Six tours avec un pneu crevé : ce que montrent les données de Bagnaia

Extrait de cet article : post publié sur Motorsport.com

L’abandon de Pecco Bagnaia au GP de Malaisie restera comme un événement à part dans sa saison, pourtant déjà riche en mésaventures. Il n’était, certes, pas aussi convaincant qu’il l’avait été au Japon, mais cette fois, le pilote Ducati avait bel et bien un potentiel à exploiter en course. Il avait décroché la pole position et la victoire du sprint, et s’était ensuite installé sur le podium provisoire du Grand Prix.

Álex Márquez avait réussi à le déposséder des commandes, mais jusqu’au 11e tour, Bagnaia était en pleine gestion de sa course. Ses temps étaient, au dixième près, les mêmes que ceux du leader et, avec un pneu avant medium, il espérait avoir de la réserve en fin d’épreuve pour revenir sur le pilote Gresini, qui avait opté pour une monte 100% soft.

“À ce moment-là, j’essayais de contrôler”, expliquera ensuite Bagnaia au site officiel du MotoGP. “J’étais entre sept et neuf dixièmes d’Álex. Je voyais qu’il poussait fort sur son pneu arrière, donc je gardais mon calme et je contrôlais dans le but de revenir dans les cinq derniers tours.”

C’est au 12e des 20 tours de la course que la situation a soudain déraillé. Bagnaia a bouclé ce tour quatre dixièmes moins vite que le leader, avant d’être dépassé dans la foulée par Pedro Acosta, qui se tenait en embuscade, et d’afficher pour la première fois un temps de 2’01. Cette baisse s’est poursuivie et accentuée : au 13e tour, Bagnaia a pris sept dixièmes de retard sur Márquez, puis une seconde dans le tour suivant.

“Pecco contrôlait, il se maintenait entre sept et neuf dixièmes parce que c’est la bonne distance pour ne pas surchauffer le pneu avant. Et à un moment donné, [l’écart] a augmenté de sept autres dixièmes, jusqu’à en arriver à plus d’une seconde pendant deux ou trois tours”, explique Davide Tardozzi pour Sky Sport MotoGP, diffuseur italien du championnat.

 

Cette perte de temps correspondait à des sensations soudain étranges pour le pilote. “J’ai commencé à sentir une grosse baisse à l’arrière à partir du 12e tour”, relate-t-il. “À partir de là, Pedro est arrivé, j’ai commencé à avoir beaucoup de mal à contrôler l’arrière, je me suis mis à ne plus avoir de grip, puis j’ai perdu l’arrière en entrant dans le virage 1.”

Pour Sky Sport MotoGP, il ajoute : “[Le pneu] a perdu en pression tour après tour. Franchement, je pensais que je n’avais pas réussi à bien gérer le pneu arrière parce que tout à coup, j’ai commencé à sentir que je n’avais vraiment pas beaucoup de grip, ou en tout cas ça empirait vraiment trop tour après tour.”

Pecco Bagnaia a fini par sortir de la piste dans le 18e tour.

Pecco Bagnaia a fini par sortir de la piste dans le 18e tour.

Photo de: Asif Zubairi / Motorsport Network

Tout cela a trouvé son sens lorsque Bagnaia est rentré au stand : son pneu arrière n’affichait plus que 0,6 bar de pression et un trou était visible sur sa partie centrale. Les ingénieurs ont ensuite très vite remonté le fil vers le moment où la crevaison est véritablement intervenue. “On a vu sur les données que la crevaison est arrivée au 12e tour”, indique Bagnaia. “Ça coïncide avec le moment où j’ai commencé à avoir cette baisse.”

Comment expliquer dans ce cas qu’il n’ait abandonné qu’au 18e tour, après avoir manqué son entrée dans le virage 1 ? “De toute évidence, ce qui était le clou ou autre a sauté, et le pneu s’est définitivement dégonflé”, explique Davide Tardozzi. Michelin a fait référence à un probable élément en carbone sur lequel Pecco Bagnaia a sans doute roulé, une pièce qui serait donc restée plantée dans le pneu pendant plusieurs tours avant de s’échapper.

“Nous ne savons pas ce que c’était mais le trou était assez gros”, ajoute Davide Tardozzi. “De toute évidence, la pièce est restée dedans pendant deux ou trois tours, au centre du pneu, si bien que la perte de pression s’est faite petit à petit. Ensuite, quand elle est sortie tout à coup, Pecco s’en est rendu compte parce que le pneu s’est dégonflé.”

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Lire l'article complet - Auteur de l'article : Léna Buffa
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