Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com
Au cours du mois qui s’est écoulé, Jorge Martín s’est progressivement de plus en plus montré auprès du public. Le champion du monde en titre avait disparu des radars après sa chute survenue lors d’un entraînement, fin février, peu de temps après une première blessure qui l’avait privé de la majeure partie des tests d’avant-saison.
Cela avait entraîné son absence sur les premiers Grands Prix d’un championnat lors duquel il avait hâte de porter le numéro 1, mais aussi son silence médiatique. Or, petit à petit, le pilote espagnol a refait surface sur les réseaux sociaux, puis il s’est rendu à Austin le week-end dernier afin d’assister au Grand Prix des Amériques.
Il a pu reprendre contact avec son équipe et avec l’Aprilia qui l’attend pour la prochaine manche, prévue la semaine prochaine au Qatar. Avant les derniers rendez-vous qui devront valider ce retour à la compétition dans les jours à venir, Jorge Martín a accordé une interview à Motorsport.com, afin d’évoquer ce tunnel dans lequel il a été plongé et dont il est désormais pratiquement sorti.
Qu’y a-t-il de plus cruel que d’être champion du monde et de ne pas pouvoir le montrer sur la piste ?
Je crois qu’il y a des choses nettement pires. Il est clair que ce qui m’arrive est un cauchemar, mais le fait d’être champion du monde me permet de le voir d’un autre œil. C’est un obstacle, il faut le surmonter, mais ça aurait pu être pire. Je suis allé à Austin parce que je me sentais motivé ; si je l’avais envisagé deux semaines plus tôt, je n’aurais eu ni la force ni l’envie de le faire.
Est-ce la chute la plus difficile à laquelle tu aies dû faire face ?
Probablement, oui. Celle de Portimão [en 2021] est encore très présente dans mon esprit, mais celle-ci a été encore plus violente, vraiment terrible. En plus, elle m’a causé des fractures compliquées et c’est ce qui m’a le plus embêté. J’ai eu trois fractures à la main, quatre au pied, et quelque chose sur une côte dont on ne sait pas encore précisément ce que c’est.

Jorge Martín n’a que peu piloté l’Aprilia jusqu’à présent.
Photo de: Aprilia Racing
Y a-t-il quelque chose qui t’a aidé à surmonter la frustration et l’angoisse ?
Rien en particulier ne m’a aidé. Au final, il s’agit de soi et du temps. Le temps aide à guérir, et chaque jour on progresse.
L’année dernière, alors que tu étais en route vers le titre, tu as parlé ouvertement de la préparation mentale et du travail que tu fais avec ton psychologue. Quel rôle cela a-t-il joué dans cette période ?
Ça m’a aidé. Sans tout le travail mental que j’ai effectué, cette blessure aurait été encore plus dure. Mais je ne sais pas à quel point cela m’a changé, car ce travail, je l’avais déjà fait, je le porte en moi et je gère beaucoup mieux mes émotions grâce à cela.
Y a-t-il eu un conseil ou une conversation qui t’a particulièrement aidé ?
Marc [Márquez] et d’autres pilotes, comme Pecco [Bagnaia], m’ont dit que je devais prendre mon temps, ne pas me précipiter. Ça, c’est le meilleur conseil. Dans le cas de Marc, ce qu’il dit sur ces sujets-là a beaucoup de valeur, car il a été blessé pendant longtemps. Et il l’a dit avec sincérité. C’est appréciable d’avoir des adversaires qui s’intéressent à toi, car cela montre aussi qu’ils veulent te voir en piste, ils veulent que tu te battes avec eux pour les choses importantes. Quand tu vois un collègue souffrir, tu ressens beaucoup d’empathie pour lui.
Dans l’une de tes premières prises de parole après ta chute à l’entraînement, tu as dit que tu apprenais toujours quelque chose dans tout ce qui t’arrive. Qu’as-tu tiré de cette expérience ?
Eh bien, pour commencer, cette chute ne m’arrivera plus. Je retournerai sur ce circuit, car je veux l’affronter, mais je sais ce que j’ai fait et je ne le referai pas. Ensuite, ces épreuves t’enseignent aussi des choses sur le plan mental, car elles te montrent que tout passe, et que tôt ou tard, tu vois la lumière au bout du tunnel.
Cette chute ne m’arrivera plus. Je sais ce que j’ai fait et je ne le referai pas.
Comment et quand penses-tu faire ton retour en course ?
J’espère que ce sera au Qatar. Mais il est vrai aussi que, quand je reviendrai, je ne serai pas à 100%. Dans ma situation, avec une nouvelle moto, ce que je dois faire c’est accumuler les kilomètres. Le plus important est que, quand je remonterai sur la moto, ma condition physique me permette de piloter.
Quelle sera ta stratégie ?
Il faut que j’identifie bien mon objectif. Je suis quelqu’un qui avance par objectifs, et il faut savoir exactement quelle sera ma priorité au Qatar. Les premières courses, jusqu’au moment où je serai à l’aise, je vais les aborder avec beaucoup de calme. Je dois progresser avec l’Aprilia.
Où en est ton adaptation ?
Il est clair que mon niveau d’adaptation n’a rien à voir avec celui que j’aurais eu si je ne m’étais pas blessé. Mais je pense aussi que l’évolution aurait été très similaire, car tout le matériel qui est arrivé et que Bezzecchi a testé a fonctionné. C’est la raison pour laquelle cela a été adopté. Maintenant, il faut que je vive ce moment avec beaucoup d’enthousiasme, mais sans la pression de devoir gagner immédiatement.
As-tu suivi de près l’évolution de la moto ?
Je l’ai suivie de très près. Je parle souvent avec Massimo [Rivola, PDG d’Aprilia Racing], avec Fabiano [Sterlacchini, directeur technique], et même si je ne suis pas physiquement sur les circuits, j’ai l’impression d’être en compétition. J’essaie d’apporter ce que je peux, et le potentiel de la RS-GP est très bon. Je pense qu’Aprilia a franchi un cap ; maintenant, il faudra voir dans quelle mesure je pourrai recommencer à me battre en tête avec mon expérience et mon style.
Dans cet article
Oriol Puigdemont
MotoGP
Jorge Martín
Aprilia Racing Team
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