Meregalli : “Le MotoGP a besoin de rompre cette hégémonie Ducati”

Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com

Massimo Meregalli, 54 ans, fait partie des anciens pilotes comptant aujourd’hui parmi les responsables les plus influents en MotoGP. Un ancien pilote dont la carrière s’était écrite avec Yamaha dans les années 1990, en WorldSBK puis dans la catégorie Supersport.

Une fois qu’il a raccroché son casque, l’Italien est resté dans le giron. Il a pris la direction de l’équipe Superbike, où il a notamment vécu le titre décroché par Ben Spies, avant de rejoindre les Grands Prix. Arrivé en 2011, il a été le témoin de certaines des plus belles années de Yamaha à l’ère de Valentino Rossi et Jorge Lorenzo, et il était toujours en poste lorsque Fabio Quartararo a été sacré à son tour en 2021.

À la tête de l’équipe officielle de Yamaha mais aussi à la gestion sportive de la structure installée à Gerno di Lesmo, dans la banlieue de Monza, dont il est lui-même natif, Meregalli chapeaute un groupe qui tente aujourd’hui de se réinventer. Il a accordé une interview à Motorsport.com au début du week-end du Mans, l’occasion de partager son regard sur la situation actuelle.

Maio, quels ont été le meilleur et le plus mauvais moments avec le duo Rossi-Lorenzo ?

Je dirais que le plus mauvais moment est venu après Valentino et Jorge, lorsque les performances de notre moto ont commencé à régresser. Il est impossible de trouver quelque chose de négatif dans cette période-là. Nous partions sur un Grand Prix en sachant qu’avec l’un ou l’autre des pilotes, nous pouvions gagner la course. […] La période sombre est venue après eux, quand les limites de notre moto ont commencé à être visibles et que les autres constructeurs ont commencé à progresser alors que nous n’avons pas pu progresser autant qu’eux.

Quel a été le plus gros progrès pour Yamaha depuis l’arrivée des concessions ?

Les concessions permettent d’accélérer le développement de la moto. L’année dernière, en plus des concessions, nous avons aussi essayé de mener le développement pendant les week-ends de course. Mais là, il y a quand même la pression du week-end et, pour les pilotes, il est difficile d’accepter de faire des tests pendant la course. Pour eux, le résultat est malgré tout la chose la plus importante.

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Les concessions nous ont donné la possibilité de travailler calmement. C’est clairement plus dur, parce qu’avec un calendrier qui compte 20 ou 22 courses et la possibilité de mener des tests supplémentaires, c’est dur pour tout le monde. Sur ce point, je voudrais remercier notre équipe et tout le staff parce que je n’ai jamais entendu la moindre personne se plaindre de ce que nous avons fait l’année dernière et de ce que sera cette année aussi. On peut travailler en pensant seulement au développement de la moto, sans penser au résultat. Le résultat des concessions se voit à la fin de la saison.

En dehors de ce qu’apportent les concessions, est-ce que la manière de travailler de Yamaha a changé ?

Elle a clairement changé. Nous avons une structure en Italie et une autre au Japon. Par le passé, il se pouvait que les informations ne circulent que dans un sens, et depuis que nous avons commencé à vraiment échanger les informations et à développer la moto en Europe, je pense que ça a vraiment été un tournant.

La confiance que les Japonais ont commencé à avoir à l’égard des Européens a changé. Ils ont compris que leur manière de travailler ne suffisait plus. Nous avons commencé à collaborer avec des sociétés externes pour développer le moteur et l’aérodynamique. Par le passé, ça n’arrivait pas. Je pense que c’est vraiment un changement dans la façon de faire, une approche complètement différente par rapport à ce qui était, disons, conservateur. Ce qui avait fonctionné dans le passé, à un moment donné, ne fonctionnait plus.

Massimo Meregalli aux côtés de Fabio Quartararo.

Massimo Meregalli aux côtés de Fabio Quartararo après sa pole position au GP de France.

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

On a vu que la pré-saison a été bonne. Mais est-ce que l’optimisme actuel qui règne dans l’équipe est justifié ?

