelone, Davide Brivio et Jordi Pons sont d’accord : “C’est un Japonais atypique”. Pourtant, l’Italien a découvert en lui quelque chose qui le rend d’autant plus intéressant. “Nous avons trouvé un diamant que nous devons maintenant polir. Il est très humble mais aussi très alerte. Il apprend vite et ne s’arrête jamais. Quand il a appris une chose, il passe à une autre”, décrit-il.

Et Brivio, l’un des patrons d’équipe les plus respectés du championnat, se dit surpris par la sérénité avec laquelle son nouveau pilote a abordé son premier Grand Prix en MotoGP : “Samedi, il nous a dit qu’il avait beaucoup appris en roulant derrière Pecco, et dimanche, il nous a dit qu’il l’avait appliqué dans la course, ce qui lui a permis de terminer cinquième”. Tout simplement !

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Oriol Puigdemont

MotoGP

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