Oui. Après deux années extrêmement compliquées, nous avons débuté cette saison avec le test de Sepang, où nous avons été très compétitifs. Peut-être que nous nous sommes construit des attentes tous seuls parce que nos performances ont été très bonnes à ce moment-là : nous avons amélioré d’une seconde notre temps au tour. Nous savions malgré tout que ça n’était pas le potentiel de la moto. Nous sommes ensuite allés en Thaïlande, où nous avons progressé par rapport au passé mais pas de façon aussi exponentielle qu’à Sepang.

Nous avons continué à travailler et à améliorer la moto, il n’y a pas une chose qui nous ait apporté une demi-seconde [à elle seule]. Dans les derniers Grands Prix, nous avons obtenu deux fois la première ligne, nous avons amélioré d’une seconde le meilleur tour au Qatar, Fabio a fait le record de la piste à Jerez… Mais c’est parce que nous avons désormais compris que la voie que nous avons prise est la bonne. Nous savons qu’il reste encore de la marge pour développer la moto, alors ces premiers résultats positifs ont quand même amené de l’optimisme.

Est-ce que le talent de pilotage de Fabio Quartararo est en partie le moteur de tout cela ?

Il est certain que le talent de Fabio est indiscutable. Il est certain aussi que la moto s’est améliorée, et également que le fait d’avoir quatre pilotes par week-end apporte une valeur que je ne pouvais pas imaginer. Pouvoir disposer du double de données par rapport à ces dernières années, c’est un avantage. Le fait qu’il y ait un pilote qui peut faire un virage mieux que toi… Les pilotes regardent les données, et au run suivant ou à la séance suivante, ils ont amélioré le virage en question ! Donc tout cela apporte une amélioration générale aux résultats que nous obtenons actuellement.

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En dehors de Yamaha, à quel point le MotoGP a-t-il besoin d’un pilote comme Fabio Quartararo ?

Je pense que le championnat a besoin de tous. Actuellement, il a certainement besoin de rompre cette hégémonie Ducati. Donc le fait qu’il y ait un pilote [compétitif] avec une moto différente, cela fait beaucoup de bien au championnat. Nous avons obtenu un podium à Jerez, mais notre objectif a toujours été de réussir à décrocher un podium le dimanche dans la seconde partie du championnat, et l’autre objectif était d’être le deuxième constructeur derrière Ducati. Nous allons travailler pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.

Álex Rins est un peu en difficulté en termes de résultats, mais qu’apporte-t-il à Yamaha ?

Tous les pilotes ont une manière de piloter différente, une approche différente du week-end. Álex, tout le monde sait à quel point il est rapide. Il a eu des difficultés, y compris physiques. Le lundi à Jerez, Álex a été très rapide et il a aussi eu la possibilité de travailler tranquillement. Ils ont vraiment bien travaillé et j’espère véritablement que ça aura été le tournant de sa saison. Il est reparti de Jerez content et ça faisait longtemps que je ne voyais pas Álex comme ça, alors je suis confiant.

Cela fait 14 ans que Massimo Meregalli dirige l'équipe Yamaha en MotoGP.

Cela fait 14 ans que Massimo Meregalli dirige l’équipe Yamaha en MotoGP.

Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images

En 14 ans, vous avez travaillé avec beaucoup de techniciens. Que souligneriez-vous de la méthode de travail de Max Bartolini ? Qu’apporte-t-il ?

Je dirais qu’il nous faudrait cinq Bartolini dans l’équipe ! [rires] Pour moi, il apporte une approche complètement différente. La vitesse à laquelle il comprend, analyse… Il a vraiment une compréhension à 360° de la moto. Il assurément apporté un plus, je dirais même un plus énorme. Il motive, il fait en sorte que tout le monde participe plus au développement de la moto, il change aussi un peu l’organisation. Max a certainement été un step, un investissement important fait par Yamaha.

Est-ce que votre expérience vous pousse à dire que le MotoGP est devenu un sport plus technique qu’humain ?

Je pense qu’en moto, le pilote compte encore plus qu’en auto.

Yamaha peut-elle renouer avec la victoire cette année ?

Étant donné que notre objectif était d’obtenir un podium dans la seconde partie du championnat et que nous avons réussi à le faire avant… Même si c’est un peu optimiste, j’espère du coup que nous pourrons réussir à en décrocher une d’ici à la fin de l’année !

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Dans cet article

Germán Garcia Casanova

MotoGP

Fabio Quartararo

Álex Rins

Toprak Razgatlioglu

Yamaha Factory Racing

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